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ESSAIS

Il teste la betterave fourragère pour les ovins

Dans le cadre du projet « fourrages ovins et changement climatique », porté par la chambre d’agriculture et la fédération ovine de la Drôme via le programme Territoire d’innovation Biovallée, Éric Theolier teste depuis l’an dernier la culture de betteraves fourragères.

Il teste la betterave fourragère pour les ovins
Éric Theolier a choisi de distribuer les betteraves au pâturage ou en bergerie, soit 20 à 25 betteraves par jour. « Je donne tout, feuilles et racines mais je les coupe pour bien répartir entre chaque brebis car c’est très riche en énergie », précise-t-il. ©S.S.-AD26

« Par le passé, il s’est fait de la betterave fourragère sur l’exploitation, lorsque nous avions des chèvres », indique Éric Theolier, qui a réimplanté cette culture de façon expérimentale. En 2022, en raison de la sécheresse, le semis a été tardif, le 23 juin. Dans l’idéal, pour démarrer un pâturage en ovin vers le 10 -15 juillet, il faudrait semer autour du 15-20 avril selon Jean-Pierre Manteaux, conseiller élevage et adaptation au changement climatique à la chambre d’agriculture de la Drôme. L’exploitant a effectué un seul arrosage vers le 20 juillet (35 mm) pour permettre la levée suite au fort orage du 12 juillet qui avait compacté le sol. La levée s’est donc faite en deux temps, début juillet puis début août. « Les betteraves ont bien résisté au sec et aux fortes chaleurs de mi-juillet à mi-août », précise Jean-Pierre Manteaux. Mais l’éleveur n’a finalement pas fait pâturer la parcelle suite à un problème de maitrise des adventices, notamment de la morelle noire, toxique pour les brebis. Il les a donc arrachées au fur et à mesure pour les distribuer au pâturage ou en bergerie. Même schéma en 2023 avec un semis sur 0,5 ha fin juin. Après la levée début juillet, les betteraves ont pris la grêle le 12 juillet. La parcelle était donc très hétérogène et cette année encore les mauvaises herbes bien présentes. De nouveau, l’éleveur a choisi de les distribuer au pâturage ou en bergerie, soit 20 à 25 betteraves par jour. « Je donne tout, feuilles et racines mais je les coupe pour bien répartir entre chaque brebis car c’est très riche en énergie », précise Éric Theolier. D’après les estimations du conseiller de la chambre d’agriculture, la distribution à la pâture à l’automne 2022 puis en bâtiment (25 betteraves d’environ 4 kg bruts) a représenté entre 3 et 3,6 % de la ration des brebis. Cette ration foin + betteraves (en remplacement de l’orge) aurait même eu un effet global positif sur le troupeau avec des « agneaux plus jolis ».

Choix variétaux en betteraves

Le travail va désormais se poursuivre, notamment pour affiner le choix variétal. Selon l’éleveur, la variété brigadier semble présenter une meilleure levée que veldema. Elle est aussi plus aérienne et donc plus facile à arracher ou à pâturer pour les brebis. Enfin, elle est moins dure donc plus facile à couper et à manger pour les brebis.
Reste également à affiner les conditions de pâturage si celui-ci peut être envisagé par la suite. En vaches laitières, la référence du front de pâturage est de 2 à 3 mètres par vache. Pour les brebis, il faudrait en revanche prévoir 20 à 30 cm, soit 40 m de front pour 140 brebis, sur deux rangs de betteraves l’été (quand celles-ci sont encore petites) et un seul rang en septembre. 
Pâturées ou distribuées, les betteraves fourragères semblent offrir une piste intéressante pour sécuriser sur de petites surfaces l’autonomie alimentaire du troupeau. Mais elles réclament souvent un peu d’eau pour être productives en période estivale, de l’organisation pour le pâturage et / ou les récoltes et une certaine maitrise technique. Enfin, sur son exploitation, Eric Theolier estime que les volumes et valeurs alimentaires récoltés pour les betteraves et le sorgho sont favorisés par l’utilisation de l’amendement organique Bactériosol®.

Sophie Sabot