Cerisiers
Des bâches pour la protection physique des vergers

La problématique drosophile pousse à trouver des solutions et la couverture des vergers en est une. Dimitri Piraud, commercial France de la société allemande Voen, qui propose une solution de bâche, est arboriculteur à Bessenay (Rhône). Il présente les avantages du système.

Des bâches pour la protection physique des vergers
Ce système protège contre la grêle, les excès de pluie et le vent, l’ajout des filets verticaux préserve notamment les cerisiers de la drosophile. © IAR

Véritable menace pour les vergers français et notamment rhodaniens, la mouche drosophila suzukii pousse chaque année un peu plus les arboriculteurs à trouver des solutions. D’autant que cette menace est rejointe par les vagues de canicules et de sécheresse quand ce n’est pas le gel qui, comme en 2021, peuvent ruiner jusqu’à « 90 % d’une parcelle », témoigne Dimitri Piraud. Ce fils d’arboriculteurs connait depuis toujours les vergers des coteaux de Bessenay (69). Envisageant de prendre un jour la suite de ses parents, le jeune producteur endosse aussi depuis décembre dernier la casquette de commercial pour la société allemande Voen, fabricante de bâches de protection pour verger. « Le patron Reinhard Vöhringer est lui-même arboriculteur, en cerises et pommes, à Ravensbourg, près du lac de Constance, explique Dimitri Piraud. C’est ce qui est porteur et intéressant avec ce produit : il a vraiment été développé par une personne du métier, parfaitement au fait des problématiques » .

Filet antimouche

Le père de Dimitri, Fabrice Piraud, a installé ses premières bâches Voen il y a désormais sept ans, sur 2,5 ha. Très satisfait des bénéfices de l’installation, ce sont actuellement 5 ha sur la vingtaine d’hectares de l’exploitation sans protection qui sont en train d’être couverts. Dimitri Piraud imagine mal « comment à terme pouvoir se passer de couvrir les vergers, les problématiques sont trop récurrentes et les bienfaits des bâches démontrés ».
La parcelle où nous avons rencontré le jeune homme fait 1,5 ha et va bénéficier d’une protection monoparcelle. Le principe sera chaque année « de la couvrir et de la clore entièrement avant les premières fleurs ». Cela préservera les fruitiers des derniers risques de gel et de l’arrivée des premières drosophiles. Une fois les cerisiers protégés par les filets verticaux, un seul traitement insecticide sera réalisé, en tout début de saison, pour éliminer tout risque de présence de mouche drosophile. « La pollinisation sera ensuite assurée grâce à des lâchers de bourdons », poursuit le jeune homme.

Éliminer les risques météo 

La période de mise en place des filets protecteurs dépend vraiment de la situation de chaque parcelle. « Nous allons fermer tôt sur les parcelles gélives, en début d’année, les bâches protégeant jusqu’à - 3 °C, voire - 6 °C si c’est clos et chauffé. Nous n’aurons par ailleurs hiverné qu’en septembre ». Un hivernage tardif qui permet, d’après les données Voen, de conserver jusqu’à 30 à 40 % d’humidité sous les bâches. Un atout indéniable en ces périodes de canicules et de sécheresse répétées et étalées sur l’année. « La conception de double lé permet en cas de vent de soulever celle du dessus, créant une ventilation naturelle. En revanche, lorsqu’il pleut ou grêle, l’eau vient plaquer cette lé sur la lé filet, protégeant les arbres en-dessous ». La conception en toile filet au-dessus de l’interang fait que l’eau est orientée et tombe entre deux rangées d’arbres.
La présence de la bâche blanche assure également une filtration des UV de l’ordre de 30 % selon le commercial. « Les variétés précoces gagnent en précocité, entre trois et sept jours. Les variétés tardives ont, elles, une maturité plus lente puisque protégées des UV ». Une maturité par ailleurs plus homogène permettant une récolte « en une seule passe et avec beaucoup moins de déchets », assure Dimitri Piraud. Enfin, côté investissement, il faut compter de l’ordre de 60 000 € par hectare avec la protection drosophile et 4,50 m entre deux rangs, prix variant selon le cours de certaines fournitures et la largeur de la bâche.

Françoise Thomas
  

Le concept

Les baches Voen sont nées il y a vingt ans sur les bords du lac de Constance. Reinhard Vöhringer, producteur de cerises, voyait trop régulièrement ses productions mises à mal par l’excès d’eau. Arboriculteur et ingénieux, il met progressivement au point des bâches de protection, testant divers prototypes avant d’arriver au produit actuel répondant à de multiples problématiques. Voen conçoit et fabrique désormais depuis l’Allemagne et à destination du monde entier. C’est une conception majoritairement allemande et en tout cas 100 % européenne, puisque les élastiques viennent de Belgique, les câbles d’Italie, les clips de France. Les poteaux autoclavés sont préconisés en 4 ou 6 m de hauteur et d’un espacement de 10 m maximum. 

Sicoly : 2 M€ dans une calibreuse «dernier cri»

La coopérative fruitière Sicoly (Rhône) va inaugurer début juin « la plus grosse calibreuse deuxième génération de France » pour trier de la cerise de bouche. L’outil représente un investissement de 2 millions d’euros. Doté de dix lignes de calibrage, il renouvellera la calibreuse actuelle et permettra de traiter cinq tonnes de cerises à l’heure. « Avec la suppression de tous les produits [phytosanitaires] qu’on a à disposition, notamment pour lutter contre Drosophila suzukii en verger, il fallait qu’on s’équipe », estime Jean-Bernard Cherblanc, directeur du secteur fruits frais de Sicoly. D’après lui, la culture de cerises va se spécialiser en vergers « intensifs, sous filets et bâches », ce qui va augmenter les coûts de production et nécessite par conséquent de les « trier impeccablement » pour une valorisation « au top ». La nouvelle calibreuse est notamment équipée « de caméras qui permettent de détecter à 360 degrés (...) le moindre défaut invisible à l’œil nu, par exemple une piqûre de Drosophila suzukii qui date de la veille », a-t-il expliqué. Basée dans les Monts du Lyonnais, Sicoly est le premier opérateur français de cerises de bouche avec 1800 tonnes récoltées l’an dernier.