Abricot des Baronnies : dans les starting-blocks pour pour l'IGP
Le 21 mars à Bésignan, l’assemblée générale du syndicat de l’abricot des Baronnies a permis de présenter le fonctionnement de la prochaine campagne, théoriquement la première sous IGP. Toutefois, à l’heure où nous bouclons cette édition, la filière était toujours dans l’attente de l’étape ultime : la publication du règlement de l’Union européenne enregistrant officiellement l’IGP.

En théorie, l’indication géographique protégée (IGP) est acquise pour l’abricot des Baronnies. Mais le syndicat, les producteurs et les metteurs en marché doivent encore attendre un peu avant de la revendiquer sur leurs supports de communication, ceci tant que l’Union européenne n’a pas publié dans son journal officiel le règlement enregistrant officiellement l’IGP. Tout le monde s’était en effet réjoui le 8 décembre dernier de la publication au JO de l’UE de la demande d’enregistrement de la dénomination indication géographique protégée « Abricot des Baronnies ». Cette publication avait ouvert un délai de trois mois pour toute éventuelle opposition à cet enregistrement.
À la date du 8 mars, aucune opposition n’ayant été déclarée, la démarche est donc quasiment finalisée. La tension était toutefois palpable le 21 mars à Bésignan lors de l’assemblée générale du syndicat de l’abricot des Baronnies puisque l’étape ultime de publication du règlement de l’UE enregistrant l’IGP n’était toujours pas effective.
Identification et habilitation
Si l’inquiétude planait de ne pas obtenir cette publication à temps pour la récolte à venir, le syndicat a tout de même pris toutes les dispositions pour gérer l’IGP. À commencer par sa transformation en organisme de défense et de gestion (ODG). Pour mener à bien sa mission d’ODG, le syndicat de l’abricot des Baronnies a choisi de mutualiser l’emploi d’une technicienne avec le syndicat qui gère l’IGP petit épeautre de Haute Provence. Céline Tesconi aura, pour un tiers d’équivalent temps plein, la mission d’accompagner les producteurs et metteurs en marché qui veulent entrer dans l’IGP (identification, contrôle initial pour l’habilitation…). Elle mettra également en œuvre le plan de contrôle interne.
Pour que l’ODG puisse conduire ses missions, il a aussi été question du budget 2024 et des cotisations pour produire ou commercialiser sous IGP. Benoit Chauvin-Buthaud, ingénieur conseil de la chambre d’agriculture, qui accompagne les producteurs d’abricot des Baronnies depuis le début de la démarche, a rappelé que trois catégories d’opérateurs seraient concernées par ces cotisations : les producteurs (cotisation fixe de 150 €/an), les producteurs-conditionneurs (cotisation fixe de 250 €/an) et les metteurs en marché (cotisation fixe de 350 €/an). À cette base fixe s’ajoutera une part variable de 45 € par ha sur les surfaces en IGP de l’exploitation et, pour les metteurs en marché, de 10 €/ tonne commercialisée en IGP.
Un premier objectif de 1 000 tonnes
Pour la campagne 2024, Franck Bec, président du syndicat, table sur un volume de 1 000 tonnes en IGP. Sous réserve bien sûr que les accidents climatiques épargnent cette année les vergers. « C’est une prévision très basse, reconnaît le président. Nous savons que nous pouvons faire plus. Nous avons les producteurs, nous avons les metteurs en marché ». Reste à convaincre les consommateurs. « Il va falloir être à la hauteur, ne pas décevoir sur la qualité. Ce que nous allons mettre sur le plateau, c’est ce qui va faire que l’IGP va réussir ou pas », a averti Franck Bec.
C’est ce qu’a confirmé Vincent Marcadal. Producteur de clémentine de Corse IGP, très impliqué dans cette filière, il partage depuis 2020 son expérience avec le syndicat de l’abricot des Baronnies. « Vous êtes convaincus d’avoir un produit de qualité mais le consommateur final doit le voir. L’ODG clémentine de Corse embauche deux personnes sur la saison pour faire le tour des stations et vérifier que ce qui est mis dans les barquettes est conforme à la qualité attendue », a-t-il expliqué.
« Intéresser de nouveaux clients »
Après neuf années de travail pour obtenir la reconnaissance en IGP, une nouvelle page s’ouvre pour la filière abricot des Baronnies. « Bravo pour ce que vous avez fait, vous avez marqué l’essai maintenant il faut le transformer. L’application d’un cahier des charges, ça peut faire peur au début mais c’est un outil pour se professionnaliser, intéresser de nouveaux clients et aller chercher des centimes en plus sur le produit », a déclaré Régis Aubenas, président du comité régional d’Interfel. Marie-Pierre Monier, sénatrice, a également salué cet aboutissement de la démarche IGP, qui est pour elle « la reconnaissance d’un terroir mais aussi de la qualité du travail des producteurs ». Enfin, elle a souligné le nombre de jeunes présents dans la salle pour cette assemblée générale, signe « d’un territoire vivant ». Un territoire prêt à accueillir dès cette année sa première récolte sous IGP « abricot des Baronnies ».
Sophie Sabot
L’abricot des Baronnies, c’est quoi ?

- Un fruit de montagne produit au-delà de 200 m d’altitude.
- Une aire géographique regroupant 87 communes de la Drôme, du Vaucluse et des Hautes-Alpes.
- Treize variétés (Rosé de Provence, Orangé de Provence, Sefora, Lido, Orangered®, Delice Cot, Bergeval®, Digat, Bergarouge®, Ladycot, Bergeron, Anegat, Oscar).
- Des pratiques au verger : taille annuelle (hivernale ou en vert), densité de plantation à 670 arbres /ha maximum, recherche d’une couverture végétale hivernale des sols (aucun travail du sol entre le 15 octobre et le 15 février), fertilisation azotée raisonnée...
- 10 % de la SAU de l’exploitation en surfaces agro-écologiques (au sens HVE) et au minimum un nichoir à oiseaux ou à insectes pollinisateurs par hectare d’abricotiers.
- Des critères de couleur à la récolte pour éviter toute récolte précoce et des contenants de récolte de 15 kg maximum.
- Une teneur en sucre à l’expédition (taux de sucre > 12° Brix ; 11,5 pour Bergeron).
- Des délais entre la récolte et l’expédition finale inférieurs à 14 jours.
Plus d'informations sur le cahier des charges ici.
La communication, cheval de bataille
La communication sera un cheval de bataille du syndicat. L’obtention de l’IGP est une étape, il faut désormais ancrer l’abricot des Baronnies parmi les produits sous signes officiels de la qualité et de l’origine. La reconnaissance du produit et de sa qualité par les consommateurs est essentielle. Le syndicat prévoit de dédier 15 000 € à la communication cette année, puis 20 000 € en 2025 et en 2026.
Aides de la Région et du Département
En 2023, la Région, dans le cadre du plan de filière fruits, a aidé le syndicat pour le rachat de la marque « Abricot des Baronnies ». Propriété du Syndicat des producteurs des Coteaux du Ventoux, qui l'avait déposée dans les années 1990, la cession a eu lieu pour un montant de 16 020 €, subventionné à hauteur de 50 % par la Région Aura. Par ailleurs, le Département de la Drôme a accompagné par une aide à hauteur de 60 % l’étude « stratégie marketing » que le syndicat a fait réaliser en 2023.
Pour 2024, Franck Bec, président du syndicat, a sollicité la présidente du conseil départemental pour l’obtention d’une aide qui permettrait de prendre en charge une partie de la cotisation des producteurs pour cette première année sous IGP. Aucune réponse n’a pour l’instant été fournie.