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Filière vinicole

Cellier des Dauphins : « Nous pouvons tirer notre épingle du jeu »

Entretien avec le président du Cellier des Dauphins, Christophe Charransol, sur la production, le contexte commercial et les projets de cette union de caves coopératives.

Cellier des Dauphins : « Nous pouvons tirer notre épingle du jeu »
« Je pense que nous pouvons tirer notre épingle du jeu car nos stocks ne sont pas très élevés, ni les vendanges 2020 et la qualité est au rendez-vous », confie le président du Cellier des Dauphins, Christophe Charransol. ©VA

Christophe Charransol, en tant que président de l’union des vignerons des Côtes-du-Rhône (UVCDR), qui commercialise ses vins sous la marque Cellier des Dauphins, quel bilan dressez-vous de la campagne commerciale écoulée ?

Christophe Charransol : « Pour notre millésime 2019, la campagne commerciale s’est dans l’ensemble plutôt bien passée jusqu’aux complications générées par le confinement Covid-19. Nous sommes ensuite entrés dans une situation relativement délicate. Le Cellier des Dauphins a continué à vendre à la grande distribution. Mais nous avons constaté une évolution de la consommation et des marchés. A savoir, la grande distribution a surtout écoulé du vin en bag-in-box (petit vrac) d’avril jusqu’au début de l’été. Par contre, les ventes auprès des cafés, hôtels et restaurants (CHR) se sont fortement calmées, voire, pour certains, carrément arrêtées. Cela a été compliqué en France et également à l’export, en particulier dans des pays où le Cellier des Dauphins travaille essentiellement avec des revendeurs CHR, comme le Japon et la Belgique. En revanche, la commercialisation s’est assez bien maintenue dans d’autres pays, par exemple en Grande-Bretagne. C’est d’ailleurs encore le cas aujourd’hui, même si elle est un peu freinée mais ce n’est pas catastrophique. La problématique Covid a aussi eu une incidence à l’export sur des pays où les ventes étaient en développement assez rapide, du type de la Chine, et des Etats-Unis où nous sommes en plus pénalisés par la taxe Trump. Finalement, nous allons clôturer notre campagne plutôt mieux que prévu. D’une manière générale au niveau des Côtes-du-Rhône, les stocks de vins sont plus élevés qu’il y a un an sans que ce soit catastrophique. Avant les vendanges, ils représentaient moins d’une récolte d’avance. »

Parlons de ces vendanges 2020 ? Qu’ont-elles donné ?

C. C. : « La pluie tombée fin août sur certains secteurs a été bénéfique et les vendanges se sont bien déroulées. Bien que les déclarations de récolte n’ont pas encore eu lieu, on peut dire que, dans l’ensemble au niveau des Côtes-du-Rhône, elles sont en retrait par rapport à 2019 en raison du gel de fin mars et de la sécheresse. La baisse serait de 8 %, selon l’estimation du syndicat général des vignerons des Côtes-du-Rhône. Au sein du Cellier des Dauphins, globalement, la production devrait être à peu près similaire à celle de 2019 (qui était plutôt petite) : certaines caves ont rentré plus de vendange, d’autres moins. Au nord, où les secteurs de Saint-Pantaléon, Nyons, Valréas, Puyméras… ont subi des dégâts de gel, la récolte est légèrement inférieure. Au sud, elle est un peu plus abondante. Elle est gustative avec des blancs et des rosés à mon avis assez exceptionnels et des rouges plus que corrects, en fonction des secteurs et cépages. En ce moment, les fermentations se terminent. En résumé, le millésime est peu quantitatif mais qualitatif. »

Avec la situation sanitaire et économique actuelle, comment envisagez-vous les prochains mois sur le plan commercial ? Avez-vous des craintes ?

C. C. : « Nous allons entrer, avant la fin de l’année, dans une phase de négociations commerciales qui s’annoncent relativement délicates du fait de la conjoncture compliquée. Nous nous attendons à des difficultés commerciales mais il faut rester optimistes : je pense que nous pouvons tirer notre épingle du jeu car nos stocks ne sont pas très élevés, ni les vendanges 2020 et la qualité est au rendez-vous. Nous avons espoir d’arriver à négocier des prix se rapprochant des attentes des vignerons. En tout cas, nous ferons tout pour atteindre le maximum. Il faut tenir les prix pour arriver à être rentables et compétitifs le plus possible. »

Et quid de vos projets ? Que pouvez-vous nous en dire ?

C. C. : « Notre activité en HVE (haute valeur environnementale) va augmenter, davantage de production arrive en 2020. L’idée est d’en faire de plus en plus. Notre ambition est de mettre en place une cuvée 100 % HVE. Parmi nos projets, nous prévoyons de poursuivre la montée en gamme en augmentant notamment la part de produits HVE. Et nous allons sans doute encore innover en lançant prochainement une nouvelle cuvée destinée à la grande distribution, une gamme sur les trois couleurs. Elle est en cours d’élaboration mais je ne peux en dire plus pour l’instant. »

Propos recueillis par Annie Laurie

Cellier des Dauphins : repères

Cellier des Dauphins : repères

Installée à Tulette, l’union des vignerons des Côtes-du-Rhône (UVCDR) a été créée en 1965 et sa marque, « le Cellier des Dauphins », en 1967. Aujourd’hui, cette union regroupe dix caves coopératives : celles de Saint-Pantaléon-les-Vignes, Nyons, Vinsobres, Saint-Maurice-sur-Eygues, Tulette, Suze-la-Rousse, Valréas, Richerenches, Puyméras et Sérignan-du-Comtat. Soit autour de 2 500 viticulteurs et 12 500 hectares de vignes dont 1 000 en agriculture biologique.

Avec plus de 40 millions de bouteilles commercialisées par an, l’UVCDR est le premier opérateur des vins de la Vallée du Rhône (sa part est d’environ 25 %) et le Cellier des Dauphins la première marque de France en vins tranquilles AOC.