Drôme Agri Solaire : favoriser le photovoltaïque sur bâtiments existants
La création de la SAS Drôme Agri Solaire concrétise le partenariat de la chambre d’agriculture de la Drôme avec la SEM Rovaler, la société Legendre Énergie et le Crédit Agricole Sud Rhône-Alpes. Objectif : produire des énergies renouvelables d’origine agricole et apporter un maximum de garanties aux agriculteurs qui ont le projet d’équiper leurs bâtiments en panneaux photovoltaïques.

Le 30 septembre dernier, les élus de la chambre d’agriculture de la Drôme ont adopté à l’unanimité une délibération autorisant la structure à participer au capital1 de la SAS Drôme Agri Solaire, actant ainsi son partenariat avec la société d’économie mixte (SEM) Rovaler2, la société Legendre Énergie et le Crédit Agricole Sud Rhône Alpes. « Nous nous sommes lancés dans cette réflexion bien avant qu’il ne soit question du projet de loi sur l’accélération du déploiement des énergies renouvelables, rappelle Thierry Mommée, élu en charge du dossier à la chambre d’agriculture. Nous sommes certains que l’agriculture peut apporter énormément dans ce déploiement mais en mettant des priorités, notamment en faveur du photovoltaïque en toiture et sur bâtiments existants. »
Lever les freins
Depuis 2021, la chambre d’agriculture de la Drôme travaille avec la SEM Rovaler pour identifier le potentiel des toitures sur le territoire de Valence Romans Agglo [lire ici]. « Trois freins majeurs ont été identifiés auprès des agriculteurs. D’abord, la lourdeur des dossiers. Les agriculteurs se sentent démunis et ne font pas forcément confiance aux sociétés qui les démarchent. Ensuite la question des assurances liées à la pose de panneaux photovoltaïques sur bâtiments existants. Et enfin le coût du projet, la plupart des bâtiments identifiés nécessitant un désamiantage et parfois un renforcement de structure », détaille Gilles Tallotte, responsable du projet à la chambre d’agriculture. La SAS Drôme Agri Solaire vise notamment à lever ces freins.
« Dans un premier temps, l’idée est d’agglomérer suffisamment de projets pour répondre aux appels d’offres de la commission de régulation de l’énergie (CRE), soit un minimum de 3 mégawatts crête (Mwc). Drôme Agri Solaire constitue des grappes de projets, concrétisées par la création de filiales dans lesquelles agriculteurs, collectivités ou coopératives intéressés peuvent être associés », poursuit Gilles Tallotte. Chaque exploitant se voit proposer un projet de bail sur 25 ans pour la mise à disposition de sa toiture, soit avec versement d’une soulte de départ, soit avec loyer régulier. Mais avant d’en arriver là, le projet doit être évalué au regard de sa faisabilité technique. Le coût des travaux à réaliser pour permettre au bâtiment d’accueillir l’installation photovoltaïque doit également rester raisonnable pour l’agriculteur. « L’idée est que la soulte versée permette à l’exploitant de financer la mise à niveau technique de son bâtiment et le coût des assurances », explique Gilles Tallotte.
Éviter la consommation de foncier
Les aides au désamiantage proposées par la Région en 2022 ont d’ailleurs été un levier important pour certains projets. « Ces aides sont arrivées au bon moment. Nous espérons que la Région et peut-être l’État, dans le cadre du projet de loi sur l’accélération du déploiement des énergies renouvelables, continueront d’apporter un soutien sur cette question. L’enjeu est de faire perdurer des bâtiments plutôt que de consommer du foncier », souligne Thierry Mommée.
En participant à la société Drôme Agri Solaire, la chambre d’agriculture se donne pour mission d’être vigilante sur les propositions faites aux agriculteurs. « Nous sommes là pour essayer d’équilibrer les intérêts et faire que la plus-value du photovoltaïque profite également aux agriculteurs », insiste Gilles Tallotte.
Une première grappe d’une dizaine de projets est quasiment constituée et pourrait entrer en production fin 2023. Compte tenu du périmètre d’intervention de la SEM Rovaler (territoire Valence Romans Agglo et territoires des communautés de communes limitrophes), la SAS Drôme Agri Solaire est opérationnelle sur la moitié nord du département. Lors de la session du 30 septembre 2022, des élus de la chambre d’agriculture ont également souhaité qu’une réflexion similaire soit engagée pour le sud du département.
