Et si l'électronique et le plastique laissaient place aux jouets en bois au pied du sapin cette année ? Si la concurrence est rude, le bois retrouve peu à peu sa ferveur d'antan. Le retour aux traditions, c'est ce qu'a souhaité Dominique Montfort, ébéniste tourneur de formation. Après une carrière d'expert dans les ascenseurs sur Paris puis dans la région lyonnaise, il s'est installé à Puy-Saint-Martin depuis une dizaine d'années. De là, il est revenu à ses premiers amours, le travail du bois. « J'ai d'abord eu envie de réaliser des jouets en bois pour mes petits-enfants. De plus, avec mon épouse, qui est illustratrice, nous partageons une passion pour les jeux de société et les voyages. Nous avons mêlé les deux », explique-t-il. Ainsi est née Bois Malice, une entreprise artisanale 100 % française qui a comme leitmotiv de faire découvrir, à travers le temps et les continents, des jeux datant de 4 600 ans à nos jours, en insistant sur la qualité des matériaux utilisés. « L'idée est de montrer comment pouvaient jouer les diverses civilisations », raconte celui qui est aussi passionné d'histoire.

Des jeux datant de 4 600 ans

Certaines de ces créations s'inspirent de concepts très anciens : le Royal d'Ur créé en Mésopotamie il y a plus de 4 600 ans,
le Nyout, d'origine coréenne, qui date de 3 000 ans ou encore le jeu du Petteia, originaire de Grèce antique, qui existe depuis plus de 2 800 ans. Ces jeux anciens, parfois même oubliés, sont adaptés à un public intergénérationnel. « Bien souvent, ils sont conçus pour deux joueurs. Je garde le nom d'origine, je conserve l'essence même du jeu et ses règles et j'adapte simplement le graphisme tout en conservant au maximum l'esprit du pays ou de la civilisation. »
Pour la fabrication des plateaux de jeux et de toutes les petites pièces qui s'y ajoutent, l'ébéniste utilise couramment diverses essences de bois, telles que le hêtre, le noyer, le tilleul ou encore l'aulne. « Nos jouets et jeux sont fabriqués en bois massifs issus de forêts gérées durablement (bois PEFC) de la région Auvergne-Rhône-Alpes, et peints à la main. »
Des produits sains et durables
Les peintures utilisées sont conformes aux normes françaises et européennes. Les vernis et huiles répondent aux exigences du label écologique de l'Union européenne (Ecolabel) en plus de la norme jouet. « C'est vrai que nous sommes assaillis par les normes et les contrôles. Mais c'est normal d'utiliser des produits sains, pour les enfants, pour les adultes et pour moi-même lors de la fabrication », souligne le créateur de Bois Malice. Dans des Salons ou sur sa boutique en ligne (www.boismalice.fr), Dominique Montfort propose une dizaine de jeux du monde entier.
À ceux-là s'ajoutent l'une de ses créations, le jeu du Nougat, qui a vu le jour en 2016.

Le jeu du Nougat, une création particulière

Comme un hommage à son département d'adoption, bien connu pour sa gourmandise sucrée. « Comme la plupart des jeux se jouent à deux, j'ai voulu imaginer un jeu familial, intergénérationnel et ludique. Il m'a fallu pratiquement deux ans pour l'établir et créer les règles, dont le but est de fabriquer son nougat. » S'il crée également des jouets pour la petite enfance (puzzles, petites voitures à roulettes, chevaux à bascule, etc.) Dominique Montfort a mis l'accent sur les jeux anciens. « Je suis l'un des seuls dans la région à m'être spécialisé dans ce domaine », se réjouit-il. Chaque année, le fabricant propose des nouveautés, qu'il déniche aux quatre coins du monde, à travers ses recherches sur le web ou auprès de ludothèques.
Et pour tester ses jeux, il peut toujours compter sur les avis pointilleux de ses petits-enfants, âgés de huit à quatorze ans...
Amandine Priolet

Plus d'infos sur le site Bois Malice

Moirans-en-Montagne / Dans son centre aux façades chamarrées, au cœur de petites rues étroites, parfois en escaliers, dès décembre on entend le murmure joyeux des enfants. C’est à Moirans-en-Montagne (Jura) qu’ils se rassemblent pour célébrer ce que tous attendent pour le 25 décembre : des jouets par milliers !

