Sinistre
Incendie : un traumatisme à vie

La famille Payerne Baccard, éleveuse de vaches laitières à Theys (Isère), a vu son bâtiment agricole de 1 500 m² brûlé devant ses yeux. Après des mois de démarches administratives et de reconstruction, elle est repartie de l’avant. Tant bien que mal.

Incendie : un traumatisme à vie
Rebondir et repartir après l’incendie de son outil de travail est souvent un long parcours entre démarches administratives et reconstruction de son bâtiment. © Archives AD

Le 30 juillet 2014 restera une date marquante pour la famille Payerne Baccard. Ce jour-là, le bâtiment agricole de 1 500 m², dépendances et extensions comprises, est parti en fumée. Un violent incendie, provoqué par un court-circuit ou la présence d’un rongeur, a fait disparaître le travail de plusieurs décennies. Fort heureusement, les veaux ont été sortis des flammes à temps, ces dernières redoublant d’intensité au-dessus de l’étable. « Les trente laitières étaient au pré au moment de l’incendie », signale Félix Payerne Baccard, le fils. Ce genre d’événement entraîne le besoin de trouver une organisation efficace pour pallier les travaux courants de la ferme. Et malgré le choc, le travail a dû reprendre très vite. « La priorité était de traire les bêtes. Pour cela, nous avons dû rapidement faire l’acquisition d’un système de traite mobile pour pouvoir effectuer notre travail à l’extérieur. »
La gestion des bêtes était donc une priorité pour l’éleveur. Ont alors suivi l’épisode de solidarité, le passage obligatoire des assurances et la reconstruction, les étapes nécessaires pour la relance de l’activité et la survie de l’exploitation agricole. « Nous avons reçu beaucoup de solidarité de la part des agriculteurs voisins. Mais c’est dur, dans une situation pareille, d’aller vers les gens. »

Le défilé des experts en assurance

À peine le feu éteint, les exploitants ont vu défiler les experts en assurance : « C’était impressionnant, des experts arrivaient tous les jours pour proposer leurs services, note Félix Payerne Baccard. Pour autant, et malgré le coût que cela implique, ils font bien leur travail. Il y a tellement de choses à gérer à ce moment-là que leur soutien nous a été nécessaire pour nous accompagner dans les démarches administratives ».
Cependant, les éleveurs n’ont pas retrouvé le confort de travail dont ils disposaient : « Nous avions beaucoup d’extensions dans notre bâtiment d’origine, avec des avancées de toit, des hangars... Malheureusement, les assurances n’ont pris en compte que le bâtiment principal. Tout le reste a disparu », poursuit l’éleveur. Les assurances ont ainsi pris en charge la reconstruction du bâtiment principal d’environ 500 m² en totalité, avec des matériaux modernes.

Une installation fragilisée

Mais au-delà de l’aspect architectural, c’est avant tout la solidité des réparations qui inquiète l’éleveur. Car le bâtiment existant comptait une étable entravée. « Notre bâtiment était sur deux étages, le foin étant au-dessus des vaches. Bien que la dalle ait chauffé, seuls des étais ont été posés. Selon l’expert, cela doit résister… D’autre part, nous avons refait un toit, posé sur des massifs, pour ne pas surcharger l’installation déjà fragilisée. 
C’est toujours très compliqué, encore aujourd’hui », avoue Félix Payerne Baccard. Sans conteste, le traumatisme est toujours présent : « Pour mon père, il était inconcevable de tout arrêter à quelques années de la retraite. Mais il faut bien avouer que nos conditions de travail sont devenues difficiles. Il aurait fallu rebondir ailleurs. Rester sur des ruines n’est pas l’idéal. Mais après un drame, ce n’est jamais facile de prendre des décisions. Nous avons décidé de limiter les investissements ».

Amandine Priolet