Sophie Sabot
Pour toute question : chambre d’agriculture de la Drôme au 04 75 82 40 00.
1 Capital de 1 000 € réparti à 14 % pour la chambre d’agriculture de la Drôme, 11 % pour le CA Sud Rhône Alpes, 35 % pour la SEM Rovaler et 40 % pour Legendre Énergie.
2 Rovaler est un opérateur énergétique local qui réunit Valence Romans Agglo, la Caisse des dépôts et consignation, la Compagnie nationale du Rhône et Energie partagée investissement.
2 300 m² de bâtiments rénovés et couverts de panneaux photovoltaïques

Guillaume Delay est à la tête de l’EARL des Gallands à Montmeyran. Il élève 200 chèvres (production collectée par Eurial) et cultive 80 hectares (semences, fourrages et grandes cultures). Depuis son installation en 2002, l’exploitation a connu de nombreuses évolutions. « J’ai d’abord repris les deux bâtiments de mon père en production de dindes, l’un de 1 000 m² construit en 1972, l’autre de 1 300 m² datant de 1988. En 2005, avec mon beau-frère, nous avons constitué un Gaec et créé l’atelier caprin. La chèvrerie a été construite sur l’emplacement d’un troisième poulailler, qui n’était plus en activité et que nous avons rasé », précise Guillaume Delay. En 2019, un nouveau tournant s’amorce faute de débouchés pour les dindes. « On nous proposait une reconversion des bâtiments en poulets mais qui nécessitait de gros investissements », explique l’exploitant. Son beau-frère décide de sortir du Gaec fin 2020. Guillaume Delay se retrouve seul à la tête de l’exploitation avec une chèvrerie, deux anciens poulaillers destinés pour l’un au stockage des matériels de la cuma et de l’exploitation, pour l’autre à l’élevage des chevrettes, ainsi que quatre hangars de stockage. Autant dire que la surface de toitures disponible intéresse quelques opérateurs du photovoltaïque.
Rente annuelle
« J’ai été pas mal démarché. Je ne souhaitais pas mettre de photovoltaïque sur la chèvrerie. Sur les hangars, c’était compliqué du fait des contraintes imposées par les assurances », poursuit-il. Restaient donc les anciens poulaillers. « J’avais fait réaliser une étude par la chambre d’agriculture mais le coût du désamiantage était beaucoup trop élevé », résume-t-il. En 2021, la chambre d’agriculture et la SEM Rovaler l’informent d’une aide de la Région sur le désamiantage. Nouvelle étude, avec une subvention annoncée de 50 % qui sera finalement ramenée à 35 %. « Nous avons revu plusieurs fois la copie », confie Guillaume Delay. Notamment parce que la première option choisie - la prise en charge intégrale des travaux par la société Drôme Agri Solaire (DAS) et le versement d’une soulte initiale pour la mise à disposition de la toiture pendant 25 ans - aurait pu avoir des incidences fiscales pour l’exploitant. « Finalement, j’ai choisi l’option d’une rente annuelle. Je vais emprunter sur 15 ans pour financer les travaux*. La rente permettra de couvrir le remboursement du crédit. Après 15 ans, je bénéficierai de l’intégralité de la rente annuelle. Au bout de vingt ans, les onduleurs seront changés et la rente divisée par deux pour les cinq dernières années. Dans 25 ans, je serai propriétaire de l’installation », détaille l’exploitant. Il a d’ores et déjà signé une promesse de bail avec DAS qui gère tous les aspects administratifs (permis de construire, raccordement au réseau…). Les travaux de désamiantage et de remplacement par des panneaux bac acier devraient démarrer au printemps. L’installation représentera une puissance de 462 KWc. Guillaume Delay reconnaît que la présence d’un opérateur comme DAS, associant la chambre d’agriculture et les collectivités via la SEM Rovaler, « donne davantage confiance. J’ai toutefois refusé de signer trop vite, pris le temps de réfléchir et de bien peser le pour et le contre. »