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TRAITEMENT

De bons réglages pour optimiser la pulvérisation

Face aux évolutions de la réglementation mais aussi à une pression croissante de l’opinion publique, la pulvérisation de traitements dans les parcelles devient de plus en plus pointue.

De bons réglages pour optimiser  la pulvérisation

«Aujourd'hui, les viticulteurs prennent d'eux-mêmes conscience du contexte et poussent beaucoup pour réduire les traitements. Cette volonté remonte, via les concessionnaires, jusqu'aux fabricants. Depuis un ou deux ans, les solutions de pulvérisation évoluent beaucoup », déclare Olivier Bonnefond , gérant de Pulvécenter. L'organisme, agréé par l'État pour procéder tous les cinq ans au contrôle technique des pulvérisateurs, délivre également un conseil primordial aux agriculteurs : apprendre à connaître ses appareils d'épandage de produits phytosanitaires, le réglage du pulvérisateur complétant l'obligation réglementaire.
Son expertise, Olivier Bonnefond l'a notamment dispensée mercredi 22 juin, dans le cadre de journées régionales de démonstration de matériel relayées dans les départements par les chambres d'agriculture. Sur une parcelle en face de la cave coopérative de Saint-Pantaléon-les-Vignes (groupe Cellier des Dauphins), qui compte 180 coopérateurs dont 13 en bio et 14 sous label « Agriconfiance », une dizaine d'engins à jets pneumatiques, portés ou projetés attendaient d'être mis en route(1). « L'objectif est de montrer aux viticulteurs les innovations permettant de réduire les doses, d'éviter la dérive et de s'adapter à la réglementation, le plan Écophyto 2 notamment », indiquent Amandine Fauriat et Julien Vigne, conseillers viticulture respectivement en Ardèche et dans la Drôme, et coordinateurs de l'opération.

Le calibrage des gouttelettes est à surveiller de près pour de bons résultats.


Vitesse d'air, débit et régulation


Les réponses techniques des constructeurs sont par exemple le développement accru des panneaux de récupération (le produit est refiltré, recyclé et retourne en cuve), l'installation de mains de retour ou la réduction des bruits de turbines. « Lors d'un contrôle technique, nous observons 180 points différents. Notre pédagogie est plutôt de voir comment aider les vignerons à s'adapter en fonction de leurs besoins. Il y a déjà beaucoup à faire de ce côté-là », reprend Olivier Bonnefond.
D'abord, être attentif au calibrage des gouttelettes : l'heure est à la micronisation. Une gouttelette trop lourde est plus difficile à porter et peut rebondir. Avec une micronisation plus fine – sans devenir un brouillard - et la même quantité de produit, la pulvérisation est plus efficace, à condition d'un réglage adéquat de la vitesse d'air et de la pression : deux à quatre bars pour un jet pneumatique, soit 90 % du matériel utilisé dans le secteur ; 2,5 bars pour un jet projeté ; 5 à 8 bars pour un jet porté.
Le bon déroulement de la pulvérisation est également le résultat d'une chaîne de multiples points de vigilance. La propreté du matériel (de la cuve, des clapets et membranes de la pompe...) est fondamentale, tout comme le réglage du débit. Celui-ci doit être d'une intensité suffisante pour permettre le brassage tout en évitant l'effet mousse. La pompe doit être vérifiée régulièrement (contrôle sur quatre valeurs de pression). Par ailleurs, « la filtration est l'un des nerfs de la guerre, déclare encore le gérant de Pulvécenter. Il faut être particulièrement rigoureux lorsque l'on opte pour des panneaux de récupération. » La régulation du débit est aussi à considérer. « Maintenir un débit constant peut être compliqué, en particulier en viticulture car les parcelles sont plus morcelées », explique-t-il. Les nouvelles générations permettent un débit proportionnel à l'avancement électronique (DPAE).
Des ajouts sur les appareils sont possibles pour réduire l'impact de sa pulvérisation. La mise en place de buses anti-dérive homologuées (déjà très utilisées en grandes cultures) dans les zones non traitées (ZNT) permet de réduire la distance autorisée avec les cours d'eau lors de l'épandage (5 m au lieu de 20 ). Pour l'instant, sept dispositifs sont homologués (dont celui du fabricant Dhugues, représenté mercredi) mais de nombreuses démarches sont en cours auprès de l'Irstea(2).
Reste que, face à la diversité et la variabilité des paramètres (équipement choisi, sol, climat, hygrométrie, stade végétatif, etc.), le diagnostic matériel et les préconisations de réglage se font au cas par cas, d'où l'intérêt de se faire accompagner. 
T. R.
(1) Les marques représentées : Hardi, Calvet, Idéal, Berthoud, S21, Dhugues.
(2) Institut de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture.