Pompiers
Le Grimp : sauver ou périr  en milieu périlleux

Depuis quarante ans, les hommes du Groupe de reconnaissance et d’intervention en milieux périlleux (Grimp) sauvent des vies. Dernièrement, à Florac, en Lozère, expositions, conférences et animations interactives sont revenues sur les faits d’armes de ce service de secours pas tout à fait comme les autres.

Le Grimp : sauver ou périr  en milieu périlleux
Les équipiers du Grimp sont des spécialistes de la sécurité. ©Sdis73

Imaginé par le commandant Pierre Serrano en 1984, à Florac, le Grimp (Groupe de reconnaissance et d’intervention en milieux périlleux), devenu SMPM (Secours en milieu périlleux et montagne) en 2019, est désormais un rouage essentiel du secourisme français. Et la réputation des sauveteurs, professionnels et volontaires, passés entre les quatre murs de ce bâtiment posé à l’entrée de Florac n’est plus à faire, puisque le SMPM rayonne même jusqu’à l’international.

Opérations héliportées

Creuset d’innovation et du développement de techniques innovantes, le SMPM a un champ d’action très large : du secours à la personne, il intervient aussi régulièrement dans le domaine agricole. L’action du commandant Pierre Serrano fut déterminante dans la création et l’essor du Grimp. Spéléologue secouriste, il a su adapter les techniques de cordes, de treuillage, de transport de civières, à l’air libre – ces techniques s’affinant au fil des années, surtout avec la généralisation des opérations héliportées, l’hélicoptère étant devenu un outil majeur dans la panoplie du secourisme. « Au début, s’amuse le commandant Pierre Serrano, on créait nous-même nos équipements avec ce que l’on récupérait, des ceintures de sécurité, etc. ». En quarante ans, « les équipements ont beaucoup évolué. Et les équipementiers ont aussi joué le jeu et nous ont suivis », salue le pompier volontaire, toujours aussi passionné par le Grimp. À 80 ans au compteur, il vient régulièrement saluer les nouvelles cohortes au centre de Florac.

La Lozère, centre névralgique

Mi-octobre, à Florac, sous l’égide du capitaine Guy Pourchot, chef du centre national de formation SMPM, pour fêter cet anniversaire, Pierre Serrano a réuni « les experts et passionnés qui ont marqué et continuent de façonner notre discipline. Nous souhaitons réunir les spécialistes de toute la France, y compris les professionnels internationaux formés dans notre centre, les vétérans qui ont jeté les bases des secours actuels, ainsi que les nouvelles générations qui portent l’avenir ». Si Florac était le seul centre en 1984, désormais, de nombreux départements ont une délégation spécialisée, mais Florac reste le centre névralgique de ce dispositif.

Le Grimp, une discipline exigeante

Si le commandant Pierre Serrano, pompier volontaire de son état et originaire de Florac, a souhaité installer le Grimp dans sa ville d’origine, c’est avant tout pour des raisons pratiques : « À moins de 50 kilomètres de Florac, nous avons de très nombreuses particularités géologiques qui se retrouvent ailleurs sur le territoire national. C’est un formidable terrain de jeu pour les stagiaires ». Sur l’ensemble du territoire national, nous retrouvons de nombreux milieux naturels et artificiels, souvent hostiles, dans lesquels les sapeurs-pompiers sont amenés à intervenir. Ces milieux se caractérisent notamment par un accès difficile (hauteur, profondeur…) ou une évacuation délicate de la victime. On parle également de « situations périlleuses » pour toutes les interventions qui, bien que n’étant pas situées dans un milieu spécifiquement périlleux, nécessitent l’emploi de techniques et de matériels liés au milieu périlleux (ex : brancardage en immeuble, bâchage…).

Professionnels du vide

Accueillant près de 300 stagiaires par an, tous volontaires, le SMPM a la volonté de former des sauveteurs pour qu’ils puissent intervenir en reconnaissance et sauvetage en milieu naturel ou artificiel, où les moyens des sapeurs-pompiers sont inadaptés, insuffisants ou dangereux, en raison de la hauteur, la profondeur ou du cheminement. Dans le vaste domaine d’intervention couvert par le SMPM, les secouristes doivent posséder une condition physique particulière leur permettant de se déplacer à pied ou en ski, rapidement, avec aisance et en sécurité. « Cette condition physique ne peut s’acquérir par le simple fait de suivre une formation. Elle demande de la part de chaque sapeur-pompier un investissement personnel et la réalisation de courses en montagne et d’entraînements », rappellent les encadrants du centre. Ces sauveteurs, mobilisables en permanence suivant les urgences (accident de canyoning, d’escalade, de spéléologie, voiture dans un ravin, randonneur en difficulté, secours aux animaux également…), sont de véritables « professionnels du vide », percevant les indemnités normales de tout pompier volontaire. « C’est avant tout une spécialité de passionnés », conclut le capitaine Guy Pourchot. 

Le Réveil Lozère

Des équipements de pointe  pour le sauvetage

ZOOM SUR...

L’une des entreprises françaises incontournables dans le domaine du secours est Petzl, connue pour ses lampes frontales et ses équipements de protection individuelle (EPI). Présente à l’événement, la société a mis en avant une civière innovante, spécialement conçue pour les interventions en spéléologie. Cette civière unique permet de transporter des victimes dans des conditions extrêmement difficiles, que ce soit en vertical ou en horizontal. Florac accueille également d’autres entreprises comme Thermotrauma, qui a développé un plastron chauffant pour prévenir l’hypothermie, et Niver, créateur d’une potence multifonction utilisée dans les sauvetages en spéléologie, mais aussi dans le secteur militaire et tactique. Ces innovations permettent de faciliter les interventions dans des environnements périlleux, tout en améliorant la sécurité des secouristes.