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Ventilation

Aviculture : air de qualité rime avec performance et santé

La qualité de l’air d’un bâtiment en élevage avicole dépend de la capacité de ventilation, qui nécessite le bon fonctionnement des sondes, des ventilateurs ou encore des entrées d’air. Limiter la concentration en C02, en vapeur d’eau et en ammoniac est essentiel pour réduire les impacts négatifs sur la santé des volailles et des éleveurs.
Aviculture : air de qualité rime  avec performance et santé

En élevage, l'air des bâtiments est vicié par différentes sources d'émissions comme la respiration des animaux (vapeur d'eau et dioxyde de carbone) ; l'évaporation et la décomposition de l'acide urique (vapeur d'eau et ammoniac) ou encore la combustion incomplète liée au chauffage du bâtiment (monoxyde de carbone). Si ces différents polluants dépassent certaines limites à cause d'une ventilation insuffisante, déficiente ou mal réglée, cela peut avoir plusieurs impacts sur la santé des animaux et des personnes y travaillant quotidiennement, et des effets négatifs sur la production ou la croissance des animaux.

Des conséquences fortes sur la santé

Le dioxyde de carbone a tendance à favoriser les ascites* chez les volailles, notamment si le niveau en CO2 dépasse les 6 000 ppm. Au-delà de 12 000 ppm, les animaux halètent pour tenter de compenser le manque d'oxygène. À 9 000 ppm, les constats montrent que la mortalité cumulée des animaux est plus importante qu'à 3 000 ppm. Une trop forte présence de C02 entraîne également une dégradation de l'indice de consommation et une réduction de la croissance des animaux. Sur l'homme, une forte concentration en C02 peut provoquer une acidose respiratoire en cas d'exposition pendant 30 minutes à un niveau supérieur à 10 000 ppm.
De son côté, l'ammoniac (NH3) provoque également l'augmentation d'ascites dès un niveau d'ammoniac supérieur à 25 ppm. Si les taux de NH3 dans l'air à hauteur des animaux dépassent 60 ppm le nombre de maladies respiratoires et de problèmes oculaires augmente significativement. Au-delà de 50 ppm à hauteur des volailles, la croissance est réduite. Sur l'homme, les yeux et le système respiratoire sont irrités dans des niveaux compris entre 6-20 ppm, des maux de tête et des nausées peuvent se manifester au-dessus de 40 ppm. Enfin, le monoxyde de carbone réduit la capacité des animaux à fixer l'oxygène. Il entraîne chez l'homme des maux de tête, des vertiges ou de la fatigue dans des niveaux inférieurs à 200 ppm mais peut être mortel lors d'une exposition supérieure à 3 heures pour une concentration de 400 ppm, en moins d'une heure si le taux est supérieur à 1 800 ppm et entraîne un décès immédiat si la concentration dépasse les 2 800 ppm.

Optimiser l'ambiance et la ventilation

Plusieurs préconisations sont à suivre pour assurer la bonne ventilation d'un bâtiment avicole. Bien sûr, une ventilation efficace est un premier point permettant d'assurer un débit d'air minimum. Le choix d'échangeurs-récupérateurs de chaleur permet de ventiler tout en perdant peu de calories pour ne pas grever le poste de chauffage. La ventilation doit renouveler l'air, assurer sa circulation au niveau des animaux, ce qui permet également d'assécher la litière et d'éviter la formation d'ammoniac. Une litière bien asséchée permet de réduire les problèmes de pododermatites par exemple. La réduction de l'ammoniac passe également par une bonne gestion de la litière et de la distribution d'eau aux animaux. En effet, une litière trop humide génère une production supplémentaire de NH3 et de vapeur d'eau. Un ajout de litière peut être nécessaire en fonction des besoins et un système d'abreuvement des volailles adapté et correctement réglés permet d'éviter les fuites. Enfin, en privilégiant un système de combustion externe, cela permet de ne pas avoir de rejet de vapeur ou de CO2 dans le bâtiment et limite les risques de formation de monoxyde de carbone.

Réaliser un diagnostic ventilation

En cas de baisse de la performance de l'élevage, la ventilation du bâtiment peut être l'un des causes. Il peut alors être nécessaire de faire réaliser un diagnostic ventilation afin de régler les problèmes de gestion de l'ambiance d'un poulailler. La première étape d'un diagnostic est de vérifier toutes les sondes de température et d'hygrométrie en comparant les résultats trouvés dans le bâtiment à ceux du boîtier de régulation. En cas de décalage, il faut ré-étalonner chaque capteur sur les valeurs indiquées par la sonde mobile lors du diagnostic. Ensuite, la deuxième étape est de contrôler le débit réel de chaque ventilateur. Attention, dans le boîtier de régulation, il est conseiller de n'entrer que 80 % du débit annoncé par le constructeur car des pertes supplémentaires dues à l'usure des moteurs, des volets s'ouvrant mal réduisent au final le débit des ventilateurs et faussent les paramètres de ventilation. Le diagnostiqueur vérifie aussi la vitesse d'air au sol avec une sonde équipée d'un fil chaud. Pour les poussins, il ne faut pas dépasser 0,3 m/seconde de vitesse d'air au sol. À 0,5 m/s, la température ressentie par les poussins est inférieure de 4 °C comparé à 0,3 m/seconde.
La dernière étape du diagnostic est de vérifier la circulation de l'air dans le bâtiment à l'aide de fumigènes pour visualiser les endroits du poulailler où il peut y avoir un dysfonctionnement. Ces différentes étapes permettent de remettre à niveau le système de ventilation pour retrouver une ambiance saine au sein du bâtiment. 
* L'ascite consiste en une accumulation dans la cavité abdominale de sérosité non inflammatoire pouvant contenir des caillots de matière jaune. Chez le poulet, une carence en oxygène provoque par une augmentation de la pression artérielle pulmonaire, ce qui constitue la première cause d'ascite.

 

Focus /Vérifier régulièrement les circuits d’air au fumigènePour comprendre et analyser les circuits d’air de son bâtiment, il est indispensable de pouvoir les visualiser, d’où l’importance du fumigène. « Je conseille aux éleveurs d’avoir toujours de la poudre fumigène à disposition et de ne pas hésiter à faire le test de temps en temps. Si à un endroit du poulailler la litière reste humide, c’est peut-être que la veine d’air n’a pas un circuit correct. Le fumigène permet alors de s’en rendre compte et de résoudre le problème », explique Félix Mahé.