"Vin de demain", nouvelle devise du domaine Lombard

L’histoire du domaine Lombard, situé à Livron-sur-Drôme, s’avère pleine de retentissements. En effet, l’entreprise viticole a vu le jour en 1981, fondée par Jean-Marie et Sylvette Lombard. Le domaine a été racheté en 2012 par Philippe Sapet avant que ce dernier ne le cède à son gendre Jonathan Almeras en 2020. C’est en 2023 que Luc Ardovin, fondateur du groupe valentinois Herbarom, spécialisé dans l’extraction et la distillation de plantes, rachète le domaine. Étendues sur 23 hectares, ses vignes sont implantées en plaine et sur les coteaux. Cette particularité géographique permet d’obtenir deux gammes distinctes : la « gamme création » en IGP Collines rhodaniennes avec les monocépages de chardonnay, viognier, syrah et pinot noir et la « gamme domaine » en AOP Côtes-du-Rhône avec le Brézème. Jean-François Farinet, œnologue aguerri, a pris la direction de l’exploitation. Matériel optimisé, nouvelle identité de marque et diversification de l’activité sont au goût du jour. Objectif ? Doubler la production, passant de 30 à 60 000 cols. 

Deux modes culturaux 

Si reprendre un domaine demande un investissement financier important, celui de Lombard impliquait aussi de se lancer dans l’inconnu. En effet, si une grande partie de l’atelier de production fonctionnait, il ne permettait pas de valoriser l’intégralité des vignes. Les précédents propriétaires du domaine avait planté dix hectares de vignes supplémentaires. 

Luc Ardovin, propriétaire du domaine, a chargé Jean-François Farinet, œnologue, de la direction de l’exploitation. ©ME-AD26

Ainsi, Jean-François Farinet divise le domaine en deux parties, celle des vignes de plus de quarante ans et celle des vignes de moins de cinq ans. Sur les coteaux, il continue le travail à l’ancienne du sol avec le cheval de trait, des vignes conduites sur échalas entourées de murets en pierres sèches. Un travail manuel qu’il assimile au Cornas, Hermitage, Côte-Rotie ou Condrieu. Les vignes les plus proches du domaine sont travaillées plus mécaniquement. 

Toutefois, le directeur d’exploitation s’applique à maintenir l’intégralité du vignoble en bio. « Nous travaillons à mettre des semis pour fixer l’azote au sol, améliorer la gestion des adventices sans intrants et maintenir l’humidité au printemps », explique Jean-François Farinet. L’ambroisie lui complique quelque peu la tâche. « On est envahi. On essaie d’implanter des espèces concurrentielles comme des trèfles ou des féveroles. Les légumineuses et les graminées sont des espèces cassantes. Grâce à elles, les plantes ne se dressent pas, avance le directeur. D’ici quatre à six ans, l’ambroisie ne sera plus l’espèce dominante. » Concernant les certifications, « nous restons assez proches du fonctionnement en biodynamie, sans forcément respecter un calendrier lunaire, et certifiés bio », déclare Jean-François Farinet.

Domaine premium

Doubler la production, c’est aussi s’assurer que le matériel le permet. Le bâtiment a été construit entre 2012 et 2013. Ainsi, le nouveau directeur d’exploitation a optimisé les machines et l’espace existants : changement du pressoir, remplacement des différentes cuves et ajout de nouvelles barriques de trois hectolitres. « Tout a été pensé pour rendre les opérations plus faciles et que l’utilisation des machines soit plus confortable », précise Jean-François Farinet. 

Le domaine s’étend sur 23 hectares à Livron-sur-Drôme. ©ME-AD26

Ainsi, l’entreprise est déjà passée de 25 000 à 45 000 bouteilles en un an et elle projette la production de 70 000 bouteilles d’ici quatre ans, sa capacité de production maximale étant de 80 000. « Des aménagements et un agrandissement restent encore à faire », précise l’œnologue. Si l’équipe technique, six personnes, est formée au nouveau fonctionnement, elle reste majoritairement la même qu’avant le rachat. Toutefois, cet effort de production nécessite aussi un effort de vente. Pour cela, le domaine s’est muni d’une nouvelle identité de marque plus « moderne » avec pour objectif de toucher une large cible, notamment les jeunes consommateurs, grâce à ses gammes diversifiées et sa devise « vins de demain ». Être accessible mais sans perdre de vue son excellence avec une meilleure valorisation du Brézème. « Nous souhaitons positionner le Brézème dans les vins des Côtes-du-Rhône septentrionaux », déclare Luc Ardovin revendiquant « un domaine premium ».


Morgane Eymin

S’ouvrir à l’œnotourisme et à l’export

Tel est l’un des objectifs de Luc Ardovin. Le nouveau propriétaire souhaite ouvrir les jeudis, vendredis et samedis durant la période estivale pour proposer des visites et des dégustations. « Cela fera un effet boule de neige. C’est un véritable levier de croissance », estime-t-il. Luc Ardovin envisage aussi, avec le foncier présent sur le domaine, de créer un site d’accueil. Autre levier : l’export aux États-Unis, au Canada, en Angleterre, en Irlande…

L’étendard du Brézème

C’est en 1978, sur décision du Syndicat des vignerons des coteaux de Brézème, que les vins des trois « coteaux » de Livron se rangent derrière la mention « Brézème - Appellation Côtes-du-Rhône contrôlée ». Pépite du domaine, le Brézème est chouchouté par Jean-François Farinet qui le déguste afin de décider de la durée idéale d’élevage (entre dix et quinze mois). Pour rappel, une dizaine de vignerons bénéficient de cette appellation. « Nous souhaitons devenir l’étendard, l’emblème du Brézème », confie l’œnologue. 

Un projet familial

Né à Die, Luc Ardovin, 48 ans, a racheté le domaine Lombard pour un projet familial. « Je prépare la seconde génération » confie-t-il. En effet, son fils, en BTS à Montpellier, suit des études en viticulture. Luc Ardovin est tombé « par hasard » sur ce domaine à quelques kilomètres de chez lui et a eu un bon feeling avec Jonathan Elmeras, qui a compris qu’il souhaitait « un lieu pour exprimer un projet ».