Collectivité territoriale
Département de la Drôme : « agricole par nature »

Réuni en séance publique le 27 mars, le conseil départemental de la Drôme a adopté ses  stratégies agriculture, alimentation et bois pour les cinq ans à venir.

Département de la Drôme : « agricole par nature »
Le 27 mars à Valence, Franck Soulignac, premier vice-président du conseil départemental, et Agnès Jaubert, conseillère départementale déléguée à la ruralité aux politiques agricoles et alimentaires, ont présenté les stratégies agricole et alimentaire du Département pour les cinq ans à venir. © AD_CL

Alors que les exploitations agricoles font face à des enjeux d’amélioration de leur performance économique et d’adaptation à la transition environnementale, le Département de la Drôme a adopté, le 27 mars à Valence, sa stratégie agricole pour la période 2023-2028. Présentée par Franck Soulignac, premier vice-président chargé notamment de l’économie, des politiques agricoles et alimentaires et des fonds européens, et Agnès Jaubert, conseillère départementale déléguée à la ruralité et aux politiques agricoles et alimentaires, cette stratégie baptisée « agricole par nature » est dotée d’une enveloppe de  26 millions d’euros (M€) sur cinq ans.  Elle s’articule autour de quatre axes.

Agritourisme, dynamiques collectives

Pour permettre aux agriculteurs de vivre de leur travail (axe 1), le conseil départemental entend poursuivre le développement des circuits courts, de l’agritourisme et la valorisation des productions de qualité. Deux nouveautés sont proposées. La première consiste à développer l’agritourisme dans les exploitations agricoles via une aide à l’immobilier d’entreprise (AIE). Trente projets seraient ainsi soutenus sur cinq ans. La seconde est la création d’un « Club drômois de l’alimentation » sous l’impulsion conjointe des chambres consulaires et du Département. Son objectif est d’accroître les parts de marché des produits locaux dans la consommation alimentaire des Drômois, notamment par une présence renforcée dans les grandes surfaces et les entreprises agroalimentaires.
Par ailleurs, afin d’améliorer le cadre de travail des agriculteurs et la prévention des fragilités (axe 2), le Département de la Drôme poursuivra ses soutiens en faveur des dynamiques collectives (subventions aux Cuma, aux services de remplacement, à la prophylaxie animale, aux syndicats représentatifs, soutiens au pastoralisme, lors d’aléas climatiques…). Deux nouvelles actions sont toutefois engagées : l’accompagnement des agriculteurs bénéficiaires du RSA avec un référent dédié expert du secteur agricole dédié et l’encouragement des créations et reprises d’exploitations par des publics non issus du milieu agricole, en lien avec les dispositifs régionaux en place.

Accompagner les transitions

L’accompagnement des transitions pour faire face aux défis environnementaux et sociétaux (axe 3) a pour but d’encourager le développement de l’agriculture biologique, de préserver la biodiversité et le foncier agricole ainsi que d’économiser l’eau par une gestion raisonnée. Dans le cas de projets prévoyant la création de nouvelles surfaces irriguées, y compris les retenues de stockage, « une analyse de l’incidence environnementale devra montrer que l’investissement n’aura pas d’impact négatif important et que le matériel de distribution de l’eau à la parcelle sera très performant », est-il précisé. Par ailleurs, le conseil départemental prévoit la continuité des aides (en complément des dispositifs de la Région) destinée à protéger les cultures des aléas climatiques, à soutenir la modernisation des bâtiments d’élevage ou encore à équiper et aménager les zones pastorales. À noter, la préservation de la biodiversité se fera en lien avec le nouveau schéma départemental des espaces naturels sensibles, l’idée étant de « favoriser les interactions positives entre biodiversité et production agricole ».
Enfin, pour valoriser l’excellence de l’agriculture drômoise et sensibiliser le public à ses enjeux (axe 4), le Département entend poursuivre, entre autres, ses aides aux manifestations locales (De ferme en ferme, Fête de l’agriculture des JA, Valence en gastronomie…) et extra locales (Salon international de l’agriculture…). Il souhaite également continuer de promouvoir les domaines de l’agriculture et de l’agroalimentaire chez les collégiens et les structures d’insertion par l’activité économique.

Stockage d’eau : « avec pragmatisme et sans dogmatisme »

« Avec 5 247 exploitations agricoles et près de 9 000 emplois permanents, l’agriculture est un domaine d’activité majeur pour la Drôme », rappelle le conseil départemental. « L’agriculture n’est plus une compétence obligatoire du Département mais une politique volontariste de l’exécutif et de sa présidente, indique Franck Soulignac. Avec cette stratégie agricole, notre objectif est de sécuriser l’avenir de l’agriculture drômoise, de fixer un cap pour notre mandat et d’être en cohérence avec la politique de la Région pour, notamment, avoir un effet levier sur les financements du Feader*. Ainsi, toutes aides confondues, nous pouvons apporter, aujourd’hui, 11 M€ par an de soutiens au secteur agricole drômois. » Sur l’installation, « nous souhaitons aider les structures qui œuvrent en amont à l’émergence des projets viables et vivables. » Sur l’eau, « disqualifier le stockage de l’eau me paraît dénué de bon sens, déclare Franck Soulignac. La priorité est donnée à la sobriété mais celle-ci a ses limites. La Drôme n’exclut pas les projets de retenues d’eau au cas par cas, territoire par territoire, mais sans augmenter les surfaces irriguées. Les solutions sont à déployer avec pragmatisme et sans dogmatisme. » 

Christophe Ledoux

Les chiffres clés de l'agriculture, de l'alimentation et de la forêt en Drôme

* Feader : fonds européen agricole pour le développement rural, géré par les conseils régionaux.
« Manger drômois, manger mieux »
©Francis Rey
Stratégie alimentation

« Manger drômois, manger mieux »

Constatant que le nombre de personnes en situation de précarité alimentaire augmente, notamment parmi ses publics cibles (petite enfance, bénéficiaires du RSA, personnes âgées ou en situation de handicap), le Département se mobilise pour l’accès à une alimentation saine, locale et de qualité pour tous. Adopté le 27 mars, la stratégie « Manger drômois, manger mieux », dotée d’un budget de 95 M€ (dont 90 M€ pour les cantines des collèges) pour la période 2023-2028, s’articule autour de trois axes : le développement local et la vitalité du territoire (structuration de l’approvisionnement, soutien aux porteurs de projets de l’économie solidaire, action pour l’emploi) ; l’accès de tous à une alimentation saine, locale et de qualité (soutien à la restauration collective, notamment dans les collèges, sensibiliser au bien manger….) ; la coopération au service de la résilience et de l’attractivité du territoire (valoriser la gastronomie drômoise, contribuer à la recherche…). 

Stratégie bois : 6 M€ jusqu’en 2028

Avec plus de 2 400 emplois et un chiffre d’affaires d’environ 260 M€, la filière forêt-bois est un acteur majeur de la Drôme. Après un plan forêt 2018-2022, le conseil départemental engage une stratégie 2023-2028 pour un montant d’environ 6 M€ autour de trois axes : gérer durablement la forêt pour bâtir la ressource forestière de demain (aide aux opérations d’aménagements sylvicole, protection contre l’incendie, optimisation du foncier forestier communal…) ; accompagner le développement et l’innovation des entreprises (soutien à l’investissement, favoriser l’emploi…) ; communiquer sur les atouts de la forêt et du bois dans la transition écologique (promouvoir la construction en bois local, organisation d’événements permettant une réflexion collective).

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