Nuciculture
Noix de Grenoble : « Une bouffée d’oxygène mais pas une bouteille »

« Le sentiment de fragilité du marché de la noix de Grenoble demeure, même si on note actuellement des perspectives encourageantes », indique Didier Catel, directeur de Coopenoix, à l’occasion de l’assemblée générale de la coopérative qui s’est tenue le 10 septembre dernier à Vinay.

Noix de Grenoble : « Une bouffée d’oxygène mais pas une bouteille »
« Dans cet environnement fragile et volatil, nous cherchons les moyens qui permettraient aux nuciculteurs de retrouver de la valeur ajoutée, d’être mieux rémunérés », indique Didier Catel, directeur de Coopenoix. © IB _TD

Entré à Coopenoix en 2003 en tant que responsable qualité, Didier Catel a poursuivi son parcours dans l’établissement en tant que responsable de la station. Il a pris la direction de la coopérative en 2022, après avoir effectué une période de transition en binôme avec Marc Giraud entre 2021 et 2022. Les différentes fonctions qu’il a occupées lui permettent de bien connaître l’entreprise, son fonctionnement, les améliorations qualitatives mises en place au cours du temps, ainsi que ses producteurs.

Comment s’annonce cette nouvelle campagne ? 
Didier Catel : « Après la petite année que nous avons connue l’an passé, nous sommes tous contents de revoir des noix dans les arbres. Incontestablement, les producteurs retrouvent du baume au cœur. Mais nous continuons d’évoluer dans un marché volatil. Comme la coopérative exporte 95 % de ses volumes, nous sommes très dépendants des cours mondiaux, des productions américaines, chiliennes, chinoises… Le sentiment de fragilité de notre marché demeure, même si on note actuellement des perspectives encourageantes. Je pense qu’on va pouvoir reprendre une bouffée d’oxygène cette saison, mais pas une bouteille. » 

Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
D. C. : « Le manque de 20 à 25 % de la production chilienne en 2024 a permis un meilleur écoulement de la noix américaine. Ainsi, il y a moins de volumes à bas prix sur le marché mondial, ce qui nous permet d’espérer une ouverture. Les prix devraient mieux se porter cette année. Mais chaque campagne est différente de la précédente. Nous ne profitons plus d’une continuité d’une saison à une autre. Ce n’est pas évident. »

L’ambiance au sein de la filière doit être meilleure…
D. C. : « Oui, ces éléments de conjoncture contribuent à détendre l’atmosphère. Il y en avait bien besoin, car les difficultés du marché ont occasionné des problèmes de trésorerie aux producteurs, qui ont pu peser sur leur moral ou sur leur capacité à préparer la récolte 2024. Ce n’est pas la majorité, mais certains, contraints financièrement, n’ont pas pu réaliser tous les traitements nécessaires. » 

La coopérative a-t-elle des projets ?
D. C. : « Dans cet environnement fragile et volatil, nous cherchons les moyens qui permettraient aux nuciculteurs de retrouver de la valeur ajoutée, d’être mieux rémunérés. Même s’il est évident que la noix sèche en coque va rester notre cœur de métier, nous allons nous lancer dans différents projets de diversification avec des produits à base de noix et de fruits secs. Nous allons ainsi nous orienter vers la commercialisation d’huile de noix et de cerneaux de noix aromatisés. Nous prévoyons également de moderniser notre gamme d’emballage pour à la fois inclure ces nouveaux produits, mais aussi donner un caractère, plus haut de gamme à ceux que nous proposons déjà. Nous voulons qu’ils s’intègrent dans ces nouveaux comportements liés au snacking sucré ou salé, à cette consommation de produits sains. Nous ne voulons pas révolutionner l’entreprise mais apporter une valeur complémentaire aux producteurs adhérents. Nous en sommes au début de ce projet. Il se matérialisera certainement par de nouveaux investissements. »

Quel regard portez-vous sur l’évolution de la coopérative durant ces vingt dernières années ?
D. C. : « Je dirais qu’elle est partie de loin et qu’elle a beaucoup évolué. Alors qu’il s’agissait d’une entreprise agricole, artisanale, elle a pris une dimension semi-industrielle et industrielle, les années passant. L’outil a été modernisé. Des extensions de bâtiment ont été réalisées. Son fonctionnement a été amélioré. Marc Giraud a contribué pour beaucoup dans cet avancement. Après avoir œuvré pour sa relance dans les années 1995, il a réussi à l’asseoir financièrement et économiquement. Tout le monde sait qu’on lui doit beaucoup. Son décès brutal a beaucoup marqué la communauté de la coopérative. Le choc est encore bien présent. » 

Propos recueillis par Isabelle Brenguier

Repères

Pour la campagne 2023-2024, Coopenoix et CT Noix ont acheté à leurs partenaires 4 500 tonnes de noix sèches (contre 9 050 l’an dernier) et 50 tonnes de noix fraîches. Coopenoix a aussi traité 350 tonnes de cerneaux.
Les calibres ont été particulièrement gros, 46 % d’entre eux faisaient plus de 28 mm et 18 %, plus de 32 mm.
Le prix moyen payé aux producteurs a été de 2,20 euros. Mais Didier Catel souligne que ce prix s’inscrit dans un contexte de soutien aux producteurs.
I. B.