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Engins agricoles

Formation « tractoriste », une première en Drôme

En 2016, le CFPPA Terre d'horizon à Romans a lancé une formation de tractoriste. Une réponse aux attentes d'agriculteurs employeurs de main-d'œuvre et un plus pour des demandeurs d'emploi.
Formation « tractoriste », une première en Drôme

Le 16 mars au CFPPA Terre d'horizon à Romans, c'était l'évaluation finale pour les stagiaires de la première session de formation « tractoriste ». Cette formation est une première en Drôme. Elle a été mise en place pour répondre à des besoins. En effet, d'un côté, des agriculteurs - notamment des arboriculteurs et viticulteurs - peinent à trouver des salariés en capacité de conduire des engins agricoles. De l'autre, des saisonniers aspireraient à accéder à un emploi sur une plus longue durée. Mais, malgré leur expérience sur le terrain, ils manquent souvent de compétences spécifiques, notamment en agro-équipement, qui leur permettraient de travailler aussi en période hivernale. Alors, dans le cadre d'un partenariat avec Pôle Emploi, le Fafsea(1) a lancé un appel d'offre en 2016 pour répondre à ces attentes. La chambre d'agriculture et l'Adefa(2) de la Drôme ont relayé l'information d'offre de formation auprès du CFPPA de Romans et de la MFR d'Anneyron.

Treize sélectionnés dont deux femmes

Terre d'horizon a répondu à cet appel d'offre et a été retenu pour mettre en place une formation de tractoriste. « Une formation destinée à des demandeurs d'emploi pouvant justifier d'une première expérience professionnelle réussie dans le secteur agricole », a précisé Cécile Diss, chargée d'ingénierie de formation au CFPPA de Romans.
Grâce au financement du Fafsea et à la communication sur cette action - à laquelle ont notamment contribué la chambre d'agriculture, l'Adefa de la Drôme et l'agence Pôle emploi de Romans - 25 candidats se sont présentés. 13 d'entre eux, dont deux femmes, ont été sélectionnés (entretien individuel, curriculum vitae et mise en situation de conduite simple). Certains avaient déjà utilisé des tracteurs en entreprise mais souhaitaient se perfectionner et optimiser leur conduite afin de mieux se placer sur le marché de l'emploi. D'autres ont été recommandés par leur employeur ou souhaitaient évoluer dans leur entreprise et ont donc profité de la saison d'hiver pour se former. D'autres encore ont été envoyés par Pôle emploi. Quelques-uns n'avaient aucune expérience en conduite mais semblaient assez à l'aise avec les machines le jour de la sélection.

Conduite et entretien du matériel

Cette formation vise à apporter une spécialisation dans la conduite et l'entretien des engins utilisés en viticulture et arboriculture. Elle a duré 400 heures dont 270 en centre de formation et 130 en entreprise. Les candidats ont d'abord appris à conduire tracteurs et engins de différentes tailles et puissances, attelés ou non sur la plateforme d'initiation de Terre d'horizon. Par la suite (pendant la formation en centre et la période de stage), ils les ont conduits en situation de chantier : travail du sol, broyage, traitements phytosanitaires... Ils ont, en outre, été présentés à l'examen du Caces(3) n° 8 (conduite des tracteurs de plus de 50 cv) et tous l'ont obtenu. Ils ont également passé le Certiphyto, certificat obligatoire pour utiliser les produits phytosanitaires. Et ils ont acquis des compétences dans l'entretien des machines ainsi que les petites réparations grâce à un module d'initiation aux travaux du fer.

Employabilité augmentée

« Cette formation est un plus pour les salariés et les agriculteurs », a souligné Nicolas Brenier, formateur au CFPPA de Romans. Et de citer l'exemple de l'un des candidats qui utilise le matériel à meilleur escient depuis qu'il a reçu la formation : une tâche de broyage accomplie en trois heures à présent au lieu de quatre auparavant. Ce parcours professionnalisant a ouvert des possibilités d'emploi pour les 13 apprenants. La plupart d'entre eux en ont d'ailleurs trouvé un. « Le bouche à oreille commence à fonctionner », a constaté le président du conseil d'administration du lycée Terre d'horizon, Pierre Veyrat. « L'expérience est positive, a observé Rémy Merlot, chargé de mission emploi à la chambre d'agriculture de la Drôme et Adefa. Cette formation permet de bien de se positionner pour évoluer vers un poste à plus longue durée ou un CDI. » Pour Fabien Lambert, gestionnaire du groupement d'employeurs Agri Emploi 26, « elle est nécessaire. Il y a une vraie plus-value à l'avoir faite ». Aussi, le CFPPA de Romans espère une pérennisation du financement de cette formation afin que d'autres puissent en bénéficier.

Annie Laurie

(1) Fafsea : fonds d'assurance formation des salariés des exploitations et entreprises agricoles.
(2) Adefa : association départementale emploi formation agricole.
(3) Caces : certificat d'aptitude à la conduite en sécurité.

 

Une ouverture vers l'emploi

 
Parmi ceux ayant suivi cette première formation « tractoriste », Bernard, 59 ans, confie : « A mon âge, il est difficile de retrouver un emploi, même avec de l'expérience. La formation tractoriste est très pratique : conduite, mécanique. Et le stage en exploitation est un moyen de montrer ce qu'on sait faire. Pour moi, elle est bien tombée pour renégocier un poste. Et, en cas de retour sur le marché de l'emploi, c'est un plus. »
Tiphaine, elle, a été orientée vers cette formation par Pôle emploi. « Je l'ai trouvée rapide, efficace, note-t-elle. Et, le fait d'être encadrée par des formateurs professionnels m'a débarrassée de la peur que j'avais des tracteurs. J'ai pris de la confiance. J'ai trouvé l'expérience très bien, complète au niveau conduite, connaissance des engins, mécanique, soudure. » En plus, cette jeune femme devrait être embauchée par l'entreprise l'ayant accueillie en stage. Autrefois conseiller agricole dans le Nord, Olivier est arrivé dans la Drôme voici deux ans. Pour lui aussi « cette formation courte est pertinente et efficace ». Grâce à elle, une entreprise maraîchère dans laquelle il a travaillé lui propose un emploi de tractoriste-chauffeur-livreur.
A. L.