CONGRÈS DES MAIRES
Loup : la préfète alerte les élus sur l'ampleur de la prédation

Après des années d’appels au secours des éleveurs confrontés à la prédation de leurs troupeaux par le loup, la prise de conscience semble monter d’un cran en 2022. La préfète a détaillé la situation lors du congrès des maires.

Loup : la préfète alerte les élus sur l'ampleur de la prédation
Lors du congrès des maires, le 20 octobre, Élodie Degiovanni a déclaré : « Deux sujets ont particulièrement éprouvé la Drôme cette année : la prédation du loup et la longue séquence exceptionnelle de sécheresse ». D.R.

« Deux sujets ont particulièrement éprouvé la Drôme cette année : la prédation du loup et la longue séquence exceptionnelle de sécheresse », a affirmé la préfète de la Drôme lors du congrès des maires. Le jour même, sur France Bleu, Hervé Mariton, maire de Crest, alertait sur la présence du loup sur sa commune (12 attaques et 65 brebis tuées cette année), toujours plus près des habitations. « Ce n’est plus un problème d’éleveurs, c’est un problème d’habitants », déclarait-il au micro de nos confrères.

Devant les élus locaux drômois, Élodie Degiovanni a rappelé que l’année 2022 se révèle « exceptionnelle » à tout point de vue : en termes de prédation, de sorties des louvetiers - « quatre fois plus que l’année dernière », a-t-elle précisé, d’intervention de la brigade mobile de l’OFB « dont le positionnement en Drôme a été priorisé depuis plusieurs mois par les préfets Mailhos et Celet ». Elle a souligné que les financements de l’État pour mieux équiper les louvetiers avaient été renforcés à hauteur de 30 000 euros. « Hélas, a-t-elle reconnu, il n’y a pas autant de prélèvements de loups que nous l’espérions : soit que le loup ne se montre pas, s’adaptant à une présence renforcée de l’homme, soit que les conditions de tir ne s’y prêtent pas, notamment du fait des particularités des nouveaux terrains de prédation. »

Constat amer

La préfète de la Drôme a rappelé qu’un nouveau plan national d’actions (PNA) sur le loup et les activités d’élevage était en préparation, le précédent arrivant à échéance en 2023. Dans ce cadre, le groupe de travail piloté par la préfète et la DDT a communiqué en début d’année des propositions d’évolution au préfet coordonnateur du PNA. « Mais le constat amer de la dégradation de la situation ces derniers mois, alors même que les autorisations de prélèvement n’ont jamais été aussi effectives, m’a conduit à faire récemment des propositions complémentaires beaucoup plus radicales », a déclaré la préfète sans toutefois donner de précisions sur leur nature. « Ce qui se passe dans les désormais 50 départements touchés retient l’attention particulière et renouvelée du gouvernement », a-t-elle assuré. Nul doute que les éleveurs apprécieront que la question de la prédation soit désormais portée comme une préoccupation majeure devant les élus locaux.

Sophie Sabot

ATTAQUE SUR TROUPEAUX

Des chiffres alarmants

Selon le dernier bilan fourni par la direction départementale des territoires (DDT) de la Drôme aux représentants des éleveurs, le nombre d’animaux d’élevage victimes du loup en Drôme continue d’exploser. Celui-ci a plus que doublé par rapport à 2021 (+130 %). À la date du 21 octobre, le nombre de constats d’attaques sur le département depuis le début de l’année se porte à 270 (dont 212 indemnisables) pour un total de 876 animaux victimes (dont 633 tués et indemnisés).

Par ailleurs, ce bilan confirme des données disponibles sur le site MapLoup.fr qui cartographie deux attaques particulièrement lourdes depuis fin septembre. La première a eu lieu le 23 septembre sur la commune de Mévouillon : 11 ovins tués et 48 mentionnés « disparus ». La seconde a eu lieu sur la montagne de Glandasse (commune de Châtillon-en-Diois) le 1er octobre : 14 ovins tués et 120 portés disparus. Au total, en Drôme, plus de 400 animaux ont été comptabilisés disparus depuis le début de l’année. Un chiffre qui vient s’ajouter à celui des 876 victimes.