FCO-8 : ils écrivent à Emmanuel Macron
Alors que l'épizootie de FCO s'amplifie dans la Drôme, plusieurs syndicats agricoles ont écrit au président de la République pour demander un soutien renforcé de l'État. Le 30 août, le ministre démissionnaire de l'Agriculture a annoncé une extension à la région Auvergne-Rhône-Alpes, notamment, de la zone de vaccination volontaire (FCO-3) prise en charge par l’État.

« Par la présente, nous souhaitons alerter les services de l’État et solliciter un plan urgent de sauvegarde de l’élevage de ruminants face à la crise sanitaire dans laquelle se trouvent nos filières du fait de la fièvre catarrhale ovine sérotype 8 (FCO-8). […] L’élevage de ruminants drômois est en danger. Et indépendamment de la situation politique, l'urgence requiert une action immédiate de l'État, avec le déploiement de moyens accrus et l'utilisation de tous les leviers disponibles pour fournir les solutions nécessaires. » Ainsi débute et se termine le courrier adressé le 29 août au chef de l’État par les présidents de quatre organisations syndicales drômoises : Sandrine Roussin pour la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA), Vladimir Gauthier pour les Jeunes Agriculteurs (JA), Frédéric Gontard pour la Fédération départementale ovine (FDO), et Sébastien Ageron pour la Fédération départementale des producteurs laitiers (FDPL).
« Des éleveurs démunis »
Fustigeant un « manque de moyens disponibles à tous niveaux », le courrier évoque les difficultés de trésorerie des éleveurs lorsqu'ils doivent vacciner leurs animaux, les traiter et mettre en place les protocoles de prévention (confinement, désinsectisation). Sont aussi pointés les problèmes des cabinets vétérinaires, « dépassés et n’arrivant pas à réaliser rapidement les prélèvements sanguins » ou encore à « fournir les produits de traitement et prodiguer les soins sur les fermes ». Même chose pour les laboratoires d’analyses avec « des délais de confirmation des foyers beaucoup trop longs ce qui rend la visibilité de la crise malheureusement très partielle avec la sous-estimation dramatique du nombre de cas confirmés ». FDSEA, JA, FDO et FDPL de la Drôme insistent également sur le fait que « les laboratoires de fabrication de vaccins sont pour certains déjà en rupture de stock ».
Pour les quatre organisations syndicales, « cela n’est que la partie émergée de l’iceberg car derrière cette crise virale, ce sont des conséquences économiques et humaines dramatiques à moyen terme qui attendent les filières concernées ». Elles s'inquiètent de l’arrivée « certaine et prochaine » de la FCO sérotype 3 et de la maladie hémorragique épizootique (MHE). « Sans vaccins et aux conséquences sanitaires et économiques probablement encore plus lourdes, les éleveurs se sentent complètement démunis pour anticiper ces vagues à venir », s'inquiètent-t-elles.
Un plan de mesures
FDSEA, JA, FDO et FDPL de la Drôme demandent à l'État un plan comprenant plusieurs mesures : une grande quantité de doses de vaccins pour couvrir l’ensemble des ruminants contre les sérotypes 8 et 3 ; un soutien technique et vétérinaire renforcé pour limiter l'impact de ces maladies sur les cheptels ; la mise en place automatique de toutes les dérogations nécessaires pour garantir un niveau d’aides PAC constant pour les éleveurs impactés, et ce à minima sur les années 2025 et 2026 ; la mise en place d'un fonds d'urgence pour compenser les pertes directes et les surcoûts ultérieurs liés à ces épizooties (analyses de la fertilité des béliers, achat de renouvellement, mise en place d’insémination artificielle, pertes de production…). Deux autres demandes portent sur l'exonération de cotisations MSA pour soutenir la trésorerie des éleveurs, et l'annulation de tous les contrôles (ASP, DDT, DDPP, OFB…) prévus sur les exploitations ovines ou bovines, « le temps de sortir du plus fort de la crise (ou à minima un report en 2025) et sans impacter les délais de paiement des aides 2024 », écrivent les quatre organisations syndicales.
Le message semble avoir été entendu. Le 30 août, le ministre démissionnaire de l'Agriculture, Marc Fesneau, en déplacement dans une exploitation ovine de Saône-et-Loire, a notamment annoncé une extension aux régions Auvergne-Rhône-Alpes et Pays-de-la-Loire, ainsi qu’à d'autres départements, de la zone de vaccination volontaire (FCO-3) prise en charge par l’État.
Christophe Ledoux
Des élus alertent le ministre de l'Agriculture
Le 29 août, Marie Pochon, députée de la Drôme, a interpellé, avec son collègue sénateur de l’Isère, Guillaume Gontard, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau pour lui demander la gratuité totale des vaccins pour assurer la vaccination intégrale des troupeaux, une plus grande anticipation des besoins en vaccins et une meilleure coordination et évaluation à la fois de l’efficacité mais aussi de la disponibilité des vaccins mis en circulation dans l'ensemble des régions à risque. Les deux parlementaires ont aussi demandé la reconnaissance officielle des pertes liées à cette épidémie et la mise en œuvre d’un plan d’indemnisation « rapide et juste » pour les éleveurs affectés, avec une « attention particulière aux éleveurs bio qui ne peuvent pas faire d'insémination artificielle ».
Quelques jours plus tôt, la présidente du Département de la Drôme, Marie-Pierre Mouton, avait également alerté le ministre de l'Agriculture pour réclamer des mesures d'urgence visant à limiter la propagation de la FCO tout en rappelant que l'élevage est un pilier économique majeur pour notre territoire ».