Retenues d’eau
Violente manifestation à Sainte-Soline

Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés le 25 mars à Sainte-Soline pour manifester contre les retenues d’eau. Les forces de l’ordres ont permis de sécuriser les lieux. Les affrontements avec les manifestants ont été violents.

La manifestation avait été annoncée par les organisateurs comme « pacifique ». Il n’en a rien été. Les militants de Soulèvement de la Terre, de la Confédération paysanne et de Bassines Non merci se sont rassemblé. Des centaines d’entre eux à se lancer à l’assaut des gendarmes et policiers avec des cocktails Molotov, des machettes, des boules de pétanque et bien d’autres armes par destination (bouteilles de bières vides, pierres…) avec la farouche volonté d’en découdre. La bataille rangée, très brutale, a duré une vingtaine de minutes. « Un combat de haute intensité », a déclaré le général de division de gendarmerie, Bertrand Cavallier, à BFMTV. Plusieurs véhicules militaires (fourgons, voitures) ont été brûlés. En fin de journée, le parquet de Niort faisait état de 47 blessés parmi les forces de l’ordre et 7 du côté des manifestants(*). Un manifestant de 30 ans se trouve, à l’heure où ces lignes sont écrites, entre la vie et la mort. Quoiqu’il en soit, les 6 000 manifestants n’ont pas réussi à atteindre la retenue d’eau qu’ils convoitaient pour la détruire. Ils se sont toutefois attaqués, en guise de maigre compensation, à l’une des vannes du futur projet, réussissant à la percer à l’aide d’une meuleuse.

« Violence intolérable » 

Les réactions ont été nombreuses. Sur son compter Twitter, la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, a exprimé « tout son soutien aux agriculteurs victimes des invasions et du harcèlement des manifestants, aux forces de l’ordre qui protègent les populations et les installations. Les trois organisateurs devront répondre des actes violents et haineux qu’ils ont suscités », a-t-elle écrit. La FNSEA 79 et les JA des Deux-Sèvres ont eux aussi condamné, dans un communiqué commun, « les violences et la Confédération paysanne », demandant « des condamnations fermes et rapides. Ces individus doivent être immédiatement stoppés et condamnés », ont-ils écrit en recadrant le discours des manifestants (lire encadré). Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, s’en est pris, sans les nommer, aux nombreux députés français et européens LFI et EELV présents à Sainte-Soline : « Quand vous acceptez, comme élu de la République, d’être avec des manifestants portant haches, machettes, fusées - manifestants qui, tels Néron voyant Rome brûler se réjouissent de voir le feu se propager - vous portez une part de responsabilité », a-t-il mentionné sur son compte Twitter. La Première ministre, Elisabeth Borne a dénoncé un « déferlement de violence intolérable ». Si aucune interpellation n’a été pratiquée pendant les échauffourées, le parquet de Niort a cependant décidé d’ouvrir une enquête pour le motif suivant : « organisation de manifestation interdite pour identifier les personnes responsables de ce mouvement particulièrement violent », a-t-il annoncé. Quant à l’un des leaders de manifestation, Julien Le Guet, il a clairement fait savoir au micro de RTL que cette « violence l’avait galvanisé ». Il a aussi indiqué à nos confrères de la Nouvelle République qu’il n’excluait pas une nouvelle manifestation cet été. « Et nous serons encore plus nombreux », a-t-il assuré. Les 3 200 gendarmes et policiers mobilisés sont restés sur place pour quelques temps encore.

Christophe Soulard (Actuagri)

(*) Le Parquet de Niort ne prend ici en compte que les blessés pris en charge par les services de secours (Samu, pompiers…)

Un deuxième manifestant dans le coma 

Une deuxième personne, blessée le 25 mars lors des violents affrontements à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) entre les manifestants opposés aux retenues d’eau et les forces de l’ordre est dans le coma, a appris l’AFP le 27 mars de source proche du dossier. L’information confirme celle diffusée sur BFM TV, où une femme présentée comme la mère de ce manifestant avait annoncé que «Michael, 34 ans» était en train «d’être opéré du cerveau». «Il n’est pas black bloc, ni quoi que ce soit», a-t-elle ajouté. Le 25 mars, un homme de 30 ans avait été grièvement touché à la tête, avec un pronostic vital engagé. Le parquet de Niort avait annoncé le lendemain avoir ouvert une enquête spécifique sur les circonstances dans lesquelles trois manifestants au total, dont une femme de 19 ans et un autre homme de 27 ans, avaient été sérieusement blessés. Au total, la préfecture a dénombré 47 militaires et sept manifestants blessés. Du côté des associations organisatrices – la Confédération paysanne, le collectif Bassines non merci et le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre –, le bilan est beaucoup plus lourd: 200 manifestants blessés, dont «trois personnes ont même eu leur pronostic vital engagé». Les chiffres du parquet ne portent que sur les blessés officiellement secourus, ce qui peut expliquer l'écart entre les chiffres.

La mise au point de la FNSEA 79 et les JA des Deux-Sèvres 

Dans leur communiqué commun, la FNSEA 79 et JA des Deux-Sèvres ont dénoncé les fausses informations des manifestants comme le fait que les réserves ne bénéficieraient qu’à 6 % des agriculteurs : « Faux ». Le projet bénéficie à « 450 agriculteurs soit 45 % des exploitants du bassin ». Sur le supposé « accaparement » de l’eau, les deux syndicats expliquent que « l’ensemble des volumes et des autorisations sont gérés par l’Etablissement public du Marais poitevin. La coopérative de l’eau ne gère que les installations matérielles ». Quant à l’eau qui serait gérée par « l’agrobusiness », FNSEA et JA 79 rappellent que c’est une coopérative de 450 agriculteurs qui porte le projet, dont 55 % sont des éleveurs qui ne dépendent d’aucun groupe ou capitaux extérieurs. Enfin les deux syndicats précisent que, contrairement aux allégations des opposants, tous les recours sont terminés sur les réserves en cours de construction.