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Certification

Fruits et légumes : la nouvelle version  de Global Gap inquiète

 Le renforcement prochain de la certification Global Gap (version 6) et de son module associé sur le volet social, Grasp (version 2), effective en janvier 2025, soulève de fortes inquiétudes dans la filière.

Fruits et légumes : la nouvelle version  de Global Gap inquiète
La mise à jour de la certification imposerait de n’utiliser que de l’eau potable dans le process de nettoyage et convoyage des fruits et légumes. ©AdobeStock

La filière fruits et légumes est en ébullition depuis plusieurs mois face à l’annonce d’une révision de la certification Global Gap, qui en est à sa sixième mouture, et de son corollaire, Grasp, portant sur l’aspect social. D’une part, cette mise à jour imposerait de n’utiliser que de l’eau potable dans le process de nettoyage et convoyage des fruits et légumes. Pour mémoire, jusqu’à présent, seule la dernière eau de rinçage devait être potable (comme le stipule le Codex alimentarius CAC/RCP 53-2003).
« C’est n’importe quoi, regrette Pierre Venteau, directeur de l’ANPP (pommes/poires), contacté par Agra Presse. Et c’est totalement contradictoire avec les politiques se mettant en place et les efforts des producteurs dans la gestion durable de l’eau ». Ambiance similaire dans les légumes : « La gestion de l’eau est un sujet sensible dans les territoires en tension, commente Clémence Endene, chargé de mission environnement à Légumes de France. Les audits sont très lourds et demandent beaucoup de temps aux maraîchers d’autant que le guide d’interprétation de la certification devient de plus en plus restrictif ».
Sur le volet social, le module associé Grasp stipulerait certains points en décalage avec la législation française : visite médicale tous les ans (tous les quatre ans selon la réglementation française), prescription de prise de sang par le médecin du travail, ou élection d’un représentant du personnel au CSE dans des établissements de moins de 11 ETP, « ce qui n’existe pas dans la loi française », souligne Clémence Endene.

Assouplissement ou révision ?

Face à la situation, la filière n’est pas restée inactive. Elle avait déjà envoyé en février un courrier commun (Légumes de France, FNPFruits, Felcoop, Gefel, UNPT et Fedepom) à Food Plus, la structure gestionnaire de Global Gap. L’Aniail (interprofession Ail de France) a profité d’une rencontre commerciale avec un discounter allemand pour faire passer le message. Durant l’été, à l’invitation de l’ANPP (pomme/poires), qui à cette occasion représentait toute la filière, des administrateurs de Food Plus ont visité une station de conditionnement de pommes du Sud-Ouest pour prendre la mesure de la réalité du terrain. « Des points de convergence sont apparus », relate Pierre Venteau qui croit savoir que cette version 6 pourrait être révisée. « Nous demandons un peu de souplesse dans l’application de ces nouvelles exigences », précise Clémence Endene. L’enjeu est de taille : « Les exigences du cahier des charges Global Gap deviennent rapidement la norme pour tous préalables commerciaux à toute vente de fruits et légumes », rappelle Légumes de France. Contacté, Food Plus n’a pas répondu à nos sollicitations. 

P. G.