BIEN-ÊTRE ANIMAL
Bâtiments d’élevage : comment s’adapter au réchauffement climatique

Face aux périodes plus fréquentes de canicule et de sécheresse, il s’avère nécessaire de repenser les étables pour permettre aux animaux de moins souffrir de la chaleur et modérer la perte de production.

Bâtiments d’élevage : comment s’adapter au réchauffement climatique
Une façade en grande partie amovible pour protéger ou faire pénétrer le courant d’air en fonction de son ouverture. ©Idele

Une vache qui a trop chaud perd très vite du poids par la perte d’eau mais également par une baisse de la quantité d’aliments consommée. Ainsi, la production de viande ou de lait en pâtit. Il faut savoir qu’une vache commence à devoir s’adapter à la chaleur à partir de 22 °C. Autant dire que depuis quelques années, les étés deviennent problématiques, les températures dépassent largement ce seuil sur des durées longues. D’autant plus qu’au-delà des 30-35°, l’animal se trouve en situation de souffrance. Comme nous, les vaches suent et l’eau doit être fournie en quantité suffisante.
Il faut éviter que les vaches soient dehors lors des pics de température, surtout si l’ombre se fait rare dans les pâtures. Le bâtiment qui les accueille doit donc être prévu pour éviter l’entrée du rayonnement direct du soleil et favoriser la ventilation naturelle.

Un courant d’air dans le bâtiment

Dans les bâtiments qui ne peuvent être modifiés, l’installation de ventilateurs est une solution intéressante, même si l’investissement est important, surtout au niveau de la consommation électrique. Il faudra veiller à calculer si la baisse de production est supérieure au financement nécessaire. Mais dans les bâtiments plus récents ou modifiables, la pose d’une toiture en parasol, qui fait passer l’air au lieu de laisser le lieu s’échauffer, permet de créer une ventilation naturelle qui, combinée à la transpiration, augmentera la sensation de bien-être des animaux, et agira sur leur température corporelle avec plus d’efficacité.
La toiture joue donc un rôle important. La création de débords de toiture empêche le rayonnement solaire de pénétrer à l’intérieur. La hauteur de la maçonnerie du bâtiment devra être réduite autant que possible afin de laisser de larges ouvertures sous-toiture pour que l’air puisse circuler librement, entrer et sortir. Ces ouvertures ne seront pas orientées vers le sud, mais plutôt en fonction des vents dominants sur la parcelle accueillant la stabulation pour augmenter le courant d’air. Non seulement, pour assurer un maximum de ventilation naturelle, il faut penser comme précédemment aux courants d’air traversants, mais il est souhaitable de le cumuler à un effet cheminée avec une ouverture au niveau de la faîtière.
Les ouvertures latérales peuvent être assorties d’un bardage amovible, pour limiter l’impact des rayons solaires, ou pour arrêter le flux d’air lorsque le rafraîchissement n’est pas nécessaire. Il existe des bardages amovibles à démonter, d’autres qui sont coulissants mais qui demandent un investissement plus conséquent ou encore un bardage à lames réglables. Ces derniers demandent peu de mécanique et son faciles d’entretien, mais proposent peu de positionnements, puisqu’ils sont ouverts ou fermés.

Empêcher l’entrée du rayonnement solaire

En outre, éviter les plaques transparentes sur les toitures, notamment sur le côté exposé au soleil, est un bon moyen d’éviter le rayonnement solaire à l’intérieur de la stabulation. Ces plaques translucides peuvent augmenter la température de 6° à cause de leur effet de serre. Si le besoin de luminosité est important, alors mieux vaut préférer des ouvertures sur les façades, avec un bardage coulissant ou au moins amovible. Si des panneaux translucides sont déjà installés, une couche de peinture opaque (utilisée par les serristes) est envisageable. De la même façon, il est possible d’isoler la toiture, principalement sur ses parties basses, proche des animaux. La température ressentie est ainsi réduite d’environ 2°C avec une épaisseur de 2 cm. La toiture peut également être peinte avec une couleur claire, afin de réfléchir les rayons solaires et réduire la chaleur emmagasinée.
Ces solutions permettent d’adapter un bâtiment déjà existant, voire ancien, pour le bien-être des animaux et le maintien de la production. L’intérêt est de bien analyser la situation dans l’espace du bâtiment, afin de le protéger efficacement des rayonnements (orientation sud), et de favoriser l’aération avec les vents dominants.

Véronique Legras