Valorisation
Verveine du Forez : un atelier bio  à haute valeur ajoutée

L’association Rhône et Loire pour le développement de l’agriculture biologique (Ardab) a organisé une visite de l’exploitation « Verveine du Forez » afin de présenter un modèle de production spécialisée, avec une transformation à la ferme amenant une bonne valeur ajoutée. Découverte.

Verveine du Forez : un atelier bio  à haute valeur ajoutée
Plants de Aloysia triphylla ou Lippia citriodora, la verveine citronnelle. © Ardab

La filière biologique des plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM) se développe de plus en plus. En 2020, les surfaces certifiées en agriculture biologique (AB) en PPAM ont augmenté de 15 % en région Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), selon l’Agence Bio. Les fermes productrices de PPAM sont principalement basées sur des modèles à petites surfaces et très diversifiés.

Une ferme avec une surface limitée

L’exploitation Verveine du Forez a été créée par Sébastien Forissier en 2010 suite à la reprise de l’exploitation familiale initialement en maraîchage. Après un parcours dans le commerce puis en restauration, dès son arrivée, Sébastien a décidé de ne pas faire comme ses parents et de se diriger vers la production de verveine. « Je connais le maraîchage. Toute mon enfance, j’ai vu mes parents travailler. Mais moi, cela ne m’intéressait pas de continuer. En m’installant, j’ai voulu me différencier en me spécialisant dans la verveine », explique-t-il.
La ferme se situe dans la Loire, à Bonson dans la plaine du Forez à 300 mètres d’altitude. Avec une surface d’environ 3 000 m², seuls 1 500 m² sont cultivés pour le moment. Sébastien travaille avec deux salariés à l’année et une dizaine de saisonniers qui viennent l’aider lors des récoltes.

La verveine, une culture peu exigeante

Verveine citronnelle (Aloysia triphylla ou Lippia citriodora), verveine d’Argentine (Aloysia polystacha) et verveine officinale (Verbena officinalis) sont les trois sortes de verveines cultivées par Sébastien Forissier. Il a commencé en achetant quelques plants chez un pépiniériste puis il s’est vite formé aux techniques de multiplication et bouturage afin de devenir autonome sur son exploitation. « Mis à part le bouturage et la plantation, la verveine n’est pas une plante très difficile à cultiver », reconnaît-il.
L’exploitant réalise ses propres boutures. La taille des tiges se fait entre avril et juin. Les boutures sont ensuite placées en godet sous serres pendant un an et serviront pour la plantation au mois de mai de l’année suivante. À la plantation, une attention particulière doit être portée à l’irrigation. À cette étape, le système racinaire n’est pas encore développé et la plante est très sensible au manque d’eau. À l’inverse, une fois les pieds adultes, la culture n’est pas très gourmande en eau même en été. Un système de goutte à goutte est tout de même installé en cas de période de forte sécheresse. Sébastien Forissier réalise deux à trois récoltes de feuilles par an, en juin, août et éventuellement en octobre. Avec 1 500 m² de verveine, il récolte 550 à 650 kg de feuilles fraîches par an. « J’essaie de limiter les récoltes d’automne car cela a tendance à réduire les capacités de mise en réserve de la plante et à l’affaiblir, rendant le passage de l’hiver plus difficile », précise-t-il. L’hiver est donc une période sensible pour la plante dont les racines craignent le froid et l’excès d’eau. L’agriculteur utilise un voile d’hivernage entre fin décembre et mars pour protéger ses plantes. « La verveine déteste le froid et les sols hydromorphes. Ici, j’ai de la chance car les sols sont plutôt drainants et l’hiver est doux. » La taille se réalise à la sortie de l’hiver entre mars et mai afin de préparer la nouvelle année. Sébastien conseille de tailler jusqu’au bois, en laissant 10 cm de tige partir depuis le sol. Pour maîtriser l’enherbement des rangs et inter-rangs, ainsi que le salissement des feuilles à la récolte, il a rapidement mis en place un paillage plastique en géotextile.

Deux à trois récoltes de feuilles de verveine sont réalisées  par an, en juin, août et éventuellement en oc­tobre. © Ardab

Une transformation à la ferme pour une meilleure valorisation

En choisissant de se spécialiser dans la verveine, Sébastien Forissier a, dès le départ, axé sa stratégie sur la transformation afin d’améliorer la valorisation de son produit. Il transforme 75 % de sa production en liqueurs de verveine et gins. En jouant sur les recettes et sur les variétés, la gamme de produit s’est progressivement étoffée. 20 % de la production partent en plantes sèches. Une partie est vendue en vrac pour d’autres transformateurs et l’autre partie est vendue conditionnée en sachets ou infusettes. Enfin, 5 % de la production servent à tester de nouveaux produits comme la confiture citron-verveine, le caramel ou encore la moutarde.
C’est en jouant avec cette grande diversité de produits que Sébastien a pu construire l’identité commerciale de Verveine du Forez en s’adressant à la fois aux particuliers via son magasin en vente directe, et aux restaurateurs, traiteurs, épiceries…
Aujourd’hui, il continue de développer son activité. Dans les prochaines années, il va continuer à planter de la verveine afin d’exploiter la totalité de ses 3 000 m². Au niveau des transformations, il cherche à développer de nouvelles recettes afin d’agrandir sa gamme de produits sans alcool.
Cette visite a été l’occasion pour les producteurs de découvrir un modèle spécialisé et de constater qu’il est possible de s’installer et de développer une activité même sur des petites surfaces. 

Verveine du Forez : un atelier bio  à haute valeur ajoutée

Exploitant : Sébastien Forissier.
SAU : 1 500 m².
UTH : 3.
Production : 550 à 650 kg de feuilles fraîches de verveine et menthe par an.
Transformation : liqueur de verveine, gin, tisanes et autres produits transformés à base de verveine.
Commercialisation : vente directe, restaurants, traiteurs, épiceries, transformation à la ferme (glaces).
Tous les produits sont présentés sur www.verveineduforez.fr