Fédération des chasseurs de la Drôme : « Nous défendons une chasse populaire »
Le 8 septembre sonne l’ouverture générale de la chasse. La fédération des chasseurs de la Drôme livre ses priorités pour la saison à venir.

C’est l’heure de la rentrée, y compris pour les chasseurs. L’ouverture générale de la chasse est prévue le 8 septembre dès 7 h du matin. Rémi Gandy, président de la fédération des chasseurs de la Drôme (FDC 26), a présenté lors d’une conférence de presse le 26 août les sujets qui vont rythmer cette nouvelle saison cynégétique.
Tout d’abord le plan de chasse triennal, renouvelé cette année. Sur le grand gibier, l’objectif est à la fois de rester sur un « concept de chasse gestion » tout en évitant une explosion des dégâts. « Nous prélevons en nous préoccupant du stock de reproducteurs, indique le président. Mais nous sommes aussi très vigilants sur les dégâts car nous défendons une chasse populaire. Toutes les catégories sociales doivent pourvoir chasser en mettant un minimum d’argent. » Une explosion des dégâts entrainerait une augmentation des cotisations. Exactement ce que la FDC 26 ne veut pas voir se produire.
Le nouveau plan triennal prévoit une augmentation des prélèvements possibles sur le cerf élaphe (4 450 pour la période 2024-2027 contre 3 700 sur la période 2021-2023). « L’objectif est de ramener le cerf à une population qui satisfasse l’équilibre agro-sylvo-cynégétique », justifie Rémi Gandy. C’est à dire limiter l’explosion des dégâts aux cultures ou plantations forestières. Chamois et chevreuil voient en revanche leur niveau de prélèvement abaissé dans ce nouveau plan triennal : de 16 430 à 15 055 pour les chevreuils, de 1 400 à 1 010 pour les chamois. Quant aux mouflons, aucun prélèvement n’est possible en Drôme.
Approfondir la question du chamois
« Sur certains secteurs, les comptages nous montrent que les chamois n’y sont pas, poursuit Rémi Gandy. On constate que c’est plutôt sur les secteurs de basse altitude et les zones où la présence de loups est avérée. Coïncidence ? », interroge Rémi Gandy. Autre hypothèse : celle de la fréquentation touristique en augmentation sur certains territoires. « Nous avons proposé au conseil départemental de la Drôme de travailler ensemble sur une zone expérimentale où le chamois ne serait plus chassé* pour vérifier ces hypothèses. Nous sommes en attente d’une réponse », poursuit le président.
Du côté du petit gibier, le tétras lyre est inscrit dans le plan de chasse triennal. « Le président de la FDC prend les décisions d’attributions individuelles propres à chaque demandeur en fonction de l’indice de reproduction annuel produit par l’observatoire des galliformes de montagne à l’issue des périodes d’échantillonnage », rappelle la FDC 26. En 2024, l’échantillonnage réalisé sur trois sites en Drôme montre une population en augmentation par rapport à 2023. « Le tétras lyre se porte de manière satisfaisante en Drôme », annonce Rémi Gandy. Les décisions d’attribution seront prises le 3 septembre prochain.
Augmentation du montant des dégâts
Autre sujet majeur pour la FDC 26 : l’indemnisation des dégâts de grand gibier. « Cette année, sangliers et cerfs sont sortis plus nombreux sur les cultures. Nous sommes pour l’instant, sur la saison 2023-2024, à 144 478 euros d’indemnisation mais nous devrions atteindre les 200 000 euros [contre 117 860 euros sur la saison 2022-2023, ndlr] », précise le président. Tout dépend, rappelle-t-il des assolements et du type de culture à indemniser. Parmi les chasseurs présents lors de la conférence de presse, certains évoquent aussi comme hypothèse d’une augmentation des dégâts la présence du loup qui pousserait sangliers ou cerfs à se regrouper pour mieux se défendre. Ces hardes de plus en plus importantes provoqueraient davantage de dégâts sur certains secteurs. « Même si certains nous disent que ce n’est pas démontré par les scientifiques, nous décrivons simplement ce que nous voyons », renchérit Rémi Gandy.
Christian Chaillou, trésorier de la fédération des chasseurs de la Drôme, souligne aussi que, si les chasseurs drômois ne chassent que sur 355 000 ha, on leur demande pourtant d’assumer le paiement des dégâts sur l’ensemble du territoire drômois, soit 655 000 ha… « Sans oublier, au montant d’indemnisation des dégâts d’ajouter celui de la protection des cultures », insiste-t-il.
« Labourer sans arrêt le champ de la sécurité »
Dernier sujet que les chasseurs ont souhaité mettre en avant : la sécurité. « En vingt ans, on a abaissé de 80 % au niveau national le nombre d’accidents de chasse. Sur la dernière saison, six personnes ont été tuées à la chasse en France, trois dans le cadre d’auto-accidents [le chasseur s’est tiré lui-même dessus suite à une chute ou une mauvaise manipulation, ndlr] et trois accidents ont eu lieu entre chasseurs. La Drôme n’a enregistré aucun accident mortel sur la saison 2023-2024 », détaille Rémi Gandy. Des résultats obtenus selon lui grâce à une action continue sur ce sujet au travers notamment de la formation permanente des responsables de battues, d’un travail approfondi avec les équipes de l’office français de la biodiversité (OFB) sur l’analyse des infractions et accidents à la chasse et la rédaction de fiches pratiques pour renforcer la sécurité… Sans oublier la possibilité de travailler sur le contrôle de ses tirs grâce au Cinématir mis en place sur les fonds propres de la FDC 26. « Mais attention, si nous n’avons enregistré aucun accident la saison dernière en Drôme, nous ne faisons pas cocorico, avertit le président. Au contraire, nous devons labourer sans arrêt ce champ de la sécurité. »
Sophie Sabot
* L’ACCA qui chassait jusqu’à présent le chamois sur la zone de l’espace naturel sensible (ENS) de la forêt de Saoû ne souhaite plus payer le droit de chasse, trop élevé selon elle, auprès du Département. Ce droit de chasse ne devrait pas être remis en adjudication selon la fédération. C’est cette zone que la FDC 26 propose pour un suivi expérimental.
Les chiffres de la chasse en Drôme
En Drôme :
- Sur la saison 2023-2024, la fédération des chasseurs a enregistré 10 100 adhésions.
- 13 % des chasseurs sont des agriculteurs et ouvriers agricoles.
- Le panier moyen annuel de dépenses par chasseur (saison 2022-2023), hors véhicule, est de 3 090 euros par an, depuis les croquettes du chien jusqu’au casse-croûte du jour de chasse.
Prélèvements dans la moyenne sur la dernière saison
Sur la saison 2023-2024, les chasseurs drômois ont prélevé 11 073 sangliers contre 9 788 la saison précédente. Et le président de la FDC 26 de rappeler que, pour une bonne gestion de la population, les prélèvements en Drôme doivent se situer chaque année entre 10 et 11 000 sangliers.
Taux de réussite en baisse
Les jeunes candidats au permis de chasse ont-ils été moins assidus sur la saison 2023-2024 ? C’est ce que semble démontrer le taux de réussite à l’examen de seulement 65 % contre presque 76 % sur la saison précédente. C’est d’ailleurs le taux le plus bas depuis quatre ans. Des résultats qui ne contrarient pas le président Rémi Gandy : « Si les jeunes candidats n’ont pas voulu travailler pour obtenir leur permis de chasse, tant mieux s’ils ne l’obtiennent pas ».