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Démonstration

Des outils pour travailler le sol en forte pente

A l'initiative des chambres d'agriculture d'Ardèche et de Drôme et de l'association Syrah recherche & développement, une cinquantaine de vignerons ont suivi la journée de démonstration de matériels de travail du sol en forte pente organisée à Tain-l'Hermitage sur les parcelles de la cave coopérative de Tain et de la Maison Chapoutier.
Des outils pour travailler le sol en forte pente

La réduction des molécules autorisées pour le désherbage chimique encourage depuis plusieurs années les vignerons à chercher des solutions alternatives. Mais le retour au désherbage mécanique ne s'improvise pas, surtout dans les vignes en forte pente et à forte densité. L'après-midi de démonstration préparé par les chambres d'agriculture de Drôme et Ardèche a permis de voir en fonctionnement les différentes possibilités existantes, dont quelques nouveautés*.

 

Le cheval : une option, pas du folklore

Le labour... au mulet.

Première option observée, le cheval. Si le retour à l'usage de l'animal paraissait incongrue il y a encore quelques années, le nombre croissant de vignerons qui font appel à son service atteste de son intérêt et de sa fiabilité. Bien dressé, il sait travailler lentement et répondre aux ordres précis de son « pilote ». Il permet de faire moins de casse que la mécanique dans les vieilles parcelles aux souches irrégulières. Rhône-Alpes traction animale avait également amené un mulet, à la corpulence plus effilé qu'un cheval de trait mais tout aussi valeureux. « Le mulet est robuste, saute les murets mais est plus dur à dresser », confie Thierry Bret. L'usage des équidés a cependant ses limites : ils ne peuvent travailler face à de fortes pentes et ont besoin d'un peu d'espace pour tourner en bout de rang. Et bien sûr, le cheval est plus lent que la mécanique (4 à 5 fois plus qu'un chenillard par exemple). « Il lui faut 10 à 12 heures selon la configuration des lieux pour décavaillonner un hectare et 8 à 10 heures pour un buttage ou un binage », poursuit le laboureur.

Le chenillard utile en plaine et sur les terrains pentus.

Autre élément à prendre en compte, le coût du prestataire de services qui s'élève entre 53 et 55 euros de l'heure. Le producteur doit donc être capable de bien valoriser ses vins au final pour amortir ce coût. Cette option a retenu l'attention du domaine Clape à Cornas. « Je n'y croyais pas et finalement, je suis séduit. On travaille plus profond, on ouvre les sols, la terre s'affine. L'eau descend dans le sol, les vignes se portent bien, résistent mieux aux aléas climatiques. On fait faire ce travail en prestation de services, trois ou quatre passages par an dont un buttage de préparation en fin de saison. Ce n'est pas dans un but commercial, je n'ai pas la certification bio, mais pour arrêter les désherbants. Et puis cela nous libère du temps pour nous occuper de nos coteaux », justifie le jeune vigneron.
Une demi-douzaine de modèles de chenillards ont été présentés, et pour certains testés sur une parcelle de la maison Chapoutier. Les tracteurs à chenille, qui impactent peu le sol, ont fait leur preuve dans les vignes plantées serrées. Certains modèles sont très étroits (60 à 95 cm de large) et savent allier puissance et maniabilité. Ils reçoivent tous les outils du travail du sol, interceps compris, et peuvent travailler dans de bonnes pentes si nécessaire (jusqu'à 70 %). Certains modèles existent en poste de conduite réversible. Le chenillard peut également être utilisé pour la pulvérisation ce qui en fait un matériel vite amortissable pour son propriétaire.

 

Quelles solutions pour les terrasses ?

Un motoculteur au cadre renforcé pour les parcelles difficiles.

L'usage du treuil demeure une possibilité intéressante pour les fortes pentes, même s'il nécessite la présence de deux personnes. Jean-Paul Bes a présenté un prototype de la maison Drago, totalement hydraulique, simple d'utilisation avec une vitesse réglable en continu et des facilités d'enroulement du câble. Autre possibilité proposée par les Etablissements Fatton, un treuil portatif, à moteur thermique ou hydraulique. Léger, démontable, il peut être emmené « partout ». Une qualité précieuse quand il y a peu de place en haut du rang.
Mais là où les vignerons s'interrogent, ce sont sur les terrasses avec des murets rapprochés des ceps qui empêchent tout usage du chenillard, du cheval ou du treuil. Il reste alors l'option motoculteur adapté à la vigne avec cadre renforcé. Leur conduite est un peu physique mais adapté au terrain.
Sinon, il y a la pioche... qui peut être électrique (!) ou le désherbage thermique qui fonctionne au gaz (voir encadré).
Philippe Desmeure (domaine de Remizières à Mercurol) a participé avec intérêt à cette journée de démonstration. Sur son domaine, il utilise plusieurs méthodes. « En 2007, nous avons décidé de limiter autant que possible le recours aux herbicides. Je travaille avec un chenillard sur les plus grandes parcelles bien aménagées et avec le cheval pour le reste. Je passe juste du foliaire dans les endroits les plus accidentées. Peut être que pour ces parcelles-là, la solution serait l'usage d'un petit motoculteur ? » s'interroge-t-il. Le but de la journée semble atteint : accompagner et guider les vignerons dans leur réflexion.
D. B.
* Les concessionnaires et prestataires présents : Bes (Drago, Camisa), Etablissements Fatton, Rhône-Alpes traction animale, Cédric Fosse, Chenillards Loeffel & Cie.

 

 

Des alternatives aux herbicides

Plusieurs outils innovants ont été présentés aux vignerons le 23 avril.
Désherbeur thermique
Le désherbeur thermique.
Pesant comme un atomiseur, le désherbeur thermique au gaz offre une possibilité crédible là où la mécanique ne passe pas. Le choc thermique brûle les plantes avec efficacité et est suffisamment précis pour ne pas risquer d'endommager la vigne. Edgar Girard, vigneron à Mercurol, l'a testé et devrait l'adopter pour une parcelle de saint-joseph non mécanisable. « Mais il faut utiliser cet outil de janvier à avril-mai, à raison de trois ou quatre passages. Ensuite, il est soumis à la législation sur les feux. Il faut être prudent pour ne pas risquer l'incendie. » Autre point faible, le gaz sous pression finit parfois par givrer obligeant le changement de recharge. Sans cette avarie, une recharge tient 5 heures pour une surface de près de 4 000 m2.

Un robot bineur autonome
Le robot bineur.
Inventé pour le maraîchage, ce robot, développé par l'entreprise Naïo Technologies et baptisé Oz, assure des opérations de binage superficielle en totale autonomie. On peut le laisser seul, il se repère aux obstacles et il prévient son propriétaire par SMS en cas de problème. L'autonomie des batteries est évaluée à une demi journée. Si ce robot peut faire le bonheur des vignerons des plaines, il n'est pas encore adapté aux pentes ou aux rangées trop étroites.

Une pioche électrique
La pioche électrique.
Outil emblématique des jardins, la pioche a désormais sa version électrique munie d'un étrier en ferraille qui vibre et fait le travail. L'effort à produire par l'utilisateur est nettement moindre qu'avec une pioche classique. Même s'il faut porter la batterie, il réduit sensiblement la pénibilité (mal de dos, ampoules...). Point faible, l'étrier s'use vite et est à changer au bout de trois jours. Il existe néanmoins des possibilités pour le renforcer et allonger sa durée de vie jusqu'à trois semaines. Une alternative à tester dans les parcelles accidentées.