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Marché

Abricot : ciel dégagé, objectifs à préciser

Le CTIFL et les maillons amont et aval de la filière abricot ont échangé, le 9 mars, sur les perspectives de ce fruit d’été. Deux études révèlent qu’un marché est à conquérir en mai et juin, et qu’il faut mieux gérer la maturité pour obtenir l’abricot idéal. D’autres pistes de commercialisation et recherche variétale ont été évoquées.

Abricot : ciel dégagé, objectifs à préciser
Il existe un « abricot idéal » et « il ne faudrait qu’on fasse la même erreur que pour la pêche plate », a-t-il été dit.

Alors que la production mondiale d’abricots a augmenté de 15 % ces dix dernières années pour dépasser les 4 millions de tonnes - grâce à une production soutenue en Ouzbékistan, en Turquie et dans une moindre mesure en Espagne et en Algérie -, le verger français se stabilise après une baisse continue des surfaces depuis le début du millénaire. « Aujourd’hui, on est à 12 000 ha pour une production qui tourne autour de 150 000 tonnes », a indiqué le directeur de la prospective et des études économiques au CTIFL, Xavier Vernin, lors d’un séminaire en ligne sur l’abricot le 9 mars.
Côté échanges commerciaux, les exportations françaises du fruit d’été ont diminué de 30 % en dix ans pour atteindre 35 000 tonnes (t). Tandis que les importations ont doublé à 20 000 t sur la même période, tout en restant stables depuis 2015. « L’approvisionnement du marché français en abricots est assez stable avec une part d’auto-approvisionnement importante puisque les importations sont contenues », a souligné le représentant du CTIFL.

Développer le créneau mai-juin

Dans le panorama de l’abricot, l’Europe pèse 20 % de la production mondiale. L’Italie, cinquième producteur mondial et leader européen produit 260 000 t de fruits. En deuxième position vient l’Espagne (160 000 t), qui est également le premier exportateur à niveau européen et mondial. En troisième position vient la France. À eux trois, ces pays représentent 70 % de la production européenne. Mais contrairement à ses voisins, la France est sur un créneau de commercialisation tardif : « Les mois de mai et juin représentent à peine un tiers [de la commercialisation] pour la France, tandis que pour l’Italie et l’Espagne on est proche des deux tiers », analyse Xavier Vernin « Une réflexion peut être menée dans la filière pour optimiser la commercialisation de l’abricot sur le créneau de mai et juin », abonde le directeur valorisation et transfert du CTIFL, Arnaud Magnon. S’appuyant sur une étude abricot réalisée en 2019, il assure que la consommation d’abricot est particulièrement dynamique durant ces deux mois. Et que l’offre préemballée « qui progresse le plus ces dix dernières années » pourrait être développée davantage, en juin notamment.

Le défi de la maturité

Une autre enquête de perception menée par le CTIFL révèle qu’il existe un « abricot idéal » qui satisfait tous les consommateurs. « C’est important car on ne retrouve pas cela dans toutes les filières fruits et légumes », souligne l’ingénieure d’expérimentation Valentine Cottet. D’après l’enquête, l’abricot idéal doit allier sucre, jutosité, intensité aromatique et texture fondante. À l’inverse, l’aspect « trop farineux » doit être absolument évité, ainsi qu’une acidité trop élevée. « Les points à travailler pour améliorer la qualité, c’est une meilleure gestion de la maturité et l’élimination du matériel végétal qui n’a pas le potentiel », résume l’ingénieure.
L’enquête révèle aussi que 40 % des consommateurs sont en attente d’une qualité supérieure. « C’est là où le bât blesse », poursuit Valentine Cottet. « Le consommateur a du mal à identifier quel est l’abricot de qualité supérieure. Aujourd’hui il y a peu de segmentation au rayon, en point de vente ou chez le distributeur, qui permette de reconnaître cet abricot et ainsi de fidéliser le client via une qualité garantie. »

Les pistes de l’amont et aval

Au-delà de ces réflexions, plusieurs pistes de travail ont été évoquées par les maillons amont et aval de la filière présents au séminaire, afin de développer les perspectives de marché. Parmi celles-ci : travailler davantage avec la RHD, améliorer la qualité au verger et approfondir la recherche variétale pour mettre au point - pourquoi pas un jour - une variété d’abricot résistante au gel.

La vice-présidente de l’Association nationale des expéditeurs et exportateurs de fruits et légumes (Aneefel), Sabine Alary, a aussi pointé la nécessité d’une variété destinée au grand export. « On a besoin d’une variété qui s’exporte très loin car les nouveaux marchés à conquérir sont les pays arabes et la Chine, indique-t-elle. Or toute cette recherche existe plutôt dans les pays de l’Océanie et en Espagne. Il ne faudrait pas qu’on fasse en abricot la même erreur qu’on a faite pour la pêche plate, c’est-à-dire qu’on a la variété potentiellement en France mais on se dit : “non, ça va pas”, et on loupe cette variété et c’est notre concurrent espagnol qui la fait. » 
L. M.