Le Gaec O.C.A. a reçu le champion de France de tonte aux forces
Les 3 et 4 avril derniers, le GAEC Olive Cerise et Abricot (O.C.A.) situé à Mérindol-les-Oliviers, a reçu Reinhard Poppe, champion de France de tonte aux forces et son équipe pour s’occuper de son troupeau. Une technique manuelle qui nécessite un vrai savoir-faire.

Attachés aux travaux agricoles « à l’ancienne », déjà adeptes du travail des terres en traction animale, Mathias Bouchet et sa compagne Andréa Graylen, co-gérants du GAEC Olive Cerise et Abricot (O.C.A.) à Mérindol-les-Oliviers, souhaitent aller plus loin dans leurs démarches. À la tête d’un troupeau d’une centaine de brebis de race Mérinos (et de 60 agnelles) depuis deux ans – utilisée notamment pour l’écopâturage permettant d’entretenir les vignes -, le couple d’agriculteurs a reçu la visite les 3 et 4 avril de Reinhard Poppe, champion de France de taille manuelle de moutons, et son équipe.
Les avantages de la tonte manuelle
Les forces – nom donné aux ciseaux spécifiques utilisés pour la tonte des brebis – présentent de nombreux avantages. « Dans les critères de sélection dans lesquels on est, en agriculture biologique, le bien-être animal est primordial. La tonte manuelle aux ciseaux étant silencieuse, nos bêtes ressentent ainsi moins le stress », explique Mathias Bouchet. Par ailleurs, l’éleveur s’intéresse de près à cette technique pour la qualité de la laine : « la tonte manuelle permet d’obtenir une qualité de laine bien supérieure, et va me permettre de valoriser cette matière première », poursuit-il.
Si cette technique nécessite peu d’investissement financier, elle demande toutefois une main-d’œuvre expérimentée et requiert rapidité et précision. C’est pourquoi le Gaec O.C.A. a fait appel au meilleur en la matière, Reinhard Poppe. Son nom, peut-être inconnu du grand public, est bien connu dans le milieu. Membre de l’association des tondeurs de moutons – loi 1901*, il est champion de France en titre, après avoir déjà été sur la plus haute marche du podium en 2022. Tondeur professionnel depuis une dizaine d’années, il est pourtant tombé dans le métier par hasard…
Une technique ancestrale
« C’est une passion qui m’est venue comme une pure coïncidence. J’ai rencontré un jour un tondeur qui m’a proposé de venir l’aider sur des chantiers. Cela m’a plu et je me suis lancé après avoir appris sur le tas, grâce aux tondeurs que j’ai rencontrés sur mon passage puisqu’il n’existe pas de formation spécifique », explique ce fils d’agriculteur, basé dans le Lot-et-Garonne.
Bien qu’encore présente en France, cette technique n’est pas majoritaire dans les élevages. « C’est une méthode qui date de plus de 6 000 ans. La plupart des animaux dans le monde sont encore tondus comme cela. Dans les pays industrialisés, la machine a bien souvent pris le relais… », admet Reinhard Poppe. « Pourtant, ici, c’est une toute autre approche de la récolte de la laine. Ce n’est plus du tout de la tonte industrielle à la chaine. La tonte aux ciseaux permet de laisser une meilleure couverture de protection sur les animaux une fois tondus car nous n’enlevons pas la couche de lanoline. Cela nous permet donc de tondre à n’importe quelle saison même en plein hiver. De plus, la laine est moins chargée en lanoline ou sueur et donc plus facile à laver. Il y a plein de petits avantages à utiliser cette technique. Le seul inconvénient est le temps de travail et la constitution d’une équipe que cela nécessite ». Un professionnel peut alors tondre aux forces entre 80 et 120 bêtes par jour. À l’avenir, Andréa Graylen et Mathias Bouchet ambitionnent de renouveler l’expérience. « Maintenant, notre souhait serait que Reinhard Poppe et son équipe viennent chaque année pour tondre nos brebis, en tant que prestataires de services », conclut Mathias Bouchet.
Amandine Priolet
*L’association des tondeurs de moutons, créée il y a 40 ans, regroupe environ 200 tondeurs professionnels en France. Elle a pour vocation de valoriser la profession de tondeur de moutons à travers trois aspects : tonte à la machine, tonte aux forces et tri de la laine.


