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Grandes cultures

Irrigation du maïs : bien gérer le démarrage

La grande majorité du maïs (80 %) a été semée sur une période de deux semaines (du 11 au 25 avril). Les stades sont assez homogènes mais évoluent très vite avec la chaleur qui règne depuis début mai. L’absence de pluies significatives depuis un mois n’a pas permis de maintenir le niveau des réserves utiles à un état satisfaisant. Les conseils d’Arvalis-Institut du végétal pour bien gérer l’irrigation du maïs.

Irrigation du maïs : bien gérer le démarrage
Avec une campagne très sèche, maintenir le rythme d’irrigation en diminuant la dose à chaque passage est plus rentable que de consommer un volume fini en sacrifiant la phase de remplissage. © DR

Les essais ont montré qu’un maïs pouvait attendre jusqu’à douze feuilles pour lancer l’irrigation, à condition qu’elle soit ensuite conduite à un rythme soutenu. D’où la question du début de l’irrigation à dix feuilles, afin qu’elle soit bien démarrée, si besoin au stade douze feuilles. Depuis 2015, la demande climatique a été très élevée dès le début de la période de sensibilité au stress hydrique du maïs. D’où l’importance de bien gérer cette phase de démarrage de l’irrigation. Le stade dix feuilles est atteint quand la dixième feuille est visible sur la moitié des pieds. Sont comprises dans les dix feuilles : la feuille arrondie à la base, les feuilles complètement déployées dont la ligule est visible et les feuilles dans le cornet non complètement déployées. Il faut faire quelques comptages du nombre de feuilles sur chacun des rangs d’un même semoir et choisir dix plantes consécutives sur un rang représentatif du stade dominant.

Privilégier la phase sensible

Le maïs a des besoins maximun sur les quarante jours qui encadrent la floraison. Si on est dans un contexte de ressource en eau limitée, c’est sur cette période qu’il faut concentrer l’eau disponible, en comptant sur les orages d’été pour finir d’accompagner le grossissement des grains. Cette logique peut trouver ses limites si les orages du mois d’août ne sont pas au rendez-vous. Les essais montrent qu’avec une campagne très sèche, maintenir le rythme d’irrigation en diminuant la dose à chaque passage est plus rentable que de consommer un volume fini et en sacrifiant la phase de remplissage.

Méthode de pilotage de l’irrigation

Arvalis-Institut du végétal propose des règles simples à observer pour faciliter la prise de décision à partir du suivi précis des stades de la culture, de la connaissance du type de sol et du niveau de sa réserve en eau. Le niveau de la réserve en eau peut être apprécié avec la tensiomètrie pour laquelle Arvalis a défini des seuils par la méthode Irrinov® ou par le calcul d’un bilan hydrique avec l’outil Irré-Lis®, accessible sur internet.
Irrinov® aide à la gestion des trois étapes importantes du cycle avec : une règle de démarrage de l’irrigation en fonction du stade de la culture et de l’état de la réserve utile, une règle de retour avec la prise en compte des pluies, et une règle d’arrêt en fonction du stade de la culture (variable selon le type de sol), l’état de la réserve utile et les prévisions météo.Cette méthode est disponible pour du maïs consommation (grain et ensilage), et des semences, et ce pour tous les types de sols de Rhône-Alpes, et elle est accessible gratuitement sur Internet. Le site Irrinov® se positionne en début de tour d’eau et les conseils donnés permettent de garantir une bonne irrigation sur l’ensemble des positions du tour d’eau. La prise en compte du climat est intégrée dans la méthode. Elle est adaptée aux situations où la disponibilité en eau est suffisante et est utilisable avec tous les types de matériel : canons d’enrouleurs, couverture intégrale, pivots et rampes. Permettant de bien valoriser la réserve du sol, comme les pluies en cours de culture, elle peut donc contribuer à améliorer l’image d’une irrigation raisonnée et économe. Elle nécessite quatre à six sondes Watermark® et leur boîtier de lecture, un pluviomètre et son support. Elle demande en moyenne deux passages par semaine pour relever les tensions avant d’irriguer et contrôler le résultat de l’irrigation, et éventuellement un passage intermédiaire pour anticiper les décisions. Des outils d’interrogation automatique des sondes et de transfert de données commencent à se développer.

Irré-Lis® : anticiper l’irrigation

En tenant compte de la réserve en eau du sol, des conditions météorologiques et de la culture, l’outil Irré-LIS® calcule en temps réel le bilan hydrique et les dates prévisionnelles des stades, les prévisions ETP et le risque de pluie (données Météo France), l’état de la réserve en eau du sol et l’état prévisionnel à sept jours (hors pluies éventuelles). Avec cet outil, grâce à l’interface informatique disponible à son domicile, l’agriculteur a ainsi une vision de la vitesse à laquelle la culture va épuiser l’eau disponible et de la nécessité d’influer le cas échéant sur la conduite de son irrigation. Il peut ainsi anticiper et assurer la gestion de son irrigation au plus près des besoins de ses cultures. 

L’arrêt de l’irrigation 

Par des dispositifs expérimentaux, le stade où il faut prendre la décision d’arrêter l’irrigation a été défini en général à 50 % d’humidité du grain ce qui correspond à 32 % de MS plante entière. Pour le maïs ensilage, on anticipe cette décision d’un tour, pour récolter dans de bonnes conditions. À ce stade, en fonction de l’état de l’eau dans le sol et des prévisions météo, on lance ou non un dernier tour d’eau. En sol léger, la décision est prise à 45 % d’humidité, soit une semaine ou un tour d’eau plus tard. Pour les ensilages, la connaissance de la date de floraison va permettre, avec quatre à cinq semaines d’anticipation, de proposer une date raisonnable d’arrêt, parcelle après parcelle. Pour les semences, il a été démontré que la vitesse de dessiccation était comparable entre lignées et hybrides. À ce jour, seule une fragilité des semences en fin de cycle pourrait conduire à un réaménagement de cette règle basée sur le seuil de 50 %. La règle générale s’applique donc de la même façon aux productions de semences. Ceci peut être intéressant pour le producteur, mais aussi pour l’établissement de collecte qui peut trier ses parcelles et organiser la gestion de son planning de récolte. Sur la base d’un premier dosage d’humidité ou de l’observation précise de la floraison, une bonne façon de se projeter dans l’avenir est de retenir une perte de sept points pour cent degrés jours, et autour de 50 % d’humidité soit environ quinze degrés jours pour perdre un point, les lignées se comportant comme les hybrides commerciaux.

Planning 2022 à consulter

Yves Pousset, Arvalis - Institut du végétal
Pour tout renseignement : 04 72 23 80 85