Entre innovations, fréquentations et intentions d’achat

Le Sima est l'une des plus grandes manifestations mondiales du machinisme agricole. Il rassemble plus de 1 800 exposants venus de 42 pays, avec six nouveaux pour cette édition dont l'Arabie Saoudite, la Serbie, la Slovaquie, la Suède et même le Sri Lanka. Il a attiré plus de 230 000 visiteurs en 5 jours, du 24 au 28 février principalement des agriculteurs, mais aussi la grande cohorte des distributeurs de matériels agricole.
Le rendez-vous des nouveautés (lire ci-dessous)
Le Sima est indéniablement une vitrine de tout ce qui se fait de mieux en termes de mécanisation agricole et c'est surtout un grand rendez-vous pour les bureaux d'études des constructeurs qui se doivent de sortir des nouveautés, de peur d'être distancé par les concurrents. Une distinction au Sima est toujours très convoitée. Elle est aussi très vendeuse pour la marque récipiendaire et parfois elle donne le « la » d'une technologie pour les années suivantes. Pour cette édition, l'innovation mécanique semble bien céder le pas à la révolution électronique et numérique embarquée sur la plupart des matériels. Pour s'en convaincre, une seule médaille, l'or tout de même, a été décernée à une nouveauté mécanique, une ensileuse à chenilles suspendues, la Claas Jaguar Terra Trac.
Le numérique embarqué s'impose
Le numérique en agriculture, c'est tout d'abord la collecte de données agronomiques, cartographie, ou mécanique avec de capteurs de débit, de pression, de vitesse grâce à une liaison entre la machine et le tracteur. L'information est ensuite analysée par l'électronique embarquée, console propre à chaque machine ou ordinateurs de bord sur les tracteurs récents avec le système universel de liaison Isobus. Ensuite, cette information est analysée, modulée et retransmise à l'outil pour plus de précision. Pas moins de 700 nouveautés dans ce domaine ont été signalées. D'ailleurs, pour cette édition du Sima, les trophées de l'innovation ont largement été attribués à des machines connectées, 15 distinctions sur les 24 décernées ont reçu l'argent ou le bronze pour leur électronique embarquée, comme par exemple Laforge pour l'interface de guidage de l'outil, John Deere avec le système Airbus de suivi dynamique de l'azote par imagerie satellite et capteur machine, Amazone avec son système de surveillance et de compensation des nappes d'épandage d'engrais en fonction du vent.
L'herbicide électrique connecté
Une innovation remarquable était aussi présentée par Case-New Holland, une barre de désherbage électrique, le « WeedControl » qui a reçu une médaille de bronze. Le système est composé d'une barre avant avec palpeurs qui utilise de l'électricité à haute tension, de 5 000 à 15 000 volts produits par une génératrice attelée à l'arrière du tracteur et entraînée par prise de force. L'effet de destruction systémique est visible au bout de 30 minutes seulement. Le système comprend aussi une station météo et un capteur d'humidité du sol. Grâce à ces données collectées, la machine fournit la bonne tension au bon endroit, une alternative intéressante aux herbicides. Il se pourrait fort que l'on retrouve cette technique déclinée de bien d'autres manières lors des prochains salons, à l'instar du battage axial ou de la vario pour les transmissions...
Les ventes de tracteurs en pleine forme en janvier
Pour ce mois de janvier 2019, les ventes de tracteur, toutes gammes confondues, ont progressé de 71 % par rapport à janvier 2018, pour arriver au chiffre de 1 126 unités immatriculées. Pour les tracteurs standards, de 50 à 500 chevaux, la tendance est la même, 917 tracteurs vendus en janvier, contre 549 en janvier 2018.
Ce redémarrage du marché, même s’il n’est mesuré que sur un mois se sentait bien au Sima. Au fils des stands, les responsables marketing des grandes marques affichaient leur optimisme sur le marché du tracteur pour cette année qui commence. Ils l’expliquent par des fondamentaux moins mauvais que les années précédentes. Les prix des matières premières, sans être très élevés ne sont pas aux valeurs basses de ce que le marché a pu connaître. Avec 5,3 milliards d’investissement par an dans l’agroéquipement, les agriculteurs font vivre des pans entiers de l’économie. Et ce rendez-vous entre constructeurs et agriculteurs montre bien, s’il en est, que chacun a besoin de l’autre pour continuer à rester dans une économie dynamique.
Les nouveautés
Mancel / De tous nouveaux tracteurs chinois produits en France
C’est l’un des stands du Sima 2019 qui a suscité beaucoup de curiosité, celui de Mancel. Le constructeur chinois Sinomach, propriétaire depuis 2017 de l’usine Yto, ex-Case, dans la Haute-Marne, à Saint-Dizier a présenté au Sima ses premiers tracteurs assemblés en France. Commercialisée sous la marque Mancel, cette gamme de tracteurs s’étend sur une plage de puissance de 110 à 145 ch. Selon le groupe chinois, ils seront livrables sur le marché européen à partir du premier trimestre 2020. Pour les aspects mécaniques, ces tracteurs Mancel sont assez simples dans leur conception, ils utilisent des composants bien connus. À commencer par la transmission 16 x 16 power shift fabriquée à Saint Dizier qui équipait jadis les Case Maxxum ou MX Mac Cormick, un moteur Fiat (FPT) et un pont avant Carraro. L’une des spécificités des tracteurs Mancel est l’application « Smart Mancel Connect » qui permet de surveiller à distance les données telles que la consommation de carburant, les heures de travail, la vitesse, cartographier des parcelles.
