SANTÉ DES ABEILLES
La section apicole du GDS de la Drôme agit au quotidien

La section apicole du groupement de défense sanitaire (GDS) de la Drôme a tenu son assemblée générale le 9 octobre. Tour d’horizon des actions menées dans le département pour la santé des abeilles avec Bernard Guellard, président de cette section.

La section apicole du GDS de la Drôme agit au quotidien
Différents essais sur le piégeage du frelon asiatique sont menés par la section apicole du GDS26 dans le cadre d’un partenariat avec la CNR. ©SA GDS26

« Si la ruche est en bonne santé, que les abeilles sont fortes, l’impact des agressions extérieures est limité », résume Bernard Guellard, président de la section apicole du GDS de la Drôme et apiculteur à Ourches. Créée en 2014, la section apicole agit au quotidien pour améliorer la situation sanitaire du cheptel drômois. Elle réunit aujourd’hui 620 adhérents, apiculteurs professionnels ou amateurs.

Sa première mission est de former les apiculteurs aux actions sanitaires fondamentales pour garantir la santé des colonies. « En 2020, compte tenu de la crise de la Covid-19, nous avons dû annuler les formations sur le rucher école [situé au lycée du Valentin à Bourg-lès-Valence, ndlr] », déplore Bernard Guellard. Une situation qui est rentrée dans l’ordre cette année. Une quarantaine de personnes ont pu suivre le cycle d’initiation, soit douze journées de février à septembre. « Les profils sont divers : des personnes de 50 à 60 ans qui souhaitent se former à l’apiculture pour développer cette activité à la retraite, des jeunes de 20 à 25 ans qui potentiellement se tourneront vers la profession d’apiculteur », détaille le président.

Le plan sanitaire d’élevage reconduit

Autre mission fondamentale de la structure : l’organisation des plans de lutte. La section apicole du GDS26 pilote un plan sanitaire d’élevage (PSE) contre le varroa, acarien ectoparasite responsable de la varroose, maladie grave et très contagieuse qui atteint les abeilles adultes et le couvain. 426 adhérents de la section sont engagés dans ce PSE, qui vient d’être reconduit pour la période 2021-2026, et appliquent donc les recommandations prophylactiques établies par le vétérinaire conseil de la section et les techniciens sanitaires apicoles. « Les apiculteurs qui s’engagent dans le PSE bénéficient d’un soutien du Département de la Drôme, à hauteur de 2,50 euros par ruche, rappelle Bernard Guellard, à condition de réaliser les deux traitements préconisés par an contre le varroa. » La section cherche également à développer la solution « mécanique», qui consiste à encager la reine pendant une période de 21 à 24 jours, pour obtenir une colonie sans couvain. La population de varroas ne peut alors pas de développer et reste à un stade où elle est vulnérable au traitement à base d’acide oxalique. Cinq formations sur cette technique ont été dispensées au cours de l’année, touchant ainsi plus de 50 apiculteurs. Mais le président avertit : « Cette solution demande plus de surveillance et s’adresse à des apiculteurs ayant un peu d’expérience ».

Frelon asiatique : sous haute surveillance

Autre ennemi des abeilles contre lequel doivent s’armer les apiculteurs : le frelon asiatique. En 2020, plus de 200 nids ont été détruits sur 71 communes drômoises. Pour le président de la section apicole, difficile d’établir un état des lieux précis de l’évolution du prédateur dans le département. « On constate que le frelon asiatique semble souffrir autant que l’abeille du changement climatique et de l’absence de nourriture. Cependant depuis trois ou quatre ans, on est aussi sur une tendance haute en nombre de destructions de nid », explique-t-il. La mise en place en 2019 d’une plateforme régionale en ligne pour signaler les nids de frelons a certainement contribué à cette hausse. De son côté, la section apicole drômoise a formé un réseau de référents bénévoles parmi ses adhérents pour surveiller et repérer ces nids. Elle organise également leur destruction par des professionnels spécialisés. « En 2020, ces actions de destruction ont représenté un budget de 43 000 euros. Le conseil départemental a participé à hauteur de 9 000 euros, le reste a été pris en charge par les EPCI*, la Compagnie nationale du Rhône (CNR) et par une participation des propriétaires », indique Bernard Guellard. Enfin la section a renouvelé, en partenariat avec celle de l’Ardèche, une convention de trois ans avec la CNR qui prévoit notamment des expérimentations de piégeage en bord du Rhône. « Nous menons deux types d’essais. L’un de septembre à novembre pour tester l’efficacité de différents appâts avec des pièges sélectifs disposés autour des ruches. Et depuis cette année, nous testons également le piégeage des fondatrices à leur sortie d’hivernage en mars-avril, avec l’objectif de déterminer le protocole le plus efficace pour y parvenir », précise le président. Pour retrouver les différentes actions menées par la section apicole du GDS26, rendez-vous ici.

Sophie Sabot

* Communautés de communes, communautés d’agglomération.
Miel : une récolte historiquement faible

Miel : une récolte historiquement faible

« Selon les estimations de notre section apicole régionale, la production de miel en Auvergne-Rhône-Alpes est inférieure de 60 % à une année normale », annonce Bernard Guellard. En cause, les gelées d’avril qui ont privé les abeilles des floraisons printanières sur les arbres fruitiers, les acacias… « Jusqu’à mi-juin, les abeilles n’avaient rien à manger et il a fallu apporter des compléments alimentaires, décrit le président de la section apicole du GDS26. En Drôme, nous avons sauvé les meubles grâce à l’abondance de lavandes ». Il estime que la perte de récolte sur le département est plus proche des 40 %. Mais il est inquiet pour les années à venir en raison du changement climatique. « A l’échelle drômoise, les floraisons sont désormais avancées de deux à trois semaines. Or les abeilles n’ont pas recalé leur cycle sur ce changement. Elles ne sont pas en état de recherche quand les floraisons arrivent. » Un contexte qui, au-delà des questions sanitaires, affaiblit également les colonies et sur lequel, pour l’instant, il n’existe pas de réponse technique. 

S.Sabot

En photo, Bernard Guellard (crédit : AD26)