Au musée des Confluences, on peut toucher la lune !

Cela fait maintenant bientôt quinze ans qu'on en parle et plusieurs années qu'il pousse à l'entrée sud de Lyon. Le 20 décembre dernier, le musée des Confluences s'est enfin dévoilé. Près d'un mois après son ouverture, je pénètre dans cet écrin qui me fait l'effet d'un vaisseau extraterrestre. L'entrée dans le Cristal (lire ci-dessous) me coupe le souffle. Le soleil inonde la pièce. Tout est réuni ainsi de mettre le visiteur dans les meilleures conditions pour découvrir ce musée dont l'ambition est grande : raconter l'Homme. Bruno Jacomy m'interrompt dans ma contemplation. Le conservateur en chef du musée s'est rendu disponible pour me faire découvrir les trésors exposés ici. Ensemble, nous empruntons l'escalier qui s'enroule autour du puits de gravité et arrivons au deuxième étage.
Le grand récit de l'humanité
Déployé sur 3 000 m2, le parcours permanent propose de raconter le grand récit de l'humanité en quatre expositions distinctes (Origines, Sociétés, Espèces, Eternités). Dans chacune des salles, les sciences exactes et les récits mythiques se croisent. « Il n'y a pas d'ordre logique dans le parcours. Chaque salle interroge le visiteur sur une dimension de l'être humain ». Nous entrons alors dans l'espace Éternité qui aborde la question de l'au-delà au regard des civilisations et époques différentes. Cet espace où la pénombre révèle avec respect l'intimité des sépultures invite à la méditation. Mon regard se pose sur Tisserande Ychsma. On la distingue à peine. Je m'arrête et observe. Bruno Jacomy me la présente. « Il s'agit d'une momie péruvienne. Au Pérou, les sociétés précolombiennes vénéraient les ancêtres défunts. Les tombes sont directement creusées dans le sol, le corps recroquevillé dans un fardo de tissu ». Momifiée naturellement, la défunte tient encore dans ses mains son métier à tisser, accompagnée d'offrandes, de céramiques et d'objets. Je sors de ce premier espace avec l'envie d'aller encore plus loin, d'en savoir encore plus. Le conservateur en chef m'accompagne jusqu'à l'espace Sociétés.
L'espace Sociétés
Ici, aucune paroi. Le visiteur découvre des pièces issues de cultures et d'époques qui n'auraient jamais pu se rencontrer mais dont le rapprochement fait sens et éveille la curiosité. Un casque guerrier mongol, des boucliers, un accélérateur de particules, un presse-purée... « Chaque objet est présenté comme un objet d'art. Cette salle est la plus déroutante pour le public. Elle nous montre comment les hommes sont reliés entre eux. En effet, chaque culture présente une identité authentique qui se construit aussi par l'appropriation de code qui l'ont influencée. Par exemple, cette statue Baoulé casquée de Côte-d'Ivoire porte un casque colonial occidental signifiant la puissance, le prestige. ». Suspendus au-dessus des plateaux, des écrans diffusent des vidéos d'actualité. Cela fait déjà plus d'une heure et demie que nous déambulons dans le musée.
Les Origines
Bruno Jacomy doit me laisser mais il tient à me montrer sa pièce préférée parmi les plus de 3 000 présentées dans le parcours permanent : le fer rubané. Il me guide jusqu'à l'espace Origines où l'apparition de l'humanité sur Terre est racontée en sens inverse. À l'entrée, ce n'est pas le Big Bang qui nous accueille mais trois femmes, représentantes de trois lignées humaines qui coexistaient il y a 25 000 ans : néanderthalienne, sapiens et florés. Il me présente le mammouth découvert Montée de Choulans à Lyon et me montre dans une vitrine le Fer rubané. Son rouge vif strié de bleu me fascine et il m'est difficile d'imaginer que près de 2,1 milliards d'années d'histoire sont inscrites là sous mes yeux. Les yeux pétillants, le conservateur en chef me fait un dernier cadeau. Il me demande de toucher un petit caillou.
« Vous venez de toucher la lune » s'exclame-t-il. Magique ! Ici, dans le musée, plusieurs objets peuvent être touchés, de quoi faire resurgir son âme d'enfant. Bruno Jacomy prend congé. Je pénètre dans la dernière salle du parcours permanent où des momies animales, des milliers de papillons, un squelette de dodo, un couple de tigres... m'accueillent. Comme une enfant de dix ans, je fais le tour, bouche bée. La tête dans les nuages. Je regarde ma montre. Le temps passe sans que l'on ne s'en rende compte. Mais, avant de partir, je monte sur le toit de ce vaisseau de verre et d'inox et découvre un panorama sur Lyon inédit. Il est temps pour moi de rentrer. À peine les marches du perron descendues, je planifie déjà ma prochaine visite car une seule ne suffit pas.
Marie-Cécile Seigle-Buyat
Infos pratiques
Adresse : 86 quai Perrache, 69002 Lyon.
Ouvert du mardi au vendredi de
11 h à 19 h, samedi et dimanche de 10 h à 19 h, jeudi nocturne jusqu’à 22 h.
Tarifs : billet unique, valable à la journée, pour la visite de l’ensemble des expositions : le parcours permanent et les expositions temporaires.
Adulte tarif plein : 9 €
Adulte à partir de 17 h : 6 €
Jeune de 18 à 25 ans : 5 €
Gratuit pour les moins de 18 ans
Plus d’infos sur www.museedesconfluences.fr
Architecture /
Un écrin futuriste

L’entrée dans le Cristal
Les visiteurs entrent dans le Cristal imaginé comme une place urbaine baignée de lumière. Sous ses 33 mètres de verrière, les visiteurs peuvent circuler librement pour découvrir la vue imprenable sur la confluence des deux fleuves. Leur regard sera sans nul doute attiré par le puits de gravité qui règne au centre de ce lieu de rencontre et d’échange. Tour de force architectural, il porte l’ensemble de la structure. La verrière s’infléchit ainsi vers le bas pour former le puits descendant jusqu’au socle de béton. Autour de lui s’enroulent les passerelles d’accès aux étages du musée. Un endroit idéal pour préparer sa plongée dans le Nuage qui, conçu comme un grand vaisseau de près de 11 000 m2, contient les trésors du musée. n
M.-C. S.-B.