Agriculture biologique : dernières évolutions réglementaires
Rotation des cultures annuelles, chauffage des serres, désherbage des cultures ou encore accès à l’extérieur pour les herbivores bio font partie des dernières évolutions de la réglementation bio.

Rotation des cultures annuelles
La rotation des cultures annuelles est obligatoire en bio, ce qui implique une interdiction de la monoculture. L’Inao a précisé cet été les conditions minimales à respecter pour une rotation : « À défaut de pouvoir indiquer les rotations types acceptables au minimum, l’organisme de contrôle doit s’assurer que l’opérateur applique par parcelle une rotation pluriannuelle, sauf pour les surfaces en herbe et les cultures pérennes. La succession de cultures dans une rotation doit s’apprécier globalement au regard de la gestion de la fertilité des sols et des bioagresseurs.
Une culture annuelle est une culture dont le cycle de vie est court et inférieur à un an. Une culture issue d’un re-semis naturel ne peut pas être considérée comme une culture semi-pérenne et doit donc être comptabilisée deux fois dans la rotation. Notamment en grandes cultures, la production d’une même culture alternée par un engrais vert ou une culture dérobée (quelle qu’en soit la durée), sur la même parcelle tous les ans, ne constitue pas une rotation au sens du règlement. La diversité des espèces cultivées avec légumineuse(s) constitue un facteur essentiel à prendre en compte ; moyennant cette condition, la succession de plusieurs céréales d’espèces différentes, voire sur deux ans d’une même espèce, est acceptable ».
Chauffage des serres
Pour toutes les exploitations entrant en conversion à partir du 1er janvier 2020, les producteurs sont soumis à l’obligation d’utiliser uniquement des énergies renouvelables pour chauffer les serres. Pour les exploitations en conversion ou certifiées avant cette date, cette obligation entrera en vigueur au 1er janvier 2030. Ces obligations ne s’appliquent pas à la production de plants.
Les apports de terres non biologiques sont interdits. Les remontées de terre au sein d’une même parcelle suite à des intempéries sont possibles.
Techniques de désherbages des cultures bio
Pour lutter contre l’envahissement des mauvaises herbes et dans le respect des principes de généraux de l’AB, seuls les moyens cités à l’annexe II Partie I point 1.10.1. du RUE 2018/848 sont utilisables :
- rotation, procédés mécaniques de culture (binage, buttage, hersage, travail du sol), solarisation ;
- désherbage thermique (solarisation, brulage...), électrique ou physique.
Le traitement à la vapeur n’est possible que pour les cultures protégées et à une profondeur maximale de 10 cm. On entend ici par « culture protégée » les abris permanents de type serres, tunnels ainsi que les protections temporaires types films, toiles, couvertures, mulch. Ce traitement peut être pratiqué sur les cultures qui recevront une protection temporaire au cours de leur cycle végétatif ;
- paillages naturels (composants listés à l’annexe II dont le paillage végétal) ou plastiques biodégradables répondant à la norme NF EN 17033 paillages papier. Ces paillages ne doivent pas être issus d’OGM ;
- paillages non biodégradables respectant la réglementation sur la récupération des déchets. Les paillages oxodégradables aussi appelés « fragmentables » sont interdits.
Le traitement des maladies par des méthodes physiques (ex. traitement UV) est autorisé.
L’accès au pâturage et/ou aires extérieures
L’accès au pâturage et la pâture constituent des obligations en production biologique pour les herbivores (bovin, ovin, caprin, équin) : la disponibilité suffisante en surfaces de pâture doit constituer un préalable à l’engagement de l’opérateur en bio.
Lorsque les conditions extérieures ne permettent pas la sortie des animaux, ils peuvent être maintenus temporairement en bâtiment sans accès à un espace de plein air. Par exemple, en période de canicule ou de froid extrême (conditions climatiques) ou lorsque le sol est inondé (état du sol).
Les modalités qui permettent le pâturage sont donc la disponibilité d’herbe, les conditions climatiques, saisonnière, sanitaires et l’état du sol. Ainsi, quand les pâturages ne permettent pas d’offrir suffisamment d’herbe pour nourrir les animaux, mais que les conditions climatiques extérieures et l’état du sol permettent la sortie des animaux, ces derniers doivent avoir un accès à un espace extérieur, qui peut être le pâturage avec apport de fourrage si nécessaire ou un espace de plein air.
