Après un mois de juillet exceptionnellement chaud et sec, août s’est poursuivi sur les mêmes standards, malgré des valeurs moins extrêmes. La chaleur et l’ensoleillement ont dominé mais de manière plus hétérogène, et la pluie est restée assez rare.
Après des mois de juin et juillet servis en chaleur, août est également apparu suffocant pour un grand nombre de Français. À l’heure du bilan, il apparaît jusqu’ici comme le deuxième mois le plus chaud de cet été 2022, avec une température moyenne de 26,9 °C, soit 2,7 °C d’excédent par rapport aux normales de saison. En août, la chaleur a perduré tout au long du mois et sur l’ensemble du pays, notamment dans les régions du Nord. À Lille (Nord), l’excédent a ainsi atteint 4 °C quand il s’est limité à 1,5 °C à Bastia (Haute-Corse). Lorsque l’on compare ce mois d’août avec ses prédécesseurs depuis vingt ans, seule la canicule d’août 2003 et ses 3,8 °C d’excédent le surpasse. De quoi contraster avec un mois d’août 2021 qui, lui, était apparu déficitaire en matière de températures.
Des pluies hétérogènes
Côté précipitations, ce mois d’août 2022 a affiché une certaine hétérogénéité même s’il est apparu bien sec. Le déficit en pluie s’est élevé à 39 % pour 33 mm en moyenne, un chiffre important mais loin des standards du mois de juillet qui avait affiché 85 % de déficit pluviométrique. La sécheresse a principalement touché le Nord-Ouest et notamment la Normandie, même si le record a été enregistré à Perpignan dans les Pyrénées-Orientales avec un déficit de 89 %. À l’inverse, d’autres zones géographiques ont vu la pluie s’abattre de manière régulière et conséquente. Citons notamment la ville de Paris, 20 % d’excédent et un orage important en cours du mois, mais surtout Marseille, 100 % d’excédent, à une période où la pluie se fait souvent rare sur la cité phocéenne. Août 2022 s’inscrit dans la continuité de ses prédécesseurs en termes de sécheresse, le record sur les vingt dernières années appartenant à l’année 2016 et ses 66 % de déficit pluviométrique. Il faut remonter à 2015 pour trouver trace d’un mois d’août plus arrosé que les normales, même si le record absolu appartient à août 2004 et ses 93 % d’excédent, soit le double d’un mois d’août normal.
Soleil et sécheresse
À l’inverse des précipitations, l’ensoleillement a été généralisé sur la quasi-totalité du pays. Avec 281 heures de soleil, l’excédent sur le mois d’août a été chiffré à 14 %. Une large moitié Nord a bénéficié d’une belle dose de soleil, avec des excédents de 30 à 40 % dans la plupart des communes. La palme revient à Brest dans le Finistère avec ses 42 % d’excédent. Dans le Sud, l’ensoleillement s’est révélé plus proche de la moyenne nationale, tout en restant à des niveaux élevés. Seules quelques rares communes en déficit d’ensoleillement ont été identifiées, comme Nîmes dans le Gard. Des conditions qui ont favorisé une poursuite de la sécheresse, déjà observée sur le début de l’été. Au-delà des feuilles tombant des arbres, des phénomènes plus graves ont été observés : réduction du débit des cours d’eau, comme en témoignent ces images impressionnantes de la Loire réduite à peau de chagrin, mais aussi des incendies, le plus dévastateur d’entre eux restant celui de Gironde. Citons aussi le puissant orage de grêle qui a frappé la région d’Ajaccio en Corse-du-Sud, avec des cellules orageuses et des rafales de vent de plus de 200 km/h qui ont causé plusieurs victimes.
Chaud et sec en Auvergne-Rhône-Alpes
Dans la lignée d’un été de tous les records, le mois d’août 2022 s’est situé au deuxième rang des mois d’août les plus chauds en région Auvergne-Rhône-Alpes depuis 1947, après 2003. L’excédent de température a atteint 2,3 °C, entretenant une tendance durablement chaude avec une série en cours de sept mois consécutifs d’anomalie positive. Les précipitations ont été déficitaires en moyenne de 10 % sur la région et le cumul pluviométrique moyen s’est élevé à 77 mm. Les pluies sont donc apparues plus importantes qu’en août 2021 mais cela cache un arrosage hétérogène sur la région en raison d’une instabilité récurrente et de passages orageux souvent brefs et intenses. Malgré ce constat, la sécheresse des sols a perduré avec un indice SWI tutoyant un record très bas datant du 13 août 2003 avant de remonter légèrement pour se situer en deçà du deuxième décile quotidien à la fin du mois. L’ensoleillement a été excédentaire de 5 à 20 % grâce aux conditions anticycloniques souvent présentes pendant le mois au-dessus de l’ensemble de la région.
