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Arboriculture

Les avantages  des couverts avant  de replanter un verger

La chambre d’agriculture de la Drôme et ses partenaires ont organisé une visite technique autour de l’implantation d’un couvert après l’arrachage d’un verger, à Châteauneuf-sur-Isère.

Les avantages  des couverts avant  de replanter un verger
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Les conseils pour replanter après l’arrachage ? Laisser reposer le sol et casser le cycle des ravageurs.

Partenaire de Valence Romans eau et de l’Agence de l’eau Méditerranée, la chambre d’agriculture de la Drôme a convié des agriculteurs, jeudi 10 avril, sur une parcelle de Régis Aubenas, arboriculteur à Châteauneuf-sur-Isère, pour une visite technique. « Quels couverts végétaux choisir entre deux plantations ? Comment bien gérer ses couverts végétaux ? », telles faisaient partie des questions auxquelles a répondu Alice Vélu, conseillère arboriculture et trufficulture.

Protéger les captages prioritaires

Dans le cadre du programme eau et agriculture*, Valence-Romans eau a financé des expérimentations chez Carlos Ascencio et Régis Aubenas, deux arboriculteurs drômois. Tous deux se trouvent sur des zones de captages prioritaires, ainsi les couverts peuvent capter l’azote rejeté par les plantes pour éviter qu’il ne se lessive pendant qu’il n’y a pas de culture. La vesce et le trèfle sont des légumineuses qui permettent aussi de fixer l’azote atmosphérique pour le donner à la prochaine culture. Ces espèces vont pouvoir être semées en hiver. Toutefois, le sorgho, qui capte aussi l’azote, peut quant à lui être utilisé et semé plutôt fin avril. Des abricotiers ont été arrachés fin 2024. Les semis de couverts végétaux ont été ajoutés en septembre. « Les arboriculteurs sont souvent réticents à l’idée de perdre une année en mettant des couverts végétaux », reconnaît Alice Vélu, qui a suivi les essais et animé la visite avec sa collègue Marie-Pascale Couronne, conseillère agro-environnement à la chambre d’agriculture de la Drôme. Deux essais ont été mis en place sur chaque exploitation avec des mélanges avoine vesce et seigle barmeteil (avoine, vesce, trèfle d’Alexandrie).

Des couverts à conserver

À partir de ces expérimentations, les conseillères ont expliqué la gestion du semis et des couverts (quand les semer, quelles conditions pour un bon développement...), ainsi que de la restitution (éléments minéraux, azote, phosphore, potasse…) mais aussi de la quantité de matière organique créée et qui sera valorisée par la culture suivante. En effet, la matière organique va améliorer la fertilité du sol. Les couverts végétaux vont permettre d’avoir une rupture dans le cycle des parasites et des ravageurs. « La pression va diminuer. Un nouvel équilibre va se mettre en place avec ces couverts qui sera potentiellement moins favorable à ces ravageurs », précise Alice Vélu. Sur la structuration du sol, les arboriculteurs ont eu une gestion de leurs arbres restants différente. L’un a brûlé les racines et le second les a faites broyer et les a réintégrées. « Ça a fait un gros apport de matière organique carbonée. Les couverts ont ensuite pu digérer cette matière », ajoute la conseillère.
L’un des arboriculteurs a choisi de détruire ses couverts dès février pour planter des pommes de terre. Le second les a conservés et, lors de la visite, les participants ont observé des plantations d’un mètre de hauteur. Les conseillères ont effectué des pesées via la méthode MERCI. Des calculs ont été faits pour évaluer la quantité de matière organique à l’hectare, l’azote qui a pu être capté et les restitutions potentielles. « C’est très intéressant pour les agriculteurs. Ça leur permet de réduire leur apport en fertilisation pour la culture suivante », observe Alice Vélu. Le couvert examiné lors de la visite avait apporté entre 8 et 10 tonnes de matière sèche à l’hectare. L’arboriculteur a laissé grainer son couvert. Une fois mûr, il l’a roulé et laissé se ressemer par lui-même afin de faire un deuxième couvert. Ainsi, soit il replantera au printemps 2026 soit il le broiera à l’automne et replantera à ce moment-là. 

M.E. 

* Un programme d’accompagnement des agriculteurs pour préserver la ressource en eau déployé avec le soutien financier de l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée.