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En Drôme, 115 sentinelles pour détecter les personnes en détresse

Une dizaine de personnes ont participé à la formation sentinelle, organisée par la MSA Ardèche-Drôme-Loire (ADL) dans ses locaux à Valence, mercredi 25 septembre. 

En Drôme, 115 sentinelles pour détecter les personnes en détresse
La formation, prise en charge par la MSA ADL, se déroule en groupe de 9 h à 17 h. ©ME-AD26

Repérer les signaux d’alerte et savoir vers qui orienter les personnes en souffrance, tels sont les principaux objectifs de la formation sentinelle dispensée par Delphine Bieth, infirmière au Centre hospitalier Alpes-Isère, et Virginie Veyrand, infirmière en pratique avancée au Centre hospitalier Drôme-Vivarais. Toutes deux, formatrices régionales pour la prévention du suicide, sont accréditées par le Groupement d’études et de prévention du suicide (GEPS) et par l’ARS. Cette formation d’une journée est prise en charge par la MSA ADL. Les profils des participants varient : agriculteurs, salariés de la direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (Draaf), salariés du Groupement de défense sanitaire (GDS), citoyens… Tous ont un point commun : ils sont amenés à échanger avec des agriculteurs ou des salariés agricoles. En effet, ce temps d’apprentissage s’adresse à toutes les personnes qui le souhaitent. 

Sur le département, près de 115 personnes ont déjà été formées par la MSA ADL. « L’objectif fixé par l’État était de 50 sentinelles formées chaque année, on est largement au-delà des attentes, rapporte Julie Malsert, chargée d’études prévention du mal-être agricole au sein de l’institution. Nous devons continuer à former afin que le maillage du territoire soit encore plus étoffé. » 

Casser les idées reçues sur le suicide

Martine, femme d’agriculteur, bénévole à Solidarité paysans, Régis, agriculteur dans le Diois, qui regrette d’avoir vu « beaucoup de collègues partir en burn-out », ou encore John, instructeur des demandes de dotations jeunes agriculteurs, ayant le sentiment d’être « le réceptacle d’un surplus de colère et d’émotions négatives », s’interrogent sur la manière de répondre aux agriculteurs en détresse. Après avoir défini les objectifs de la formation, place à la « rivière du doute ». Les professionnelles de la santé mentale donnent une idée reçue sur le suicide et les participants doivent se placer à gauche pour « non », à droite pour « oui », au milieu pour « ça dépend » ou « je ne sais pas ». « Les personnes qui veulent se suicider ne donnent pas d’indications sur leur intention », lance l’une des cliniciennes. La majorité se place au milieu de « la rivière », quelques-uns penchent plutôt pour le « oui, ils donnent des indications ». John, du côté « oui », s’explique : « Il y a des signes, mais il faut savoir les repérer ».

Une intervenante lui répond : « Il faut savoir que l’entourage n’est pas le mieux placé pour voir ces signes en raison des barrières psychiques. Par exemple, si d’un seul coup la personne va mieux, nous allons nous réjouir et se dire que finalement elle va bien… Alors que souvent, un changement brutal de comportement chez quelqu’un qui a un risque suicidaire peut vouloir dire que la personne a décidé de passer à l’acte. C’est donc une urgence ».

Une formation à plusieurs échelles


« Comment se protéger ? », une question récurrente des participants à la formation. Les infirmières donnent des clés pour adapter sa posture face à une personne en détresse. Toutefois, pas question pour les personnes formées de se substituer à des professionnels. Les sentinelles sont le « premier maillon de la chaîne », rappelle Virginie Veyrand. En effet, le dispositif fait partie d’un plan d’actions mis en place dès 2019 par la direction générale de la santé. Si cette formation s’adresse aux citoyens et notamment aux acteurs du monde agricole, il en existe deux autres pour les professionnels de santé chargés d’évaluer le risque suicidaire, d’orienter les personnes, et d’intervenir en cas de crise.

Témoignages des JA26 formés sentinelles via la MSA ADL

La MSA ADL organise en moyenne deux formations par an et par département mais elle peut, sur demande, en organiser pour des groupes. Par exemple, en mars dernier, une dizaine d’adhérents du syndicat drômois des Jeunes agriculteurs se sont formés. Un temps d’informations bienvenu et l’occasion d’obtenir des contacts utiles. Le numéro national de prévention du suicide, le 3114, en fait partie. Mis en place en octobre 2020, il permet d’échanger directement avec des professionnels formés pour écouter, orienter et, si besoin, demander la prise en charge des personnes touchées par une crise suicidaire. 


Pour plus d’informations sur la formation, contactez Julie Malsert au 06 34 12 67 31

 

Un rassemblement des sentinelles en Drôme

En fin d’année, la MSA ADL organisera son premier rassemblement des sentinelles dans la Drôme. Il conviera l’ensemble des personnes formées ainsi que des professionnels de la santé mentale. L’objectif est de témoigner des situations, parfois très difficiles, auxquelles les sentinelles sont confrontées et de bénéficier d’un échange avec des professionnels de la santé mentale. Grâce à ces retours, le réseau de prévention du suicide s’assure que la formation répond à ses objectifs et que le réseau de sentinelles est toujours opérationnel.

Morgane Eymin