SANITAIRE
Lutte contre les salmonelles :  vaccination et nouveau règlement

L’augmentation de la prévalence des salmonelloses chez les poules pondeuses en France depuis 2019, alors qu’elle a diminué dans les autres pays européens, est préoccupante. L’interprofession française des œufs (CNPO) a négocié avec les pouvoirs publics un nouveau règlement pour améliorer la lutte, en tenant compte des exemples des pays voisins européens qui recourent aux vaccins vivants.

Lutte contre les salmonelles :  vaccination et nouveau règlement
Un décret du 4 mars officialise le recours à des vaccins vivants dans les élevages de poules pondeuses contre les salmonelles, à titre préventif. © DR

Attendu depuis plusieurs mois, le nouveau cadre réglementaire de lutte contre les infections à salmonelles, publié le 4 mars, officialise le recours à des vaccins vivants dans les élevages de poules pondeuses à titre préventif. Les négociations de l’interprofession avec la Direction générale de l’alimentation (DGAL) ont été ardues. Cependant, le nouvel arrêté ne prévoit le dépistage obligatoire des infections à salmonelles que pour les troupeaux de plus de 250 pondeuses ou volailles de reproduction. « Notre demande d’abaisser le seuil à 50 poules n’a pas été entendue. Toutefois, nous voulons toujours avancer sur les modalités d’application de la charte sanitaire et les mesures de biosécurité pour les petits élevages », a affirmé Maxime Chaumet, secrétaire général du Comité national de promotion de l’œuf (CNPO). Un autre sujet de revendication reste sur la table, « il est important de prévoir des conditions exceptionnelles de recours à des prélèvements de confirmation et d’appliquer strictement la réglementation européenne pour la vaccination ». Maxime Chaumet a également annoncé que l’Anses va être saisie sur les méthodes alternatives pour le dépistage des salmonelles (PCR), le protocole d’échantillonnage dans les élevages visant à une harmonisation des pratiques dans les départements et sur la surveillance et lutte contre les variants de Typhimurium et Kentucky.

La vaccination est un levier efficace

Ces dernières avancées réglementaires et les discussions préalables ont été nourries par une étude comparative de huit systèmes européens* de lutte contre les salmonelles, réalisée par l’Institut technique de l’aviculture (Itavi) à la demande du CNPO. À l’époque, la France était le seul pays à ne pas utiliser les vaccins vivants dans l’arsenal de lutte. L’étude a porté notamment sur les différentes méthodes de laboratoire pratiquées et une analyse de l’application de la vaccination, ainsi que sur les règles d’indemnisation en cas de positivité d’un lot (l’indemnisation est-elle conditionnée au fait que le lot soit vacciné ?) Il faut retenir que le plan de surveillance a été plus contraignant en France qui applique une méthode de diagnostic spécifique et plus sensible. En ce qui concerne les plans de vaccination, ils sont variables selon les pays qui travaillent avec six laboratoires. L’Allemagne a été pionnière en 1994. Aucun problème n’a été rencontré avec ces vaccins vivants. La vaccination est perçue comme un levier efficace et sûr pour lutter contre les salmonelles. Aucun cas de toxicité sur les aliments n’a été relevé. Par ailleurs, les pays voisins ne font aucune différence sur les plans de lutte entre animaux vaccinés et non vaccinés. Enfin, l’étude permet de souligner que les politiques d’abattage et d’indemnisation sont variables entre les huit pays. Globalement, les aides aux élevages accompagnent la vaccination.

Louisette Gouverne

* Les pays étudiés étaient l’Allemagne, la Belgique, l’Italie, l’Espagne, le Royaume Uni, la Pologne, les Pays Bas, la Hongrie.

Politiques d’indemnisation en cas de troupeaux positifs  et protocoles de vaccination utilisés 

Programme  de lutte

L’arrêté publié  le 4 mars 2023

L’arrêté du 27 février 2023 paru au Journal officiel du 4 mars remet à jour le programme national de lutte contre les infections à salmonelles en filière œuf de consommation et à l’étage multiplication de la dinde et du poulet de chair. Il abroge des arrêtés précédents : celui de 2008 pour la poule reproductrice en filière chair, celui de 2009 pour la dinde reproductrice et celui de 2018 pour les poules d’œufs de consommation. Il concerne les troupeaux de plus de 250 animaux et ceux de pondeuses qui livrent un centre de conditionnement d’œufs.
Principale nouveauté : la simplification de la vaccination avec des vaccins vivants autorisés des futures reproductrices de ponte et les futures poules pondeuses, à titre préventif. 
Les élevages concernés sont ceux qui disposent de l’agrément « charte sanitaire » ou bien ceux qui demanderont une « inspection officielle » réalisée par leur DDPP, afin de vérifier que leur élevage est conforme aux dispositions de l’arrêté « biosécurité » du 29 septembre 2021.
Concernant le dépistage, l’infection aux salmonelloses est avérée à la première analyse positive du lot détectée sur des prélèvements effectués dans le lieu d’élevage (à l’exception du parcours). Une contre analyse ne sera autorisée par le préfet que si des « éléments probants » sont produits.