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EN CHIFFRES

Femmes en agriculture : « Une reconnaissance perfectible »

Lors d’une conférence de presse, la Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole (CCMSA) a présenté ses derniers chiffres concernant l’emploi féminin en agriculture. Si les femmes sont essentielles et indispensables, leur travail peine toujours à être reconnu.

Femmes en agriculture : « Une reconnaissance perfectible »
Seules ou accompagnées d’homologues masculins, les femmes dirigent 29,5 % des exploitations ou entreprises agricoles. ©FranceTV

Les femmes sont de plus en plus présentes dans le milieu agricole. Elles étaient au total, selon les chiffres certifiés de la CCMSA, près de 126 500 se décomposant entre 107 100 cheffes d’exploitation et 19 300 collaboratrices d’exploitation. Les agricultrices représentent presque un quart des chefs d’exploitation (24,3 % exactement), « une proportion globalement stable depuis plus de dix ans », souligne la CCMSA.

Encore 13 % de femmes collaboratrices

Seules ou accompagnées d’homologues masculins, les femmes dirigent 29,5 % des exploitations ou des entreprises agricoles, poursuit l’étude. Par entreprises agricoles, il faut comprendre chef d’entreprise de travaux agricoles, forestiers ou d’entreprises paysagères et qui, de fait, émargent à la MSA. Là encore, la proportion est stable par rapport à l’année précédente (2018). Autre caractéristique : les femmes cheffes d’exploitation, sont relativement plus vieilles que leurs homologues masculins : « L’âge moyen des femmes cheffes d’exploitation ou d’entreprise agricole est de 51,7 ans (stable par rapport à 2018) contre 48,3 ans pour les hommes (en baisse d’un mois par rapport à 2018) », précise l’étude. Si ces cheffes d’exploitation sont présentes dans tous les secteurs agricoles traditionnels, elles font quasiment jeu égal avec les hommes dans l’élevage des chevaux (48,6 %), l’entraînement, dressage, haras, clubs hippiques (48,5 %), l’élevage de gros animaux (47,4 %), l’aviculture et la cuniculiculture (34 %). Elles restent cependant minoritaires dans les grandes cultures (16,4 %), les élevages bovins-lait (15,6 %), la viticulture (12 %) en encore plus dans les exploitations liées à la forêt et à la sylviculture. Toujours selon les statistiques de la MSA, 13 % des femmes sont encore collaboratrices d’exploitation. Elles exercent le plus souvent leur activité dans « une exploitation en nom personnel mettant en valeur une superficie moyenne de 63 hectares, contre une superficie moyenne de 40 hectares pour leurs homologues masculins ».

Emplois précaires

Les inégalités se font plus criantes encore quand sonne l’âge de la retraite. Selon la CCMSA, les femmes sont majoritaires au régime des non-salariés agricoles (NSA) avec plus de 56 % de l’effectif. Elles sont près de 734 000 sur le territoire : « 284 000 ont été cheffes d’exploitation, 248 000 ont gardé le statut de conjointe et près de 111 000 n’ont connu que celui d’aide familiale », note l’étude. Les 91 000 restantes, n’ont eu aucune activité dans le régime mais perçoivent, du fait de leurs conjoints décédés, une pension de retraite de réversion agricole. « Le niveau général de retraite de ces femmes reste à un niveau inférieur à celles de leurs homologues masculins », signale la CCMSA, entre 3,15 % et 19,5 % selon les régimes professionnels traversés et le statut adopté. Côté salariat, les femmes ne sont pas mieux loties avec des conditions d’emploi plus précaires, souligne l’étude. « Le recours au contrat à durée déterminée (CDD) occupe une place prépondérante dans l’emploi féminin de la production agricole », indique la MSA qui précise que 81,9 % des salariées du secteur détiennent un CDD, ce qui représente 304 400 contrats de travail en 2019. C’est notamment la viticulture, les cultures spécialisées ou les entreprises de travaux agricoles qui recourent le plus au travail saisonnier des femmes. De plus, la durée moyenne d’un contrat féminin est inférieure de 12,8 % à celle d’un contrat masculin. Quand elles parviennent à décrocher un CDI, les femmes en agriculture ont des temps de travail inférieurs de 12 % à ceux des hommes.

Christophe Soulard

SÉNAT : Violences faites aux femmes : la ruralité n’est pas épargnée

SÉNAT :  Violences faites aux femmes : la ruralité n’est pas épargnée


La délégation aux droits des femmes du Sénat a inscrit à son agenda 2021 un rapport sur la situation des femmes dans les territoires ruraux qui devrait voir le jour au deuxième semestre de cette année. « Les territoires ruraux ne sont pas suffisamment pris en compte », pointe Annick Billon, sénatrice (UDI, Vendée) et présidente de cette délégation. « La moitié des féminicides a lieu en milieu rural », précise Hélène Furnon-Petrescu, cheffe du service des droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes. D’après cette délégation sénatoriale, les conditions de vie en milieu rural peuvent en effet constituer un facteur aggravant au phénomène de violences conjugales. Dépendance financière au conjoint, moindre mobilité, problèmes d’accession à la propriété foncière, difficultés d’accès aux services de santé et de justice, absence d’anonymat et de solutions d’hébergement… Autant de problématiques qui expliquent que la ruralité ne soit pas épargnée par les violences faites aux femmes. « En milieu rural, la dénonciation des violences est complexe et les femmes sollicitent moins les dispositifs qui peuvent les soutenir dans leur démarche », ajoute Françoise Brié, directrice générale de la Fédération nationale solidarité femmes (FESF). Pour preuve : les femmes de communes rurales ne représentent que 26 % des appels au 3919, le numéro d’écoute qui leur est dédié.
Sept propositions pour accompagner les victimes
Lors de son intervention devant la délégation sénatoriale, le lieutenant-colonel Denis Mottier a présenté sept propositions visant à mieux accompagner les victimes de violences conjugales en milieu rural. D’après lui, il est d’abord nécessaire de poursuivre le recrutement d’intervenants sociaux en gendarmerie dans les territoires ruraux. Il pointe aussi l’absolue nécessité de doter tous les départements de Maisons de confiance et de protection des familles. Autres propositions pertinentes : aider à la mobilité des victimes, développer l’accès aux services numériques de téléassistance et accroître l’accès aux Maisons France Service par le déploiement de bus d’information et de prévention et le recueil de plaintes dans les hôpitaux. Devant la délégation sénatoriale, le lieutenant-colonel Denis Mottier a également proposé de densifier le réseau de partenariats entre les forces de sécurité et les associations, de créer des plateformes participatives et de mutualiser les statistiques policières et celles de la précarité et de l’emploi. 
Christophe Soulard