Chambre d'agriculture
Des moyens pour développer la méthanisation dite « agricole »

A leur session d'automne, les élus de la chambre d'agriculture de la Drôme ont mis en avant les enjeux de la méthanisation. Des moyens nouveaux devraient permettre de développer les projets, notamment agricoles.
Des moyens pour développer la méthanisation dite « agricole »

Quarante unités de méthanisation sont déjà en service en Rhône-Alpes. Si aucune n'est située dans la Drôme, trois grosses installations sont toutefois en projet dans le département (Siper à Bourg-de-Péage, Mourriere Méthanisation à Vaunaveys-la-Rochette et Bioteppes à Romans). Au-delà de ces installations à dimension industrielle, les projets de taille bien plus petites sont aujourd'hui encouragés. C'est là tout l'enjeu de la méthanisation dite « agricole ».
« L'objectif à poursuivre est celui de la diversification des exploitations », a souligné la présidente de chambre d'agriculture de la Drôme, Anne-Claire Vial. Devant les élus consulaires réunis en session le 15 septembre à Bourg-lès-Valence, elle a exprimé la volonté du monde agricole d'« être acteur » dans les politiques de transition énergétique. « C'est déjà le cas avec le photovoltaïque, a-t-elle rappelé. Et une grande partie de la Drôme est bien positionnée pour accueillir des projets de méthanisation, secteur que le gouvernement s'est engagé à soutenir. » Il y a tout juste un an, le ministère de l'Écologie, du Développement Durable et de l'Énergie lançait un appel à projets pour le développement de 1 500 installations de méthanisation réparties sur les territoires ruraux français.

Un dispositif d'accompagnement

Avec la loi Transition énergétique et croissance verte promulguée en août dernier, la part des énergies renouvelables est fixée à 32 % d'ici 2030. A cette échéance, « notre région a pour ambition de comptabiliser 135 unités de méthanisation, a indiqué Jacques Wiart, référent méthanisation à l'Ademe1 Rhône-Alpes. Pour atteindre l'objectif, une charte a été signée le 4 mars en vue de déployer un dispositif dans lequel sont notamment associées les organisations agricoles. Il comprend, entre autres, un centre de ressources régional et des comités départementaux. Sous l'égide de la DDT2, et avec la chambre d'agriculture et le conseil départemental notamment, ils ont pour objectif de faciliter et d'accélérer le montage des projets. Des moyens financiers provenant de l'Ademe permettent de mener des « études-actions » et de financer une dizaine de conseillers au sein du pôle biomasse énergie (Pobe) créé en 2007 par la chambre régionale d'agriculture et Coop de France Rhône-Alpes Auvergne. « Il s'agit d'identifier dix à vingt territoires pertinents et de faire un état des lieux du gisement de matières méthanisables, a ajouté Jacques Wiart. Cette année, cinq nouveaux projets de méthanisation sont financés par l'Ademe, dont Bioteppes à Romans-sur-Isère.

Des projets « robustes »

Une des actions du programme 2015-2017 du Pobe consiste à faire émerger et à accompagner la réalisation d'unités de méthanisation agricoles « robustes », tant sur le plan technico-économique que territorial. « Les objectifs, ont expliqué Guillaume Coicadan et Christophe Boucabeille, conseillers au sein des chambres d'agriculture de Rhône-Alpes, sont la rentabilité des exploitations agricoles par la sobriété énergétique et la production d'énergie renouvelable. » Treize unités de méthanisation agricole fonctionnent déjà en Rhône-Alpes. Elles sont principalement situées en Savoie, dans l'Ain et la Loire. La Drôme n'en compte encore aucune.

Guillaume Coicadan (chambres d'agriculture), Jacques Wiart (Ademe) et Christophe Boucabeille (chambres d'agriculture) ont présenté les enjeux de la méthanisation « agricole ».

« La méthanisation doit tenir toute sa place », a indiqué Lionel Brard, adjoint au maire de Valence, délégué à la transition énergétique en tant que conseiller communautaire de l'agglomération Valence Romans Sud Rhône-Alpes (VRSRA). Sur ce vaste territoire de 51 communes (211 500 habitants), un premier schéma de développement de la méthanisation a vu le jour en 2011. En 2012, est né le projet Bioteppes, sur le lycée horticole de Romans, projet destiné à couvrir en co-génération les besoins en chaleur de l'établissement de formation et d'une partie des serres. Ce dossier, qualifié par l'élu local de « symbolique par sa dimension pédagogique et industrielle », a nécessité 3,6 millions d'euros d'investissements. Il est actuellement en cours d'instruction pour l'agrément ICPE3. Lionel Brard, par ailleurs, a assuré de la volonté de l'agglomération de travailler en partenariat avec la chambre d'agriculture. Une étude-action est d'ailleurs en cours pour développer la méthanisation sur le territoire et accompagner les projets structurants. Le fait que le territoire soit multilabellisé (Tepos4, TEPCV5) et doté d'outils d'investissements (comme Rovaler6) permet l'accompagnement financier des projets innovants.
Si le monde agricole, avec ses partenaires, se dit prêt à développer les unités de méthanisation à la ferme, il redoute cependant les hostilités de certains riverains. « Pour avancer sereinement, il faut communiquer très en amont, être très transparent, concerter et éviter les implantations hasardeuses », ont indiqué les intervenants. « On a besoin de connaître vos projets le plus en amont possible, a ajouté le secrétaire général de la préfecture, d'avoir des dossiers bien montés pour éviter les recours. »

Christophe Ledoux

1 Ademe : agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie.
2 DDT : direction départementale des territoires.
3 ICPE : installations classées pour la protection de l'environnement.
4 Tepos : territoires à énergie positive.
5 TEPCV : territoire à énergie positive pour la croissance verte.
6 Rovaler : Romans Valence énergies renouvelables.

 

Définition /
La métahanisation est un processus naturel de dégradation de matière organique en l'absence d'oxygène (réaction anaérobie). La matière organique dégradée est principalement transformée en biogaz.

 

Typologie de projet
La méthanisation dite « agricole »
La typologie des projets de méthanisation peut être segmentée selon la taille des unités. Peuvent ainsi être distinguées les « petits projets agricoles », les « projets agricoles moyens » et les « projets collectifs industriels ».
S'agissant des « petits projets agricoles », outre le fait de générer un nouveau revenu, l'investissement peut correspondre à l'objectif d'une mise aux normes, d'une désodorisation... Ce type d'unité, pouvant servir à chauffer trois ou quatre maisons, se caractérise par :
- une puissance de 30 à 100 kWé ;
- de 2 000 à 4 000 tonnes de substrats ;
- de 400 000 à 800 000 euros d'investissements ;
- de 23 000 à 75 000 euros d'EBE.
Peuvent également être notés :
- une simplicité dans le montage des projets et le fonctionnement des unités ;
- un seul investisseur : l'exploitant ;
- des substrats provenant de l'exploitation (principalement des déjections) ;
- une sécurité de l'approvisionnement ;
- un investissement plus faible que les gros projets mais un coût Kwé élevé ;
- une rentabilité délicate, d'où la nécessité d'aides et d'une maîtrise des charges.
Des unités de ce type fonctionnent déjà dans notre région : Gaec P2MN à Courtes (Ain) ; SCEA Robin à Domsure (Ain) ; Lycée de La Motte-Servolex (Savoie) ; EARL Mercier à Essert (Savoie).