Agriculteurs et collectivités, main dans la main pour valoriser des déchets
Créée par des agriculteurs, l'association Compost’et moi a impulsé une dynamique pour construire une plateforme de compostage territoriale. Le projet est désormais entre les mains de la communauté de communes du Val de Drôme (CCVD). Lire le dossier complet sur les initiatives territoriales des agriculteurs en cliquant ici.
L’idée de créer une plateforme pour valoriser les effluents d’élevage en les compostant avec d’autres déchets organiques est née en 2014. Deux collectifs d’agriculteurs, la Cuma Vitipintabic d’Aubenasson et l’association Agri Aouste Propre, qui gère une aire de lavage des pulvérisateurs à Aouste-sur-Sye, en sont à l’origine. « Agri Aouste Propre réfléchissait à créer une aire pour nettoyer les épandeurs à fumier et un lieu pour le compostage. De son côté, Denis Permingeat, président à l’époque de la Cuma, souhaitait transformer son fumier en granulés » se souvient Laurent Faure, président d’ Agri Aouste Propre et aujourd’hui vice-président de l’association Compost’et moi.
« Nous avons alors mené des essais de compostage avec la chambre d’agriculture de la Drôme, en testant différents mélanges avec des déchets verts broyés en provenance de déchèteries, des draches de la cave Jaillance… » poursuit Laurent Faure. Les résultats sur les cultures sont concluants. Le compostage permet également de transformer les effluents d’élevage en produits fertilisants normés, dont l’usage, d’un point de vue réglementaire, est simplifié.
Rapidement, le projet fait des émules sur le territoire. C’est ainsi que l’association Compost’et moi voit le jour en 2017. Elle réunit plus de 80 agriculteurs, la cave Jaillance, des entreprises de transformation végétale et d’espaces verts et deux collectivités : la communauté de communes Crestois Pays de Saillans (CCCPS), sur le territoire de laquelle l’idée a émergé, et la CCVD. Une première étude* de faisabilité est réalisée en 2018. Elle confirme l’intérêt de cette plateforme de compostage.
« Notre rôle, c’est de booster le projet »
Depuis, la CCVD a repris le dossier, la majorité des agriculteurs intéressés se situant sur son territoire. Pour Jean Serret, son président, la collectivité a tout à y gagner : entrer dans un processus de gestion vertueuse des déchets, créer une richesse à partir de déchets verts et d’effluents d’élevage et lutter contre le réchauffement climatique. « Nous sommes dans l’écriture d’un plan climat air énergie territorial. En compostant les déchets verts, nous pouvons réduire l’empreinte carbone sur le territoire », résume le président. Il souligne aussi l’intérêt environnemental des granulés fabriqués à partir de compost : « Ils permettent de doser plus finement ce qui est apporté au sol et donc de limiter l’impact des nitrates dans les eaux de ruissellement et la nappe phréatique ». Jean Serret voit aussi dans l’apport de compost un moyen d’augmenter la capacité de rétention des sols et donc de limiter les dégâts liés au ruissellement lors des gros orages.
« Ce projet est au carrefour des préoccupations de la collectivité et des agriculteurs. Notre rôle en tant que communauté de communes, c’est de booster les choses, d’organiser, de trouver les financements, de réfléchir au mode de gestion », détaille le président, qui reconnaît : « Ce projet n’aurait pu émerger sans les agriculteurs ». Aujourd’hui, il compte sur la profession pour poursuivre aux côtés de la CCVD l’effort collectif contre le réchauffement climatique. La synergie entre agriculteurs et collectivité semble en tout cas bien engagée avec le projet Compost’et moi.
S.Sabot
* financée par le programme Leader et l’Ademe.
En bref
6 000 tonnes de déchets verts, 12 000 t d’effluents d’élevages, 1 200 t de draches viticoles et 2 000 t de déchets en provenance des entreprises pourraient être valorisés sur la plateforme de compostage. Le président de la CCVD souhaiterait voir aboutir ce dossier dans les deux à trois ans. Pour l’instant, la CCVD affine les aspects économiques, technique et juridique du projet, qui seront examinés par le comité de pilotage auquel participe la CCCPS et la chambre d’agriculture.