Loup empoisonné : pas de prison ferme pour l’éleveur condamné

Le tribunal correctionnel de Valence a rendu son verdict jeudi 24 octobre concernant l’éleveur drômois et les personnes impliquées dans l’empoisonnement d’un loup.

 Loup empoisonné : pas de prison ferme pour l’éleveur condamné
©CL-AD26

Ni les avocats ni les prévenus n’étaient présents au rendu du verdict du procès de Thomas, éleveur à Crupies. Toutefois, quelques membres de la famille avaient fait le déplacement ainsi que deux représentants des dix associations environnementalistes partie civile dans l’affaire.

Prison avec sursis et indemnisations

Pour rappel, le 10 septembre dernier, la procureure de la République avait requis huit mois de prison ferme contre l’éleveur jugé coupable d’avoir empoisonné un loup. Un mois et demi plus tard, le verdict est tombé : un an d’emprisonnement avec sursis, interdiction de solliciter la délivrance d'un nouveau permis de chasse et de détenir ou de porter une arme soumise à autorisation pendant une durée de cinq ans.

Deux autres éleveurs impliqués dans l’affaire ont été condamnés pour avoir aidé à transporter et dissimuler le loup. Un autre prévenu a été condamné à une amende pour détention illicite de carbofuran, produit phytopharmaceutique non autorisé ayant été utilisé comme poison.

De plus, le tribunal condamne les prévenus à plus de 15 000 € d’indemnisation pour préjudices moral et écologique et à plus de 10 000 € de frais d’avocats des associations environnementalistes¹ constituées partie civile pour réclamer réparation. Enfin, Nathalie Dufour, adjointe à la mairie de Crupies, a quant à elle été relaxée. 

Réactions

Sur place le jour du procès, Roger Mathieu, co-référent loup pour France Nature Environnement Aura et la Frapna Drôme, et Didier Ariagno, co-administrateur Frapna Drôme, se sont dit « plutôt satisfaits du jugement » même s’ils « regrettent que les autres personnes condamnées n’aient pas eu de retrait du permis de chasse ». Toutefois, pour les représentants d’associations « ce qui est très important, c’est qu’on a démantelé un groupe d’éleveurs chasseurs déterminés à empoisonner des loups ». Avant d'ajouter : « Cette affaire là, c’est la partie immergée de l’iceberg du braconnage des loups ».

Du côté des éleveurs jugés, la majorité d’entre eux attendent le retour de leur avocat afin de connaître le détail de leur peine. 

Par ailleurs, au sein de la profession agricole, la peine prononcée « c’est toujours trop », estime Alexis Beynet, responsable du dossier prédation à JA 26. Car, explique-t-il, « même si nous ne cautionnons pas l’acte d’empoisonnement d’un loup, il faut bien comprendre que la prédation met les éleveurs à bout. » Avant d’ajouter : « Nous sommes là pour soutenir les éleveurs ». Un point de vue partagé par Frédéric Gontard, président de la Fédération ovine de la Drôme (FDO 26) qui dénonce « un acharnement », une « mascarade » et une « affaire politique ». Il retient que Nathalie Dufour a été relaxée mais qu’elle a subi « beaucoup de harcèlement ». Contactée, cette dernière reconnaît « avoir morflé pendant un an et demi » et avoir « vécu un enfer ».

¹ Associations Vétérinaires pour la biodiversité, Férus, FNE Aura, Frapna Drôme, LPO Aura, Clan du loup, Aspas, One voice, Robin des bois et Fondation Brigitte Bardot.