Irriguer avec davantage d'efficience, c'est possible
Depuis janvier 2023, la chambre d'agriculture s'est dotée d'un conseiller en efficience de l'irrigation et économie d'eau. Un appui stratégique pour les exploitants.

Par son ampleur et ses impacts sur l'agriculture, la sécheresse de 2022 a conduit le Département et la chambre d'agriculture à investir dans un poste de conseiller en efficience de l'irrigation et économie d'eau. « Mon rôle est d'apporter des solutions et des conseils techniques pour optimiser l'irrigation, explique Milancha Babity, recruté en janvier 2023. Afin d'améliorer l'efficience de l'apport d'eau sur les cultures, trois leviers peuvent être activés. » Le premier consiste à agir sur le matériel d'irrigation. « Passer de l’aspersion au goutte à goutte, y compris enterré, ou encore du canon enrouleur classique vers les rampe sont des voies pour réduire la consommation d’eau », indique Milancha Babity. En matière d'hydraulique, opter pour un réseau sous pression à la place d'un réseau gravitaire augmente l'efficience (réduction des fuites et des pertes par évaporation).
Trois leviers
« Mon rôle est d'apporter des solutions et des conseils pour optimiser l'irrigation », explique Milancha Babity (à droite sur la photo), conseiller en efficience de l'irrigation et économie d'eau.
Autre levier important : le pilotage de l'irrigation afin d'apporter la bonne quantité d'eau au moment opportun. « Trois types d’outils sont notoirement utilisés », précise Milancha Babity. Il s'agit des sondes tensiométriques qui évaluent le niveau de disponibilité de l'eau dans le sol (Weenat, Agroressource) ; des sondes capacitives qui servent à estimer le niveau de stock d'eau disponible dans le sol (Choryze, Weenat, Sentek et météus) ; et des outils d'aide à la décision comme des modèles de bilan hydrique dynamique qui simulent en pas de temps journalier la consommation en eau et le volume disponible dans le sol (Net-irrig et Irrélis).
Enfin, pour améliorer l'efficience de l'eau, le levier agronomique n'est pas à négliger. « Par des pratiques culturales, des stratégies d'assolement, le but est de consommer moins d'eau pour irriguer et de valoriser au mieux l'eau pluviale », fait remarquer Milancha Babity. L'agriculteur peut ainsi agir sur les dates de semis, les choix variétaux, l'environnement parcellaire (haie, bandes enherbées, éléments topographiques, Keyline), la protection du sol et des cultures (couverts d’hiver, ACS, TCS, agroforesterie…), etc.
Approche individuelle et collective
Cependant, l'approche globale reste complexe car elle dépend de multiples facteurs : sol, climat, volumes prélevables, rentabilité des cultures... Pour conseiller au mieux les agriculteurs dans de possibles changements et améliorations, l'outil Carg'Eau* développé par les chambres d'agriculture sera prochainement proposé sur le département*.
L'approche collective est également privilégiée, à l'instar de la réunion technique organisée dernièrement à Parnans pour évaluer, en nuciculture, l’impact de deux types de couverts sur la disponibilité en eau du sol (lire ci-XXXXXXX) ; ou encore l'atelier sur le goutte-à-goutte enterré en maïs et arboriculture du 13 mars à Granges-lès-Beaumont (à lire dans une prochaine édition). « Nous organisons aussi des formations », ajoute Milancha Babity.
À l’heure où la disponibilité en eau se raréfie ou devient plus irrégulière, explorer les voies et moyens de réduire et de mieux piloter l’irrigation est essentiel.
Christophe Ledoux
* Carg'Eau : capitalisation et appropriation des références sur la gestion quantitative de l’eau.
« Être le plus performant possible avec chaque goutte d'eau »

« Avec la pression exercée par la société aujourd’hui sur l'eau, avec le changement climatique, avec les arrêtés sècheresse, il est absolument nécessaire d'être le plus performant possible avec chaque goutte d'eau apportée aux plantes et aux animaux, indique Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d'agriculture de la Drôme. Cela doit se gérer au plus fin possible car dans beaucoup d'endroits, les volumes d'eau à distribuer aux agriculteurs sont en baisse et le coût de l'eau de plus en plus cher. Il est donc nécessaire de devenir de plus en plus performant sur l'efficience de l'eau afin d'amener le bon volume, au bon endroit, le bon jour. Pour cela, nous avons opté pour nous doter d'un référent qui puisse accompagner les agriculteurs dans l'amélioration de leurs pratiques, dans le but de pouvoir faire demain avec un peu moins d'eau, avec une pression climatique plus forte tout en maintenant et en développant les exploitations agricoles. Nous sommes de chaque besoin des agriculteurs pour y répondre le mieux possible. Tous ceux qui ont un souci avec l'eau peuvent contacter Milancha Babity. Bien entendu, il ne sera pas possible d'accompagner individuellement les 2 500 irrigants du département. Mais d'autres voies d'accompagnement sont possibles : de manière collective, à travers l’expérimentation… »
Propos recueillis par C.L.