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Nouvelle IGP

Chez Damien Félix, première récolte d’abricots des Baronnies sous IGP

Installé depuis 1998 à Sahune, sur les terres familiales, Damien Félix a eu la satisfaction de voir l’abricot des Baronnies, qu’il cultive depuis toujours, obtenir l’indication géographique protégée (IGP) en avril.

Chez Damien Félix, première récolte d’abricots des Baronnies sous IGP
Damien et Roxane Félix, à la tête de l’EARL des Coteaux du Midi, cultivent 17 hectares d’abricotiers. © AP_AD26

Quatrième génération d’une famille d’agriculteurs, Damien Félix a repris l’exploitation de 34 hectares à Sahune, au cœur du parc naturel régional des Baronnies provençales. Si les premiers abricotiers ont été plantés en 1964, ce n’est que depuis 1998 qu’il gère l’EARL des Coteaux du Midi certifiée en haute valeur environnementale (HVE), aux côtés de son épouse Roxane. « Auparavant, la ferme comprenait un élevage de moutons, ainsi que des cultures de céréales, fourrages, oliviers et vignes. Aujourd’hui, nous nous concentrons sur la production d’abricots, de cerises et d’olives de Nyons. Les vignes sont amenées à disparaître, explique Damien Félix. Nous avons dix-sept hectares d’abricotiers menés en Global Gap*, ce qui représente environ 60 % de notre chiffre d’affaires », poursuit-il. Et d’ajouter : « Je suis passionné par l’abricot. J’aime mener le fruit de A à Z et avoir la reconnaissance du consommateur ». Une reconnaissance qui ne fait que s’accroitre, en témoigne la publication au journal officiel de l’Union européenne de l’enregistrement de l’IGP abricot des Baronnies, le 2 avril dernier. Une belle victoire, dix ans après le début des discussions, pour les producteurs de l’aire géographique de l’IGP.

Vers des marchés haut de gamme

C’est donc la première récolte où les producteurs et metteurs en marché peuvent revendiquer l’IGP. « Ce signe de qualité nous a permis d’aborder d’autres marchés haut de gamme, comme à Rungis, avoue Damien Félix, membre du conseil d’administration du syndicat des producteurs d’abricots des Baronnies. L’IGP m’a ouvert des portes, c’est certain. J’ai même été démarché par un grossiste qui recherchait de l’abricot des Baronnies, à des prix plus que corrects, supérieurs à 3 €. Globalement, nous valorisons notre production IGP de trente centimes au kilogramme ». Jusque-là, l’EARL des Coteaux du Midi commercialisait ses produits auprès de l’enseigne Grand Frais et d’un réseau de magasins de producteurs à Nancy, Besançon, etc. Une clientèle plus locale se rend directement sur l’exploitation pour faire ses achats.

Une première saison timide

De nouveaux débouchés pour valoriser davantage ses abricots, Damien Félix n’en espérait pas moins. En revanche, c’est une saison en demi-teinte qui s’annonce. « Globalement, nous avons 50 % de production en moins cette année, faute de floraison. Certaines variétés emblématiques du secteur, comme les Bergeron ou les Orangered, n’ont rien donné... D’ailleurs, certains collègues n’ont quasiment rien récolté… cela nous gâche un peu l’euphorie », explique-t-il. De ce fait, l’arboriculteur a limité son entrée dans de nouveaux circuits de distribution : « Il faut pouvoir assumer les volumes et fournir de manière régulière nos clients. Pour l’instant, les retours que l’on a sont très bons », se réjouit-il. Toutefois, il reste prudent quant à l’avenir. « Si la production n’est pas régulière, cela va commencer à devenir compliqué. Nous allons réaliser une réserve d’eau de 20 000 m³ pour sécuriser au maximum notre exploitation des futures sécheresses. On ne peut pas se permettre de manquer d’eau, comme l’an passé. Nous avons également investi sur des protections anti-gel, sur des filets paragrêle… Mais il est difficile de faire plus », déclare-t-il. Dans ce contexte, Damien Félix n’hésite pas à chercher de nouvelles variétés d’abricotiers, plus rustiques et plus tardives, comme les variétés Oscar et Nelson.
Pour se démarquer et palier aux années en-deçà, l’EARL des Coteaux du Midi envisage également d’implanter de nouvelles espèces, comme les amandes, pistaches ou encore grenades. « Je réfléchis à diversifier davantage l’exploitation pour l’adapter aux évolutions climatiques. En revanche, je m’assurerai en premier lieu de trouver les débouchés nécessaires avant de me lancer », conclut-il.

Amandine Priolet
* Global Gap : certification pour la qualité et la sécurité des filières 

L’IGP Abricot  des Baronnies

Fruit de montagne à 200 m d’altitude minimale.
Aire géographique : 87 communes (Drôme, Vaucluse, Hautes-Alpes).
Treize variétés autorisées : Lido, Sefora, Orangered, Délicecot, Bergeval, Digat, Bergarouge, Orangé de Provence, Ladycot, Bergeron, Rosé de Provence, Anegat et Oscar. 
Calibre minimal autorisé : A.
Taux de sucre moyen : supérieur à 12°Brix.
Coloration rouge. 

« L’IGP Abricot des Baronnies  est de plus en plus recherchée »

« L’IGP Abricot des Baronnies  est de plus en plus recherchée »
Les macarons « IGP Abricot des Baronnies » commencent à fleurir sur les plateaux d’abricots de l’exploitation. © AP_AD26

Le mot du président du Syndicat de l’abricot des Baronnies, Franck Bec.
Face à un retard - voire une absence - de floraison, la récolte d’abricots sera en demi-teinte cette année, avec une moyenne de 25 à 30 % de la production habituelle. « L’ensoleillement de ces derniers jours nous a fortement favorisés, les fruits ont eu le temps de bien mûrir et le taux de sucre est intéressant. Au niveau qualitatif, l’IGP Abricot des Baronnies sera au top, prévient Franck Bec, président du syndicat des producteurs d’abricots des Baronnies. Nous devrions répondre à notre objectif de 1 000 tonnes sous IGP pour cette campagne, ce qui est plutôt pas mal pour une année comme celle-ci, d’autant plus que le marché de l’abricot est coincé avec les productions d’Italie et d’Espagne », poursuit-il. Pour autant, depuis quelques semaines, l’abricot des Baronnies - commercialisé à un prix supérieur de 30 % - fait face à un intérêt tout particulier : « Nous avons plus de facilité à le mettre sur le marché. L’IGP est de plus en plus recherchée par les consommateurs et les metteurs en marché. La demande est intéressante et l’on ressent que la marque est en train de se créer », se réjouit Franck Bec, lui-même producteur à Saint-Auban-sur-l’Ouvèze.
La validation de l’IGP Abricot des Baronnies, début avril, a amené le syndicat à réfléchir à une identité visuelle. « Nous n’avons pas encore finalisé les choses, mais nous travaillons avec une société valentinoise sur la réalisation de communiqués de presse mais aussi sur la conception de nouveaux plateaux, de nouvelles barquettes... », conclut-il. 
A. P.