Syndicalisme
« Si l'on veut des paysans partout dans ce pays, il faut que chacun gagne sa vie »
FDSEA et JA de la Drôme ont accueilli le président de la FNSEA dans le Royans, chez Thomas Gerboud, jeune installé. Au menu de cette rencontre, l'installation, la crise agricole et les élections à la chambre d'agriculture.
À Saint-Laurent-en-Royans, Thomas Gerboud est éleveur de brebis allaitantes. Son cheptel comprend 180 têtes : 40 agnelles de renouvellement, 130 brebis et une dizaine de béliers. Sans oublier un chien de protection du troupeau. Installé en début d'année hors cadre familial, son exploitation a été choisie par la FDSEA et les JA de la Drôme pour parler installation et difficultés du monde agricole, en présence du président de la FNSEA, Arnaud Rousseau. Sous le hangar que loue Thomas Gerboud, aménagé pour la circonstance avec des sièges en bottes de paille, une centaine d'agriculteurs(trices) et de responsables agricoles, entre autres, ont été accueillis par Vladimir Gauthier, président de JA 26, et Sandrine Roussin, présidente de la FDSEA 26. À leurs côtés, Jean-Pierre Royannez, tête de liste à la prochaine élection de la chambre d'agriculture, et Jocelyn Dubost, président de JA Auvergne-Rhône-Alpes.
En tribune, Jocelyn Dubost (président de JA Aura), Vladimir Gauthier (président de JA 26), Arnaud Rousseau (président de la FNSEA), Sandrine Roussin (présidente de la FDSEA 26), Thomas Gerboud (jeune installé), Jean-Pierre Royannez (tête de liste d'union FDSEA-JA). ©CL-AD26
À peine installé, un contrôle puis la FCO
Thomas Gerboud a raconté son parcours d'installation marqué par la FCO-8 et un contrôle sur l'aide ovine. La fièvre catarrhale ovine a emporté quarante de ses bêtes. « Le maximum a été fait pour sauver mon cheptel, tout a été mis entre parenthèses pour s'en occuper, raconte-t-il. J'ai investi 2 500 € de frais vétérinaires, incluant notamment les deux vaccins, celui du sérotype 8 payé de ma poche et celui du sérotype 3 que l’État m'a remboursé. On a vacciné les brebis malades et on s'est rendu compte que cela les a sauvées. Les béliers ont également été vaccinés et il n'y a pas eu d'impact sur la fertilité et les luttes. Les échographies montrent des résultats corrects, il y aura des agneaux dans la bergerie. » Cependant, Thomas a fait ses comptes : 41 brebis mortes x 100 € ainsi que 1,5 agneau en moins par brebis x 150 €, soit plus de 13 000 €. « Des pertes énormes », souligne-t-il.
Par ailleurs, à l'issue d'un contrôle réalisé en mars dernier, un mois et demi après son installation, le jeune agriculteur a été sanctionné sur l'aide ovine. « J'ai perdu 3 000 euros, confie-t-il. Mais heureusement, je n'ai pas eu à régler la pénalité du même montant. » Le jeune agriculteur pointe aussi les difficultés à tout gérer, en particulier le volet administratif qu'il juge « lourd et compliqué ». Il évoque également la pression foncière élevée. Malgré les difficultés, Thomas Gerboud reste optimiste. Bénéficiaire d'une DJA (47 000 €), « ça m'a permis d'investir dans du cheptel et du matériel », dit-il. Avant d'ajouter : « Faute de visibilité sur l'avenir, il faut avoir des charges de mécanisation peu élevées pour maîtriser les coûts à l'hectare et garder la tête froide ».
« Visibilité, dignité, revenu, simplification »
« Si l'on veut des paysans partout dans ce pays, il faut que chacun gagne sa vie, a martelé Arnaud Rousseau. Une ferme c'est une petite entreprise. L'investissement initial est élevé, la rentabilité est faible et les heures de travail très importantes. Pour attirer des jeunes, il faut que ça paye. » Le président de la FNSEA résume en quatre mots les priorités portées par son syndicat : « visibilité, dignité, revenu et simplification ». Dans le projet de loi de finances pour 2025, « nous avons obtenu 400 millions d'euros de dépenses supplémentaires pour la ferme France, un montant que nous assumons dans un contexte de baisse des dépenses de l’État », a-t-il ajouté.
Pour autant, il ne décolère pas face aux décisions des politiques qui bloquent les avancées : « On a besoin d'efficacité, et là ça donne le sentiment que l'on se fout de la gueule des agriculteurs ». Arnaud Rousseau a rappelé la colère de la profession agricole. Une colère « complètement légitime mais qui ne peut pas faire office de projet pour l'avenir. Nous avons besoin de perspectives, a-t-il souligné. Le programme législatif et réglementaire doit être tenu. » (lire interview par ailleurs)
Arnaud Rousseau a aussi évoqué les mesures d'urgence attendues, à savoir des prêts de court terme bonifiés pour soutenir les trésoreries des exploitations agricoles et des prêts de restructuration. Par ailleurs, il a annoncé une probable ouverture, dès la mi-janvier, du guichet des indemnisations des pertes liées à la FCO-8. Le président de la FNSEA s'est dit impatient de rencontrer le nouveau Premier ministre, François Bayrou.
Christophe Ledoux
Élections chambre d'agriculture : « Défendre ses convictions »
Cette rencontre à Saint-Laurent-en-Royans a lancé la campagne électorale de la liste FDSEA-JA aux prochaines élections de la chambre d'agriculture. « Nous avons construit une liste représentative des filières et des territoires de la Drôme avec une équipe rajeunie, marquée par le renouveau, qui a envie de s'investir, a souligné Jean-Pierre Royannez, président sortant de la chambre d'agriculture et tête de liste d'union FDSEA-JA. C'est une liste pour accompagner l'ensemble des agriculteurs sur tous les sujets, quels que soient les filières, les modes de production et les territoires. » Et d'ajouter : « Le témoignage de Thomas Gerboud (lire ci-XXXXX), qui malgré ses difficultés considère que l'agriculture reste le plus beau métier du monde, est une motivation de plus pour nous ».
Face aux candidats de la liste d'union FDSEA-JA, « vous avez réussi à faire ce que l'on aimerait que nos politiques fassent », a fait remarquer Arnaud Rousseau, venu gonfler les troupes à quelques semaines du scrutin professionnel. S'affronter dans une élection, c'est normal. Mais à condition que cela ne fasse pas dans le chaos et les menaces. » Le président de la FNSEA a rappelé qu'« une campagne se gagne sur le terrain, pour construire un avenir et défendre ses convictions ».