Noël au pays du jouet

Le Père Noël vient de Laponie, mais c’est en France qu’il remplit sa hotte de jouets. Et plus précisément dans le sud du Jura, à Moirans-en-Montagne, une région de moyenne montagne, propice l’hiver au transport des colis en traîneaux. Il faut dire que, question ambiance nordique, tout y est. L’illustre personnage n’est donc pas dépaysé. Moirans est « en montagne », c’est indéniable. Mais c’est aussi le pays des jouets en bois. C’est sur ce territoire boisé qu’est produit un jouet français sur deux. Autrefois, tourneurs sur bois et artisans fabriquaient toupies, dominos, premiers bolides, jeux de société, cubes, chevaux de bois et autres joujoux peinturlurés. Aujourd’hui encore, le jouet est roi. Il n’est donc pas étonnant qu’on y consacre un musée tout entier ! Près de 2000 jeux du monde entiers y sont rassemblés pour raconter 5 000 ans d’histoire. L’une des plus belles collections d’Europe à visiter... Et puis, de « pays du jouet », Moirans-en-Montagne est devenu au fil du temps « pays de l’enfant ».
Un paradis enchanté où, en décembre, l’on célèbre Noël en grande pompe. Comme par magie, l’esprit de Noël investit la bourgade. On y croise marionnettes, rennes, bonhommes de neige et lutins rigolos. Artistes fantasques, personnages délurés et fanfares joyeuses déambulent dans les rues. Ateliers créatifs, balades contées et espaces de jeux géants en bois abondent d’enfants concentrés. Sous la halle au blé devenue Grenette, le marché de Noël diffuse ses effluves et arbore fièrement de nombreux artisans créateurs. C’est ainsi que se passe Noël à Moirans-en-Montagne. Un terrain de jeu grandeur nature où enfants et parents qui ont su garder leurs âmes de petits garnements s’amusent et se laissent porter par la tradition authentique d’un Noël qui ne manque ni de relief, ni de caractère...
Souvenirs de cavalcade...
Sur un territoire nourrissant des liens étroits entre économie et culture, la période de Noël offrait une opportunité propre à inspirer et nourrir un projet culturel qui explore la mémoire locale et l’univers de l’enfance, la tradition et la modernité, la réalité et l’imaginaire.
C’est dans cette perspective que le comité culturel et d’animations de Moirans-en-Montagne commanda à la Compagnie des chercheurs d’air un projet artistique associant les enfants de la commune et des artistes professionnels. Le tout avec un programme pédagogique d’expressions artistiques en milieu scolaire et la création d’un spectacle de rue de grande envergure. La Compagnie des chercheurs d’air, installée en résidence à Moirans-en-Montagne depuis 1993, écrit alors le synopsis de la « Cavalcade des lutins » qu’elle réalisera en 1997. Et ce sont 200 enfants des écoles de maternelles et primaires qui revêtissent leurs costumes de lutins le jour J pour se disperser dans les quartiers de la commune et y recueillir les soucis et les misères que les Moirantins avaient notés. Du papier chiffonné que, à l’issue du défilé et dans un geste hautement symbolique, les lutins livraient aux flammes d’un grand brasier libérateur...
Les Moirantins se souviennent encore du spectacle pyrotechnique, inoubliable. La « Cavalcade des lutins » fut fêtée jusqu’en 2005 avec diverses compagnies. C’est en 2006 qu’il a été décidé de donner à Noël au pays du jouet, un nouveau souffle, de resserrer l’événement sur un seul week-end et sur un même lieu afin d’en élargir le public. Noël au Pays du jouet a pris alors la forme d’un festival, proposant toute une programmation de spectacles de rue mais aussi en salle, ainsi que des ateliers pour enfants. Le tout autour d’un grand et magnifique marché de Noël.