Vague de chaleur en Bourgogne-Franche-Comté
Côté Bourgogne-Franche-Comté, ce mois est apparu remarquablement chaud. Il a été ponctué de plusieurs épisodes de chaleur, du 31 juillet au 4 août, du 8 au 13, du 24 au 25 puis le 29 août, des périodes au cours desquelles la température maximale agrégée sur la région a dépassé 30 °C. Le 4 août, les maximales se sont situées 10 °C au-dessus des valeurs de saison. Au cœur de l’après-midi, on a relevé jusqu’à 39 °C à Baume-les-Dames (Doubs) et 39,1 °C à Dole (Jura). Les précipitations sont apparues peu abondantes, excepté localement sous les orages. Les hauteurs mensuelles relevées ont été comprises entre 9,2 mm à Chalon-Champforgeuil (Saône-et-Loire) et 115,1 mm à Maîche (Doubs). Elles ont été déficitaires de 20 à 60 % sur une grande partie de la région. Le déficit a même dépassé par endroits 80 %, notamment sur le sud-est de la Côte-d’Or, le nord-est de la Saône-et-Loire et l’ouest de l’Yonne. En revanche, les cumuls sont le plus souvent apparus excédentaires sur la moitié nord de la Côte-d’Or, le centre de la Nièvre et plus localement sur le nord de la Haute-Saône. En moyenne sur la région, le déficit de pluviométrie a dépassé 30 %, ce qui classe août 2022 parmi les quinze mois d’août les plus secs depuis 1959. L’ensoleillement est apparu excédentaire de 15 à 30 % par rapport à la normale sur la région. Le soleil a ainsi brillé 303 heures à Nevers-Marzy (Nièvre) et 304 heures à Luxeuil (Haute-Saône).
Pierre Garcia
Des niveaux en baisse
En août, les niveaux des nappes sont globalement apparus en baisse. Les pluies estivales n’ont eu qu’un impact très limité sur les eaux souterraines. La décharge semble toutefois s’être ralentie depuis juillet, conséquence probable de la limitation des prélèvements. L’état de remplissage des nappes est demeuré peu satisfaisant sur la plupart d’entre elles, voire inquiétant avec des niveaux bas observés sur près de la moitié du territoire. La situation est particulièrement préoccupante dans le Sud-Est, sur le bas-Dauphiné, la Provence et la Côte d’Azur. Les nappes des calcaires karstiques du Vaucluse et du centre Var entrent dans une phase de tarissement, laissant présager un étiage très marqué. Les tendances des nappes devraient rester en baisse jusqu’à la période d’étiage qui s’observe habituellement entre mi-octobre et novembre. Les pluies efficaces devraient permettre d’humidifier les sols et bénéficier à la végétation, avant de s’infiltrer en profondeur. L’étiage 2022 devrait être très sévère sur la plupart des nappes, à l’exception du Sud-Ouest. Les niveaux des nappes à l’entrée d’hiver 2022-2023 seront nettement inférieurs à ceux de l’année dernière. La recharge 2022-2023 conditionnera donc les niveaux de l’année prochaine. Elle devra être particulièrement abondante et longue pour permettre aux réserves de se reconstituer. La situation devra être surveillée sur l’ensemble du territoire jusqu’à l’étiage puis durant toute la période de recharge.
P.G.
Une pousse d’herbe perturbée
Au 20 août 2022, la pousse cumulée des prairies permanentes est apparue inférieure de 31 % à celle observée au niveau national sur la période 1989-2018. Cela représente à cette période le rendement le plus faible depuis l’année 2003. Ce déficit est une inévitable conséquence des fortes chaleurs et de la sécheresse observées depuis la fin du mois de juin. Les régions fourragères les plus affectées se situent aux extrémités nord et sud-est du pays, où le déficit pluviométrique a été le plus important depuis le début de l’année. En cumulé, la pousse de l’herbe a atteint 40 % du niveau normalement atteint à cette période de l’année en Provence-Alpes-Côte d’Azur et est restée proche de 60 % en Occitanie, dans les Hauts-de-France et le Grand-Est. Dans d’autres régions, elle a varié de 66 à 78 %. Alors qu’au 20 août, la pousse cumulée de l’herbe atteint normalement 79 % de la pousse annuelle de référence, elle n’est que de 54 % cette année.
P.G.