Les animaux peuvent être maintenus en bâtiment en hiver sans accès à des pâturages et aires d’exercice extérieures, à condition qu’ils disposent de suffisamment de place pour se mouvoir librement et qu’ils aient eu accès aux pâturages le reste de l’année lorsque les conditions le permettaient.
À noter, quelques cas particuliers :
- les veaux ont un accès permanent à un espace de plein air au plus tard à l’âge de 6 semaines et un accès permanent aux pâturages au plus tard à l’âge de 6 mois ;
- les veaux abattus entre 6 et 8 mois doivent avoir eu accès à des pâturages pendant 30 jours minimum quand les conditions le permettent ;
- les caprins et les ovins ont un accès permanent aux pâturages au plus tard à l’âge de 6 mois ;
- les agneaux abattus avant 6 mois doivent avoir eu accès à un espace de plein air (aire d’exercice extérieure et/ou pâturages) pendant au moins 30 jours, quand les conditions le permettent.
Dérogation à l’attache des bovins
Lorsque l’Inao accorde une dérogation pour l’attache des bovins, les animaux attachés doivent disposer d’un accès à un espace de plein air au moins deux fois par semaine.
Rappel : la demande de dérogation est annuelle. Elle doit donc être réalisée tous les ans avant l’entrée en bâtiment pour l’hiver.
Christel Nayet, conseillère élevage AB 06 25 63 58 82, [email protected]
Moyens d’actions pour les élevages certifiés bio
- Obligation des exploitations biologiques à suivre les protocoles nationaux (pas de dérogation parce que l’élevage est en bio) ;
- vaccinations possibles ;
- désinsectisation possible (même en prévention) des animaux situés dans les zones réglementées. L’éleveur doit seulement bien enregistrer le traitement dans son « cahier de suivi du troupeau », respecter le délai avant abattage (obligations qui relèvent de la règlementation générale) et respecter la règle du doublement du temps d’attente en agriculture biologique.
La désinsectisation doit être utilisée avec prudence et pas de manière systématique (et uniquement sur les animaux car inefficace pour les bâtiments). Cette désinsectisation est pertinente pour des déplacements et transports d’animaux.
Achat d’animaux
non bio
Dans le cas de perte importante d’animaux, il est possible de demander une dérogation exceptionnelle à l’INAO pour acheter des animaux reproducteurs non bio. Dans ce cadre, les achats ne sont pas limités en nombre ni en âge. Il faut pour cela faire la demande de dérogation en ligne avant tout achat (https://sve.derogationbio.inao.gouv.fr/#/) en précisant :
- le motif de mortalité : conserver le décret en cas de maladies ;
- le nombre d’animaux morts ;
- le nombre d’animaux prévus en achat avec les périodes d’achat, le nombre et types d’animaux ;
- la preuve de non-disponibilité d’animaux bio : capture(s) d’écran des recherches effectuées dans la base de données htps://animaux-biologiques.org ;
- prévoir une période de conversion de ces animaux non bio : six mois pour les ovins et caprins, un an +3/4 de vie en bio pour les bovins viande (six mois pour le lait des bovins).
Pour rappel, voici les conditions possibles d’achat d’animaux en bio en situation « normale » :
- achat d’animaux non bio (si non disponibilité en bio) : au maximum 10 % du cheptel (adulte) en bovin et 20 % pour les cheptels ovins et caprins. Achat seulement d’animaux nullipares (n’ayant jamais mi-bas).
Durée de conversion : six mois pour les ovins et caprins, un an +3/4 de vie en bio pour les bovins viande (six mois pour le lait des bovins).
Déconversion bio : + 30% au premier semestre 2024
Pour la première fois le 25 septembre, l’Agence bio a présenté ses chiffres pour le secteur de l’agriculture biologique « à mi-année », ses résultats définitifs étant traditionnellement dévoilés à la mi-juin. Si l’on compare le premier semestre 2024 au premier semestre 2023 (de janvier à juin), le nombre de producteurs engagés en bio a augmenté de 3 %, s’établissant à 61 839 agriculteurs. L’agriculture bio française compte 3 104 nouveau entrants, soit une hausse de 14 %. Le nombre d’arrêts flambe à 1 937 sorties de la bio, soit une hausse de 30 % par rapport au premier semestre 2023. Au global, « le solde [entre les entrées et les sorties] reste positif, même s’il diminue une nouvelle fois », souligne l’Agence bio dans un communiqué. L’instance n’a pas communiqué sur l’évolution des surfaces.