Accès au contenu
VINS

Un protocole d’accord pour la Clairette de Die rosé

Réunis en assemblée générale du syndicat de la Clairette de Die et des vins du Diois, les viticulteurs ont adopté à l’unanimité un accord de principe avec le syndicat des vins du Bugey, concernant le devenir des bouteilles de Clairette de Die rosé.
Un protocole d’accord  pour la Clairette de Die rosé

Le dossier « Clairette de Die rosé » reste une préoccupation majeure après l'annulation par le Conseil d'Etat, en janvier 2018, de l'arrêté autorisant à en produire au motif d'une condition d'antériorité non remplie. Le 22 mars en assemblée générale à Vercheny, le président du syndicat de la Clairette de Die et des vins du Diois, Fabien Lombard, et son équipe l'ont rappelé. Pour lever les blocages, doit être constitué un historique de production afin de pouvoir déposer à terme un nouveau cahier des charges « Clairette de Die rosé ». Pour cela, il faut faire abroger la loi du 20 décembre 1957, interdisant la fabrication de vins mousseux autres que la « clairette de Die » à l'intérieur de l'aire délimitant l'AOC. Cette démarche pourrait ainsi permettre l'élaboration d'un vin effervescent rosé sans indication géographique (IG), afin de pouvoir justifier d'une antériorité de production. Les élus drômois travaillent en ce sens, à l'Assemblée nationale et au Sénat, et espèrent apporter une réponse positive aux viticulteurs du Diois.

Un accord de non-agressio


Dans le même temps, en ce début d'année 2019, le syndicat a trouvé un terrain d'entente avec l'organisme de défense et de gestion (ODG) Bugey-Cerdon : un protocole d'accord visant à écouler les stocks (4 400 hectolitres) dans un délai de dix-huit mois. « La balle est dans notre camp. A nous d'accepter cet accord de non-agression de la part de l'ODG Bugey-Cerdon, et cela, avec la bienveillance des services de l'Etat », a souligné Fabien Lombard. Une proposition acceptée à l'unanimité par les adhérents, soulagés de pouvoir vider leurs stocks de 2016 et 2017.
Par ailleurs, concernant la récolte 2018, « nous avons eu un printemps très humide avec une pression phytosanitaire très forte, a souligné Fabien Lombard. Malgré tout, nous avons réalisé de belles vendanges, avec des vins aromatiques et un rendement satisfaisant. » Alors que plus de 92 % de la production vinicole provient de la Clairette de Die méthode ancestrale, le président a rappelé l'importance de trouver de nouveaux relais de croissance pour surmonter la perte de la Clairette de Die rosé.

Lutte contre la flavescence dorée

Quant à la lutte contre la flavescence dorée, 1 165 hectares ont été prospectés en septembre et octobre derniers. Les résultats sont encourageants : aucune nouvelle commune n'a été contaminée et le nombre de parcelles atteintes est en baisse par rapport à 2017. Pour la campagne de lutte 2019, un périmètre obligatoire sera appliqué à toutes les communes de l'appellation avec un suivi biologique à effectuer (comptages larvaires, piégeages, etc.) et un traitement à l'eau chaude des plants destinés à être plantés dans le périmètre. Le syndicat propose une surveillance autonome des communes du périmètre qui ne sont pas contaminées et qui ne présentent pas de risque d'essaimage sur deux ans.
Par ailleurs, s'agissant des contrôles internes, 264 hectares de vignobles ont été concernés en 2018, sur dix-neuf communes. Avec 76 % de parcelles conformes (contre 97 % en 2017), les résultats montrent une année climatique assez compliquée et des manquements, notamment en termes d'entretien de sol, de règles de taille pas respectées ou de hauteur de feuillage pas conforme. A noter encore, le vignoble de la Clairette de Die accueillera cette année la vingtième édition du concours des Crémants, du 23 au 25 mai. 
Amandine Priolet

 

Fabien Lombard envisage désormais de se tourner vers l’avenir avec un programme de travail chargé : le développement du marché à l’export, la modification du cahier des charges de l’appellation Châtillon-en-Diois, l’œnotourisme et la délimitation des zones géographiques.
Interview / Questions à Fabien Lombard, président du syndicat de la Clairette de Die et des vins du Diois.

« Un bon accord plutôt qu’un mauvais procès »

Que faut-il retenir de cette année 2018 ?
Fabien Lombard : « Nous avons beaucoup travaillé sur notre adhésion à Inter Rhône. Notre intégration date du 1er janvier dernier et nous souhaitons, par ce biais, nous diriger vers le marché à l’export. Cela nous a demandé un gros travail de fond pour s’adapter aux exigences de l’interprofession : gestion des informations (sorties de caves, contrats d’achat et de vente, etc.) et processus (rendement, autorisation de plantation, etc.). Nous allons donc participer pour la première fois au salon “Découvertes en Vallée du Rhône” du 15 au 18 avril prochains. »
Concernant le dossier « clairette rosé », l’année 2019 semble débuter sous de meilleurs auspices. Qu’en est-il réellement ?
F. L. : « Effectivement, nous avons trouvé un accord - privé - avec le syndicat des vins du Bugey. C’était important de pouvoir discuter entre vignerons et d’essayer de trouver conjointement une solution. Je remercie d’ailleurs les sénateurs qui ont été les facilitateurs de ces rencontres. Nous sommes dans une situation où nous ne pouvons pas produire de Clairette de Die rosé. Si nous pouvons déjà écouler nos stocks (4 400 hectolitres, ndlr), c’est un moindre mal pour nous. L’accord passé va dans ce sens. Nous bénéficierons d’un délai de dix-huit mois maximum. Il valait mieux un bon accord qu’un mauvais procès. Nous devons nous satisfaire de cela. » 
Propos recueillis par Amandine Priolet