Histoire
L’agriculture française pendant les JO de 1924 (2/5)
À l’occasion des Jeux Olympiques qui se déroulent en France, nous avons voulu nous replonger dans l’agriculture des années 1920, en particulier de celle de l’année 1924, date des deuxièmes Jeux Olympiques qui se sont déroulés à Paris, après ceux de 1900. Tour d’horizon des sujets agricoles français et parfois internationaux qui ont animé l’actualité de l’époque.
En ce mois de juillet 2024, les journaux reviennent sur le VIe Congrès national de l’agriculture française qui s’est tenu quelques semaines plus tôt (du 12 au 14 juin) à l’Hôtel d’Assézat à Toulouse, sous l’égide de la Confédération nationale des associations agricoles (CNAA). Celle-ci a pour président Jules Gautier et pour secrétaire général Michel Augé-Laribé (lire encadré). Au menu des discussions : la tuberculose bovine qui touche les élevages notamment laitiers, l’accroissement de la production de blé, la diminution des prix de revient, l’approvisionnement en engrais, l’enseignement professionnel, mais aussi l’exode rural qui n’a pourtant pas été inscrit à l’ordre du jour. « La désertion des campagnes (…) justifie l’organisation d’un congrès spécial », écrit un journaliste de l’Agriculture nouvelle. Au congrès de ce VIe congrès, il est aussi question de créer des « ententes interprofessionnelles ». Jules Gautier fait ainsi remarquer « que si les intérêts des diverses professions peuvent parfois provoquer des conflits passagers, les agriculteurs n’ont aucun sentiment d’hostilité préconçue contre ceux qui collaborent avec eux à l’alimentation du pays. Il faut (…) désirer que des ententes interprofessionnelles soient fréquentes dans l’avenir ».
Betteraves sucrières
Le Figaro Économie du 13 juillet nous apprend que le ministre de l’Agriculture, Henri Queuille, a reçu une délégation de la CNAA et qu’il a reconnu, à la demande de cette dernière, la « nécessité d’un régime douanier équitable qui permette aux cultivateurs de procéder avec confiance à leurs emblavements et de leur assurer des prix de vente correspondant aux prix de revient ». Le même journal rapporte également que les sauterelles qui avaient ravagé en 1900 et 1901 la région des Charentes « ont réapparu cette année en divers points » des deux départements. Le quotidien suggère pour lutter contre ces ravageurs d’appliquer « au pulvérisateur ou à l’arrosoir, dans les 8 à 10 jours qui suivent l’éclosion, un insecticide comprenant 5 kilos d’huile lourde, un kilo de savon noir en pâte et 94 litres d’eau ».
Juillet c’est aussi la fin de moisson en Afrique du Nord où la France possède un département, l’Algérie et deux protectorats : le Maroc et la Tunisie. « La récole est très déficitaire en Tunisie et en Algérie. Elle est normale au Maroc », écrit le journal sans plus de précision. Plus complets sont en revanche les chiffres de L’Agriculture nouvelle qui, entre deux articles (un sur « L’influence du coq sur l’augmentation de la ponte » et un autre « le contrôle rapide du lait par détermination de la densité) fait état d’une reprise de la culture de la betterave à sucre : de 74 620 ha en 1919, les surfaces sont passées à 120 470 en 1920 puis à 181 570 en 1924. A titre de comparaison, les surfaces betteravières étaient de 370 000 ha en 2023 sur le territoire français.
Christophe Soulard
Michel Augé-Laribé
Le Monde du 6 octobre 1954 consacre une assez longue nécrologie à Michel Augé-Laribé, un « humaniste (…) dont la contribution à la vie économique française a été considérable ». Né à Montpellier en 1876, il a été secrétaire administratif de la Société des viticulteurs de France de 1906 à 1913, après avoir passé une thèse qui analysait les doctrines concernant la propriété du sol. En 1922, il se signale comme l'animateur de la première confédération agricole, puis de l'Association Société des viticulteurs de France. C’est à lui que l’on doit aussi la création du Services d’études et de documentation du ministère de l’Agriculture. La revue Économie Rurale dont il a été le président-fondateur lui rend aussi hommage dans un numéro 21 de la fin de l’année 1954 : « Dans les milieux agricoles, Michel Augé-Laribé avait une place exceptionnelle (…) Il aimait la conversation, non pas le bavardage ».