Case IH-New Holland /En avant-première, les Versum de Case et les T5 Autocommand de New Holland à variation continue
Le tractoriste CNH a dévoilé au Sima, en avant-première mondiale, sa nouvelle gamme de tracteurs Versum CVX Drive à variation continue. Elle se décline de la même manière chez New Holland avec les T5 Autocommand à variation continue. Elle vient s’intercaler entre les Luxxum et les Maxxum chez Case et entre les T5 et T6 chez New Holland. Elle propose quatre modèles de 100, 110, 120 et 130 ch. Le positionnement de ces nouveaux tracteurs de gamme moyenne permet de proposer à l’utilisateur les mêmes caractéristiques mécaniques et de confort de conduite qu’en standards grandes cultures. Ces tracteurs offrent une cabine spacieuse et le poste de conduite est équipé de l’accoudoir Multicontroller. Côté moteur, c’est un FPT 4 cylindres de 4,5 litres (phase 5) qui équipe cette série.
Massey Ferguson / Le modèle 7719 S, le grand frère des petits châssis
Avec le modèle 7719 S Dyna-VT, Massey Ferguson complète la série 7700 sortie en 2016. Ce nouveau modèle, dévoilé au Sima, offre un complément à la gamme des tracteurs à petit châssis. Sorte de grand frère pour les 7718 S et les
7716 S, il déploie de nouvelles fonctionnalités dont une motorisation conforme à la réglementation stage 5. Le 7719 S affiche une puissance de 190 ch, et jusqu’à 220 ch lors de l’utilisation de la prise de force ou de l’hydraulique, tout en restant svelte lui permettant un important PTAC. Le moteur est un Agcopower 6 cylindres de 6,6 litres. Doté d’une monte de pneu en 1,95 mètre à l’arrière, il offre une meilleure traction tout en tassant moins les sols. Le relevage arrière est annoncé avec une capacité de 9,6 tonnes. Le terminal, le Datatronic 5, permet de contrôler les fonctions du tracteur en étant confortablement installé dans une cabine suspendue.
Same / Nouvelle gamme Frutteto vigne ou verger à variation continue
Same avait présenté à l’automne dernier au salon de Bologne (Italie), une transmission à variation continue pour sa gamme Frutteto CVT vigne et verger. Le constructeur vient de rajouter l’option d’un essieu directeur avec le système « ActiveSteer ». Ce modèle était visible au dernier Sima et il permet de tourner plus court en fin de rangée de vigne notamment. La nouvelle transmission permet d’atteindre la vitesse de 40 km/h à bas régime, elle se commande avec un joystick. On peut aussi retrouver une prise de force proportionnelle à l’avancement, une suspension avant hydropneumatique « ActiveDrive » à bras indépendant sur chaque roue. Les Frutteto se déclinent en 5 puissances dans les catégories verger ou vigne, de 90 à 115 ch et sont équipés de blocs de 3 ou 4 cylindres.
Deutz / Les nouveaux compacts de la série 5G
Le constructeur vient de lancer sa nouvelle série de tracteurs compacts 5G disponibles en 7 puissances de 75 à 116 ch. Ce modèle se veut adaptable à toutes les situations, élevage, grandes cultures, collectivités… Il peut être livré avec un inverseur mécanique ou électrohydraulique, 4 gammes de vitesses, route, normale, lente et super-lente avec un doubleur ou tripleur powershift qui permet d’arriver jusqu’à une combinaison de 60 vitesses avant et arrière. L’équipement de série propose aussi la fonction Stop&Go qui permet de s’arrêter ou de redémarrer sans utiliser l’embrayage.
Valtra / La nouvelle série A de 75 à 130 ch
La série A de Valtra introduit beaucoup des caractéristiques de ses grands frères, les tracteurs des séries N et T, mais dans un format très compact. Il est léger, manœuvrable et offre plusieurs puissances ; 75, 85 et 95 ch équipés d’un bloc AGCO Power 3 cylindres de 3,3 l et 100, 110, 120 et 130 ch montés avec un moteur 4 cylindres de 4,4 l, de la même provenance.
Il existe deux transmissions pour la série A4. Une transmission à 12 vitesses avant et 12 arrière est disponible sur tous les modèles. Tandis que les modèles HiTech4, les A104 et A114 offrent en option une transmission à 16 vitesses avant et 16 arrière. Dans les modèles HiTech 4, la combinaison du changement de vitesse en quatre étages est robotisée, ce qui facilite l’utilisation dans toutes les tâches de travail. Le changement de vitesse peut être contrôlé automatiquement ou manuellement et permet même de pré-programmer les vitesses de démarrage en avant et en arrière.
Roland St Thomas