Parcours d’un jeune installé
Sébastien Chambaud : investir pour plus de performance
Après le rachat des terres de son oncle et d’un voisin, la reprise de l’exploitation de son père à Saint-Paul-lès-Romans, Sébastien Chambaud s’installe dans l’objectif d’optimiser l’exploitation. Optant pour la diversification en arboriculture et grandes cultures, il finance ses deux hangars grâce à la revente d’énergie de ses deux toitures équipées de panneaux photovoltaïques.
«Depuis que je suis tout jeune, je voulais être agriculteur. J’ai suivi un Bepa agroéquipement à Montéléger, un bac CGEA grandes cultures dans l’Ain, raconte Sébastien Chambaud, jeune agriculteur. J’ai commencé à faire des petits boulots comme ouvrier agricole chez des exploitants et des entrepreneurs dans la région de Romans-sur-Isère et dans le Nord-Drôme. Puis en 2012, j’ai aidé mon père qui s’était accidenté pendant le travail. J’ai beaucoup appris pendant ces deux années. Cet apprentissage a été très formateur et m’a donné le goût d’aller plus loin dans le métier d’agriculteur. » Sébastien Chambaud est âgé de 32 ans. Après un parcours de salarié agricole de 2011 à 2015, il s’installe le 1er novembre 2015 sur l’exploitation familiale à Saint-Paul-les-Romans.
Le 13 septembre dernier, aux côtés du réseau des Jeunes Agriculteurs, il a retracé devant les élus locaux et responsables d’organisations agricoles son parcours de jeune installé et sa démarche d’investissements dans son nouvel hangar de 800 m² équipé d’un atelier de lavage, triage et séchage de noix AOP de Grenoble. La toiture est équipée de 250 panneaux photovoltaïques. « Mon objectif est d’optimiser la rentabilité, explique-t-il. J’ai pu financer mon hangar grâce à l’énergie photovoltaïque que je revends. Ce sont les bénéfices du solaire qui remboursent les emprunts. » Il possède un deuxième hangar de stockage de 735 m², également équipé de panneaux photovoltaïques.
Des challenges de taille
Pour son installation, Sébastien Chambaud a investi 150 000 euros. « à mon arrivée, l’exploitation de mon père était viable, précise-t-il. Je me suis installé en solo, sans aide, sans dotation jeunes agriculteurs mais avec une aide de Pôle emploi car j’étais au chômage. J’ai repris l’exploitation de 50 ha et j’ai modifié le mode de production. J’ai choisi de me diversifier dans l’arboriculture avec des noyers et châtaigniers tout en conservant les grandes cultures que j’optimise pour des questions de rentabilité de l’exploitation. »
Il agrandit l’exploitation en 2015 en achetant 25 ha à son oncle et en récupérant une vingtaine d’hectares d’une exploitation voisine. Les challenges sont de taille. « En quelques années, j’ai doublé la surface de mon exploitation (de 50 à 102 ha) et j’ai créé deux bâtiments pour stocker mon matériel agricole qui était à l’extérieur, exposé aux intempéries ainsi que pour installer mon atelier de noix (lavage, triage, séchage), un investissement de 80 000 euros, indique-t-il. Ce doublement des surfaces a eu un effet direct puisque j’ai augmenté fortement les productions et mon chiffre d’affaires est en hausse constante de 250 000 à 280 000 euros par an. »
Le choix de la Cuma
Aujourd’hui, l’exploitation de Sébastien Chambaud compte 85 ha de grandes cultures (40 de maïs grain, 13,5 de luzerne, 9 de blé dur, 8 de soja, 6 de blé tendre, 2 de sorgo, 1,6 de maïs doux semence, 6,5 de tournesol en dérobé) et 5 ha de prairie. L’atelier arboricole représente 16 ha de noyers (8 sont en pleine production) et 5 de châtaigniers. La vente des noix se fait auprès de la coopérative Sica noix.
La grande fierté de Sébastien ce sont ses deux hangars photovoltaïques. Les panneaux sont très discrets et recyclables à hauteur de 90 %. « Cela a modifié la configuration de l’exploitation. Je travaille d’une manière plus sereine avec cette nouvelle installation et ce d’autant que j’ai choisi le système de la cuma pour le matériel de récolte des noix, confie-t-il. Je suis rattaché à la cuma de la Joyeuse à Châtillon-Saint-Jean. Je suis aussi dans le réseau cuma pour le matériel de travail du sol. Avec un voisin, nous avons des semoirs en commun. »
Il possède aussi une cinquantaine de ruches, lesquelles produisent environ une tonne de miel par an. Sébastien Chambaud a conservé cette production mise en œuvre par son père. Il revend en circuits courts et gère lui-même tout le rucher.
Le jeune agriculteur est en agriculture raisonnée et ne souhaite pas dans l’immédiat se convertir au bio. « Après tous ces investissements en surfaces agricoles et hangars, je souhaite stabiliser mon rythme de croisière, indique-t-il. D’ici cinq ans, je prévois d’embaucher un salarié. »
Pierre-louis Berger