L’association Arthen (association pour le retour des grands herbivores dans les espaces naturels) travaille sur l’introduction du bison d’Europe et des chevaux sauvages en France. Elle cherche 200 ha à 300 ha dans la Drôme pour y installer le Tarpan, un petit cheval polonais, descendant du cheval ancestral.
Un troupeau de bisons qui broute paisiblement sur les montagnes du Vercors, des chevaux sauvages proches du cheval primitif européen galopant dans un réserve naturelle en Drôme provençale. L’image peut paraître insolite voire invraisemblable pour certains mais pourtant, c’est bien ce qui pourrait se passer dans quelques années dans nos territoires drômois. L’association pour le retour des grands herbivores dans les espaces naturels (Arthen) souhaite réhabiliter les grands ongulés herbivores et promouvoir des espèces ancestrales disparues sur notre continent comme le bison d’Europe et l’élan ou encore le tarpan de Biłgoraj (nom d’un village polonais), un petit cheval noir qui s’avère être le plus proche descendant génétique du cheval primitif européen.
Une cinquantaine de passionnés
Le président d’Arthen, Marc Michelot, est un passionné de races ancestrales. Son association, créée en 2004 et basée dans l’Ain, initie et développe des actions et programmes spécifiques liées à certaines espèces telles que le projet Tarpan. Sont également réalisées des études à vocations scientifique, génétique, environnementale et pédagogique. Arthen réunit des personnes de tous horizons, principalement une cinquantaine de passionnés de races ancestrales européennes. « Le projet Tarpan est notre plus grande fierté car il concerne un cheval sauvage préservé par les paysans polonais, sélectionné et expérimenté en milieu naturel il y a environ une centaine d’années, explique-t-il. La seconde guerre mondiale a mis un coup d’arrêt au processus de sélection et le Tarpan tomba dans l’oubli. Nous menons actuellement un travail de sélection à partir d’une souche trouvée en Pologne, proche du cheval primitif ancestral. »
Cette race a été identifiée à Biłgoraj, une localité proche de Lublin située au sud-est de la Pologne, où l’on a découvert en 1924 ces premiers chevaux sauvages. La grande forêt de Bialowieza, près de Bialystok au nord-est de la Pologne, est aussi le refuge des derniers bisons européens de plaine et des tarpans reconnaissables à leurs marques auriculaires et à leurs zébrures sur les membres. Le parc national de Bialowieza, la plus ancienne réserve naturelle d’Europe, fait l’objet de visites pédagogiques et attire de nombreux passionnés de races européennes anciennes d’ongulés herbivores.
L’association privilégie le retour aux milieux naturels de l’animal sans aucune intervention humaine.
Une résistance à toute épreuve
« Ce cheval a un statut de cheval domestique. C’est un brouteur mais on ne veut pas en faire un cheval d’élevage ou de monte, souligne Marc Michelot. Il est pucé. Il n’est pas destiné à l’élevage classique. Le monde du cheval traditionnel est très intéressé par nos expériences. Mais nous cherchons avant tout à conserver ses particularités génétiques vraiment uniques. Nous voulons savoir comment il évolue dans un milieu naturel et observer son autonomie. »
Arthen étudie le Tarpan de Bilgoraj depuis une trentaine d’années dans la région du Bugey, dans l’Ain. Les premiers Tarpans sont arrivés en 1992 pour pâturer dans les espaces abandonnés. L’animal possède une résistance à toute épreuve. Il est apte à survivre dans des zones humides, sur des pelouses sèches. Il s’adapte à tous les types de milieux naturels. Marc Michelot ajoute : « Nous avons pu constater qu’il pouvait survivre pendant trois mois, l’hiver, dans la neige, sans intervention d’un vétérinaire ».
Recherche de débouchés
Arthen est à la recherche de débouchés pour y implanter le Tarpan. Elle multiplie les partenariats avec des associations drômoises propriétaires de grands espaces naturels, négocie avec l’ONF, les organismes publics. Elle est intéressée par la réserve naturelle des Hauts plateaux du Vercors qui pourrait devenir un territoire d’expérimentation. Elle vient aussi de conclure un accord avec le département du Maine-et-Loire pour utiliser un ancien hippodrome désaffecté. Elle essaye de s’implanter dans le Morvan, dans les Alpes et en Haute-Provence. « Nous recherchons des espaces naturels vierges de présence humaine dans la Drôme, 200 à 300 hectares, ce qui permettrait de réaliser ce projet expérimental et de développer une animation écotouristique », conclut Marc Michelot.
Pierre-Louis Berger
Le terme Tarpan est apparu au 18e siècle chez des explorateurs envoyés par Catherine II de Russie. Ils avaient trouvé des chevaux à l’état sauvage dans les plaines de Russie.
Association Arthen : Maison des sociétés, Rue Colbert, 01500 Ambérieu-en-Bugey. Mail : [email protected].