Andaineurs à peignes ou à soleils, le grand retour

Les gyro-andaineurs occupent le terrain depuis une bonne quarantaine d'années en lieu et place des vieux râteaux-faneurs Mc Cormick ou des andaineurs à soleil, les fameux Rémy. Les gyro-andaineurs les ont rapidement remplacés à la faveur de leur vitesse et de leur largeur de travail, reléguant ces vieux matériels au rang des antiquités. Pourtant, depuis quelques années, ces vielles techniques d'andainage refont leur apparition avec des matériels modernisés mais pour un résultat identique à ce qui avait fait leur succès, à savoir la préservation des feuilles des légumineuses et l'absence de terre dans les andains.
Soulever le foin pendant le retournement
L'andaineur à peigne soulève le foin pendant le retournement sans le traîner sur le sol. Les peignes suivent une trajectoire circulaire, entrent verticalement dans le fourrage et le redéposent horizontalement au-dessus du sol sans le charger de terre ou de caillou. Ces andaineurs peuvent avoir plusieurs largeurs et plusieurs configurations. Ils peuvent travailler sur des largeurs de 3 mètres à 8,50 mètres pour les plus larges. Certains modèles peuvent être traînés ou poussés. Ils peuvent tout autant effectuer un andain au centre ou en latéral. Certains peuvent aussi réaliser des andains « de nuit », c'est-à-dire effectuer deux petits andains côte à côte pour éviter que le foin ne se charge de rosée, particulièrement vrai en fin de saison pour les regains.
Pour Jean-Marc Garrel de la société Bricotech à Beaurepaire dans l'Isère qui importe pour la France les andaineurs à peignes de la marque Repossi : « Nos clients sont principalement des agriculteurs qui produisent du lait en AOC, Savoie, Jura, Doubs, Auvergne, Cantal ou même en foin de Crau. Ils veulent avoir un foin indemne de terre pour éviter des fermentations butyriques dans le processus de la transformation fromagère. En production de foin de luzerne également, nos machines trouvent leur place, elles sont moins agressives pour les feuilles pendant l'andainage. Nous en avons vendu cet automne en Alsace pour andaineur des pailles de maïs, un marché auquel nous ne nous attendions pas. Notre cœur de gamme est le modèle six mètres qui peut travailler en poussé comme en traîné et réaliser des andains au centre, en latéral ou de nuit. Il faudra compter autour de 15 000 euros ».
Le retour du « soleil »
Pour les andaineurs à soleils, c'est un peu la même chose, ils font aussi leur retour. En termes de largeur de travail, il est possible d'arriver jusqu'à 12 mètres par passage pour une version du constructeur Tonutti qui se partage le marché avec un autre fabricant italien Enorossi. Ils peuvent, eux aussi, se configurer en andain au centre ou en latéral. Leur grand avantage réside dans leur prix, autour de 1 500 euros le mètre, sauf qu'ils balaient la surface du sol et l'on peut retrouver de la terre et des pierres dans l'andain si la pression au sol de l'appareil est mal réglée, comme pour celle d'un gyro-andaineur d'ailleurs. Pour remédier à ce problème, le constructeur Repossi vient de mettre sur le marché un andaineur soleil à double disque. Un grand diamètre avant qui roule sur le sol et donne le mouvement à un soleil arrière de plus petit diamètre qui soulève le foin et le décharge d'éventuelle présence de terre ou pierre. Un autre avantage des andaineurs soleil est leur vitesse de travail qui peut aller jusqu'à 20 km/heure.
Les andaineurs soleils ou à peignes peuvent séduire dans certains marchés de niche, leur rapport prix/largeur de travail est intéressant. Mais le gros du marché reste encore celui du gyro-andaineur qui conjugue robustesse, rapidité et modularité. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que les grands constructeurs, comme Kuhn, Krône, Claas, Pottinger... n'ont pas encore choisi d'avoir d'offre à leur catalogue dans ce type de machine.
Roland Saint Thomas