Service de remplacement : « Les agriculteurs doivent adhérer au maximum »
Lors de son assemblée générale, organisée lundi 31 mars, à la chambre d’agriculture de la Drôme, le service de remplacement du département a fait part de son inquiétude concernant la « souffrance des agriculteurs au travail ».

Si les congés, notamment de maternité et paternité, représentent une grande partie de l’activité du service de remplacement de la Drôme, les missions de l’association ne s’arrêtent pas là. Maladie, accident, responsabilités professionnelles et formations impliquent aussi une demande de salariés pour assurer la relève des agriculteurs. « Notre point d’inquiétude est qu’il y a une souffrance des agriculteurs au travail. Ils sont débordés par les tâches administratives, par la pression économique et réglementaire », rapporte Régis Aubenas, président de l’association. Pour rappel, le service de remplacement de la Drôme dispose de quatre groupements d’employeurs à vocation de remplacement selon les secteurs (le Vercors, l’Herbasse/Galaure, Bourdeaux et les Jeunes agriculteurs drômois).
Recherche de conducteurs d’engins
À l’image d’une agriculture drômoise diversifiée, les demandes de remplacement touchent tous les secteurs d’activité. Toutefois, l’élevage se démarque, notamment parce qu’il implique une présence 7 jours sur 7 avec les astreintes, les traites et le nourrissage du bétail. Lors de l’assemblée générale, un point a été fait sur l’aide au répit, financée par la MSA, qui s’avère très demandée. Cet accompagnement, en place depuis 2017, permet à l’agriculteur de « souffler quelques jours ». Le travailleur social de la MSA peut ainsi voir la globalité des problèmes. « Souvent, ce sont des soucis administratifs », révèle le président de la fédération départementale des services de remplacement. Si besoin, la MSA propose un accompagnement spécifique. « Nous, nous sommes un maillon, un des opérateurs du dispositif », précise Régis Aubenas. À noter qu’une grande partie de l’équipe, composée de bénévoles et d’agents administratifs, est membre du réseau sentinelles. Cela confère à l’association une reconnaissance d’utilité sociale.
Deux problématiques ont été relevées par les équipes. La recherche permanente de salariés en fait partie. « Nous avons un volant de vacataires en CDD mais une partie s’installe et d’autres trouvent un emploi définitif. Aujourd’hui, ce qui nous pose le plus de problèmes, c’est de trouver des conducteurs d’engins », rapporte le président.
Adhérer pour anticiper
Le deuxième enjeu, c’est « qu’un maximum d’agriculteurs connaisse le service et puisse l’utiliser. Si la personne n’est pas adhérente, qu’elle ne possède pas non plus d’assurance complémentaire, en cas d’accident ou maladie, c’est difficile de s’organiser si rien n’est prévu », rappelle le représentant de l’association. Le service action sociale de la MSA sollicite parfois le service de remplacement pour une prise en charge dans l’urgence mais « nous ne connaissons pas l’exploitation, donc le salarié ne la connaît pas non plus, c’est plus difficile », fait valoir Régis Aubenas. En effet, les salariés de l’association connaissent les exploitations et les engins des adhérents car, avant d’assurer des remplacements, ils passent des journées sur les fermes. De plus, une intervention d’urgence nécessite un audit sur la sécurité des machines, implique de réaliser les formalités administratives en urgence et pose la question de la prise en charge du coût du remplacement.
Si l’agriculteur est adhérent, les aides se déclenchent. Entre 30 et 60 jours, l’association assure le remplacement sans frais selon l’assurance. « Les agriculteurs doivent adhérer au maximum. Il y a un frein psychologique ou de méconnaissance, la crainte de confier son exploitation à un inconnu », estime le représentant. Pourtant, chaque année, plus de 300 agriculteurs font appel aux services de l’association et une grande majorité en est satisfaite selon les enquêtes de satisfaction réalisées. « Souvent, ce qu’on dit aux agriculteurs, si vous connaissez quelqu’un en qui vous avez confiance, nous pouvons l’embaucher au service. Nous avons de nombreuses formules pour s’adapter aux besoins », déclare Régis Aubenas.
M.E.
Des partenaires financiers recherchés
Le Département de la Drôme offre l’adhésion aux jeunes installés depuis deux ans. « Quand on est jeune, on se sent invincible mais un accident, une maladie, ça peut arriver à tout le monde », rappelle Régis Aubenas. Le service de remplacement met aussi en place des formations pour les bénévoles et les agriculteurs sur la santé sécurité au travail avec la MSA. Pour promouvoir ses actions, l’association a pu compter sur les talents de Johanna Payot-Rimet qui a créé des visuels. En 2025, l’association souhaite trouver de nouveaux partenaires, notamment pour améliorer l’accessibilité financière des remplacements. « L’idée, c’est que le reste à charge soit le plus faible possible pour l’agriculteur », précise le représentant.
L’année 2024 de l’association (en chiffres)
5 755 journées de remplacement (-5,34 % par rapport à 2023)
359 adhérents (contre 311 en 2023)
262 utilisateurs (contre 263 en 2023)
242 agents de remplacement en CDD (contre 187 en 2023)
15 agents de remplacement en CDI (contre 17 en 2023)
Laure Midonnet à la Fédération des services de remplacement de la Drôme (tél : 06 32 99 34 05 - [email protected])