Maraîchage
Le projet SEVE, pour mieux étudier la couverture des sols
Dans le cadre du projet SEVE (Sol, Engrais Verts, Eau en maraîchage en Drôme-Ardèche), l’association pour le développement de l’agroforesterie (Adaf 26) a proposé, le 8 octobre, une restitution d’essais sur des couverts végétaux.
C’est au sein de l’exploitation L’Ilot à mille feuilles, ferme en maraîchage diversifié à Eurre, que s’est tenue le 8 octobre dernier une après-midi technique autour des couverts végétaux. Plus d’une trentaine de maraîchers avait répondu à l’invitation de l’association pour le développement de l’agroforesterie (Adaf 26) pour assister à une restitution de résultats d’essais menés en 2023-2024 sur six fermes de Drôme Ardèche. Le projet SEVE (Sol, Engrais Verts, Eau en maraîchage en Drôme-Ardèche), porté par l’association, est financé par la CNR et la Fondation de France, jusqu’à fin 2028 dans le cadre de l’appel à projets « Ensemble, accompagnons la transition de l’agriculture en vallée du Rhône ».
Plusieurs mélanges de couverts végétaux ont été étudiés tout au long de la saison (hiver, printemps, été), afin d’observer leurs comportements en termes de production de biomasse, de dégradation, de rendement en matière sèche... Les couverts de printemps ont par exemple bien fonctionné (4,5 t de matière sèche / ha pour 60 unités d’azote restituées), avec un mélange de seigle fourrager, vesce commune, féverole, moutarde, phacélie et trèfle incarnat. « Semer des couverts dans des cultures permet de semer plus tôt et donc d’améliorer la production de biomasse en gagnant en degrés/jour. Cela permet aussi de bénéficier de l’humidité de la culture (couverture végétale, irrigation) pour la levée du couvert », indique Amandine Faury, chargée de mission maraîchage sur sol vivant à l’Adaf 26, au cours de sa restitution d’essais.
Trouver les bonnes associations de couverts
Cette année, la ferme L’Ilot aux mille feuilles a testé deux mélanges en association dans des parcelles de salades, betteraves et fenouil : un mélange à base de vesce velue, lin, et pois fourrager et un mélange à base de trèfle incarnat. « Les couverts ont plus ou moins bien réussi en fonction de l’état d’enherbement du sol. Dans certains cas (fenouil et betteraves), la pression en pourpier était trop importante et a concurrencé le couvert, lequel avait été semé fin août après deux désherbages, quatre semaines après la plantation. […] Il faut encore chercher les bonnes combinaisons pour les dates de semis en fonction des dates de plantation pour différents couples cultures / couverts », prévient Amandine Faury.
Par ailleurs, l’Adaf 26 a testé un couvert de sorgho fourrager sous serre, semé le 2 juillet, avant plantation de salades. « Le sorgho a permis de très bien structurer le sol et de faire un gros apport de biomasse. Cependant, le rapport carbone sur azote élevé créé des immobilisations d’azote lors de la dégradation dans les premières semaines », explique la chargée de mission.
Présent pour l’occasion, L’Atelier Paysan a présenté son épandeur à compost auto chargeable, à benne basculante, d’une capacité de 0,8 m³ (soit environ 500 kg de fumier). Le débit, réglé par un système de trappe, permet d’épandre entre 20 et 35 t/ha. ©AP_AD26
Désherbage par occultation en post-semis
Parmi les autres expérimentations, celle d’un semis direct de carottes sur compost de déchets verts. L’objectif était non seulement d’améliorer le semis direct mais aussi de limiter la pénibilité que demande le désherbage sans impacter le rendement. Après observation sur les fermes partenaires, les résultats sont plutôt encourageants : « Le semis direct sur compost de déchets verts avec occultation* post-semis a permis un gain important en temps et en pénibilité de travail sur la ferme. D’autres séries ont moins bien fonctionné à cause d’une moindre irrigation avant la pose de la bâche d’occultation post-semis. L’irrigation des carottes sur compost de déchets verts est vraiment primordiale », prévient la chargée de mission. Toutefois, il conviendra d’approfondir les essais avec l’apport d’autres matières organiques comme les résidus de couverts, de pailles, etc.
Cette journée technique a également été l’occasion pour les professionnels de la filière de partager leurs expériences sur divers matériels, dont l’épandeur auto construit par L’Atelier Paysan dans le cadre du projet Outildem (voir photo), visant à proposer à des maraîchers en agroécologie de tester des outils auto-construits afin de perfectionner leurs pratiques.
Amandine Priolet
*L’occultation est basée sur l’utilisation de bâche opaque pour recouvrir la surface du sol.