BILAN CLIMATIQUE
Un mois de janvier aux conditions météorologiques atypiques

Ensoleillement, sécheresse et températures conformes aux normales de saison étaient au menu en janvier. Le premier mois de l’année a affiché ses contrastes, notamment géographiques, puisque de grandes disparités ont été observées entre les territoires.

Un mois de janvier aux conditions météorologiques atypiques
Avec une moyenne de 5 °C sur l’ensemble du mois, janvier s’est placé très précisément dans les normales de saison. ©SD

Atypique. C’est le terme qui définit le mieux ce mois de janvier 2022. Côté températures, le mercure a affiché une moyenne de 5 °C sur l’ensemble du mois, très exactement au niveau des normales de saison. D’après les données de Météo France, les températures ont été remarquablement douces en début de mois avec de nombreux records le 1er et localement plus de 20 °C dans le Sud, du 1er au 4. Elles ont ensuite chuté en-dessous des normales de saison du 11 au 28. Un contraste important a été observé entre les régions du Nord et du Sud. Les températures moyennes, proches de la normale au Nord de la Loire, voire plus de 1 °C au-dessus des températures habituelles le long des frontières du Nord et du Nord-Est et plus localement de la Bretagne aux Hauts-de-France, ont été à peine de saison sur la moitié Sud, excepté du Limousin au Sud du Massif central, sur le Languedoc-Roussillon, l’Est de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Corse. Dans le Sud-Ouest, elles ont été 1 à 2 °C 
en-dessous des normales. Les températures minimales, légèrement supérieures aux normales sur une petite moitié Nord, ont été souvent 1 à 4 °C en dessous plus au Sud. Les gelées ont été très fréquentes, hormis au bord de la Manche, sur la Côte d’Azur ainsi que sur le littoral du Languedoc-Roussillon et de la Corse. Des records en nombre de jours de gel, souvent supérieurs à 15 jours du Sud-Ouest aux frontières de l’Est, ont même été battus. Les températures maximales, proches des normales voire parfois inférieures sur le Sud-Ouest et le Centre-Est, sont apparues 1 à 3 °C au-dessus des normales de saison dans le Limousin, le Languedoc-Roussillon ainsi que sur l’Est des Alpes et de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Un déficit de pluviométrie

Côté précipitations, la pluviométrie est apparue très contrastée d’après le dernier bulletin de La Chaîne Météo. Le déficit global de pluie a été important, de l’ordre de 45 % par rapport aux normales de saison. Après un début de mois très arrosé du Sud de l’Aquitaine au Sud-Ouest de l’Occitanie, un temps sec a dominé à partir du 11 janvier sur l’ensemble du pays, et il n’a quasiment pas plu sur le Sud-Est. Du 8 au 10, de fortes précipitations se sont abattues le long des Pyrénées, générant des crues et des inondations remarquables des Landes et des Pyrénées-Atlantiques à l’Ariège, précise Météo France. 
Les précipitations ont globalement été rares avec moins de dix jours de pluie, hormis localement près de la Manche, sur l’extrême Nord et les Vosges, voire moins de deux jours sur le pourtour méditerranéen. Il a plu deux à dix jours de moins que la normale sur la quasi-totalité du territoire. Après des précipitations assez abondantes en début du mois, les cumuls ont été globalement proches de la normale sur le Nord de la Bretagne, de la frontière belge à l’Île-de-France et à la Champagne-Ardenne. Des Pyrénées-Atlantiques à l’Est de l’Aude, les cumuls, compris entre 80 et 250 mm, ont été excédentaires de plus de 25 %. Des Hautes-Pyrénées au Midi toulousain et à l’Ariège, ils sont souvent apparus largement supérieurs à la normale. 
La pluviométrie a été déficitaire de plus de 25 % sur le reste du pays, jusqu’à 75 % de l’Hérault aux Cévennes et à la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. De nombreuses communes du Sud et du Sud-Est ont, d’après La Chaîne Météo, dépassé les 200 heures d’ensoleillement, en témoigne l’excédent de 76 % observé à Montélimar (Drôme).

Sécheresse en Auvergne-Rhône-Alpes

Ce mois de janvier est apparu proche de la normale au niveau des températures en région Auvergne-Rhône-Alpes, relève Météo France, avec une moyenne agrégée de 0,16 °C au-dessus des valeurs de saison. Les minimales moyennes se sont situées 0,28 °C en dessous des valeurs saisonnières. Les maximales moyennes se sont, elles, affichées 0,6 °C au-dessus des normales. Du 29 décembre au 4 janvier, la France et surtout la région Auvergne-Rhône-Alpes ont connu un bref épisode de douceur exceptionnelle.
Durant cette période, les températures relevées ont été les plus élevées depuis le début des mesures (entre 1950 et 1960 pour la plupart des postes). 
En moyennes agrégées, les maximales se sont situées 8,1 °C au-dessus des normales, bien au-dessus du précédent record de 2003 (6,5 °C). Cette période a également battu des records en températures minimales (+ 4,5 °C) et moyennes (+ 8,9 °C). Côté précipitations, un déficit global a été observé. Au niveau de la région, le cumul agrégé n’a atteint que 60 % de la valeur normale. Il faut remonter à l’an 2000 pour retrouver un mois de janvier aussi sec. Les postes les plus arrosés ont malgré tout affiché des déficits importants, de 28 % à Vichy (Allier) à 40 % à Fix-Saint-Geneys (Haute-Loire). Les Alpes, le Sud de la Drôme et de l’Ardèche ont été les secteurs les moins arrosés avec seulement 10 à 30 % du cumul d’un mois de janvier normal. 
Le nombre de jours de pluie a souvent été en-dessous des valeurs de saison.

Pierre Garcia

Sécheresse : l’Europe déjà touchée

Le service de prévisions Mars de la Commission européenne a noté le 21 février une sécheresse qui affecte déjà les cultures au sud-ouest de l’Europe. « Dans les régions du sud et du sud-ouest de la Méditerranée, le déficit pluviométrique persistant a conduit à une situation de sécheresse. Le sud du Portugal, le sud de l’Espagne, le sud-est de la France et le nord-ouest de l’Italie sont les plus touchés. La teneur en eau du sol dans ces régions est inférieure à la moyenne saisonnière et les réservoirs d’eau utilisés pour l’irrigation sont bien en deçà de leur capacité. »
Le service Mars relève des prévisions météo défavorables : « Des conditions plus sèches que d’habitude devraient continuer à prévaloir dans les mois à venir dans ces régions, avec des effets potentiellement négatifs sur les rendements ». L’ensemble du Vieux continent montre le plus souvent des cultures d’hiver et prairies « en bon état ». Un large périmètre d’Europe centrale et occidentale présente certes « un net déficit pluviométrique, mais les impacts négatifs sur les cultures et les prairies ont été limités jusqu’à présent ».