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Filière luzerne déshydratée : des bilans carbone positifs

Les bilans carbone (+ 391 Kg/t) et énergie (+ 1,2 Gj/t) de la filière luzerne déshydratée sont largement positifs. Celle-ci a largement dépassé les objectifs de réduction des gaz à effet de serre (GES) fixés par la Commission européenne à l’horizon de 2030. Ses émissions de GES ont baissé de 70 % depuis 2005.

Par Christophe Ledoux
Filière luzerne déshydratée : des bilans carbone positifs

« La nouvelle PAC post-2020 devra rendre la production de luzerne déshydratée attractive », a déclaré déclare Eric Guillemot, directeur de La Coopération Agricole Luzerne de France, lors d’une conférence de presse le 23 novembre dernier. La filière France luzerne déshydratée est fière de communiquer les résultats de la seconde « analyse de cycle de vie » (ACV)1, du champ à la sortie de l’usine, de cette culture fourragère. Elle actualise les empreintes énergie et carbone de cette filière.

Fours biomasse 

D’énormes progrès ont été réalisés depuis la première ACV réalisée dans les années 2006-2009. Chaque tonne de luzerne déshydratée stocke 391 kilogrammes (kg) de carbone organique (218 kg dix ans auparavant) et affiche un bilan énergétique positif de 1,2 giga joules (Gj). Or sur 2006-2009, ce dernier était négatif (– 3,6 Gj par tonne). La déshydratation d’une tonne de luzerne nécessite 58 % d’énergie en moins. La consommation d’énergie fossile a été divisée par trois et une partie des quantités employées a été remplacée par des plaquettes de bois. Par ailleurs, les énergies renouvelables utilisées durant le cycle de vie de la luzerne représentent quasiment un tiers de la totalité de la consommation d’énergie. Si bien qu’en excluant leur contribution, le bilan carbone est supérieur de 50 kg/t environ de luzerne. Ces résultats ont été obtenus grâce au déploiement des fours biomasse et à l’essor du pré-fanage au champ. En conséquence, le taux de matière sèche de la luzerne en entrée d'usine est passé de 23,8 % en 2005 à 37,9 % en 2019.

Achat quotas d’émission

En ayant diminué de 70 % les émissions GES, la filière luzerne déshydratée a dépassé les objectifs du cadre d’action en matière de climat et d’énergie fixé par la Commission européenne : baisse de 43 %, d’ici 2030, des émissions de l’industrie par rapport à leur niveau de 1990. Mais « nous sommes mécontents et nous ne cessons de le dire par l’application du mécanisme d’échange de quotas d'émissions (Emissions Trading Schemes – ETS), déplore Eric Guillemot. Il ne vise que les émissions de gaz ! Selon nous, ce mécanisme d’échange devrait s’inscrire sans une logique de bilan en prenant en compte le stockage de carbone organique ». A l’avenir, le directeur de La Coopération Agricole Luzerne France redoute que « la filière déshydratation soit pénalisée par la baisse de l’allocation gratuite de quotas d’émission de gaz à effet de serre. Cela nous conduirait à redoubler d’efforts pour ne pas être pénalisés par ses charges de production supplémentaires ». En effet, les déshydratateurs ne pourront répercuter sur les prix de vente de leurs fourrages, l’achat de nouveaux quotas d’émission. 

Plan protéines 

La filière luzerne déshydratée espère que la réglementation européenne de la prochaine PAC permettra la rémunération éco-systémique des légumineuses pour que ces dispositions soient déclinées dans les éco-schèmes (écorégimes). Mais ces derniers devront aussi être en cohérence avec le plan protéines financé par le volet agricole du plan de relance de l’économie française. Le stockage de carbone organique dans le sol pourrait aussi constituer un supplément de revenu. L’introduction de luzerne dans un assolement améliore nettement le bilan carbone de la culture puisque moins d’azote est épandu. Enfin, les producteurs de luzerne comptent sur des aides à l’investissement et sur l’action déterminante de l’Ademe pour être encore plus vertueux écologiquement et rendre ainsi la filière luzerne attractive auprès des agriculteurs.

(1) L’étude a été menée sur un échantillon représentatif de 29 % de la production de luzerne déshydratée (17 % en 2011).