BILAN CLIMATIQUE
La sécheresse s’est installée en mai

Dans la continuité du mois d’avril, ce mois de mai 2022 a affiché des conditions météorologiques qui resteront dans les annales. Chaleur, manque de précipitations et ensoleillement ont prédominé sur une très large majorité du pays, engendrant une sécheresse préoccupante pour l’activité agricole.

La sécheresse s’est installée en mai
Les 2,7 °C d'écart à la moyenne conjugués à une faible pluviométrie ont contribué à aggraver la sécheresse des sols. ©Pixabay

Depuis le début des enregistrements météorologiques, jamais un mois de mai n’avait été le sujet de tels superlatifs. D’après le dernier bulletin de La Chaîne Météo, la température moyenne sur le mois s’est élevée à 17,8 °C, soit un excédent de 2,7 °C par rapport à la normale. Par endroits, l’écart aux normales de saison a même dépassé les 3 °C, avec un record à 3,9 °C à Toulouse (Haute-Garonne). L’excédent thermique s’est néanmoins révélé moins important sur les côtes de la Manche, dans l’extrême Sud-Est et en Corse, où un peu d’air frais venu de la mer a permis de limiter la hausse des températures. À l’échelle nationale, ce mois de mai 2022 contraste fortement avec son prédécesseur puisqu’un déficit de 1,3 °C avait été observé en 2021. Côté précipitations, le contraste est également important par rapport à l’an dernier. La Chaîne Météo a relevé des déficits records, notamment le long de la vallée du Rhône ou en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, de quoi accentuer une sécheresse qui commençait déjà à s’installer. Le midi toulousain a aussi beaucoup souffert, en témoigne les moins 96 % de précipitations dans la ville rose. Le déficit s’est révélé moins important dans le Nord-Ouest, avec un déficit de précipitations limité à 19 % du côté de Rennes (Ille-et-Vilaine). Enfin côté ensoleillement, le soleil a brillé pratiquement partout avec la même intensité. L’excédent a été principalement marqué dans le Nord-Ouest, relève La Chaîne Météo, avec un anticyclone qui a longtemps stationné au-dessus des îles britanniques. Du côté de Nantes (Loire-Atlantique), le niveau d’insolation a été supérieur à la normale de l’ordre de 47 %. La partie Sud du pays a elle aussi été baignée de soleil, excepté en Corse où l’écart à la normale a été contenu à 4 %.

3 °C d’excédent en Auvergne-Rhône-Alpes

En région Auvergne-Rhône-Alpes, d’après Météo France, ce mois de mai restera comme le plus chaud depuis 1947. L’écart à la normale se chiffre à 3 °C sur le mois. Certains jours, il a même atteint plus de 10 °C. Des records mensuels de températures maximales quotidiennes ont été battus, comme le 21 mai à Aurillac (Cantal) et Montélimar (Drôme) – respectivement 31,8 et 34 °C. Les records mensuels de températures minimales quotidiennes ont eux aussi été nombreux. Le 20, 19,4 °C ont par exemple été relevés à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) et 20,7 °C à Lyon-Bron (Rhône). En parallèle, un déficit pluviométrique de l’ordre de 68 % a été enregistré sur la région, un record depuis 1958. Le cumul moyen de précipitations a atteint seulement 36 mm, contre 111 mm habituellement. Observés sur l’ensemble des départements de la région, les déficits pluviométriques ont été compris entre 40 % pour la Savoie et plus de 80 % pour l’Ardèche. Des records ont même été battus à l’échelle des départements de l’Ain, de l’Ardèche, du Cantal, de la Loire et du Rhône. Le nombre de jours de pluie s’est révélé particulièrement faible en plaine, entre deux et cinq jours contre huit à douze jours habituellement. À Montélimar (Drôme), seulement 5,4 mm ont été relevés sur le mois ce qui constitue un nouveau record. Seuls l’Oisans, la Maurienne et la Vanoise ont connu un nombre de jours de pluie conforme à la normale. Ces températures élevées et ces faibles précipitations, conjuguées à un ensoleillement très largement excédentaire, ont provoqué un net assèchement des sols. L’indice d’humidité des sols, déjà très bas en début de mois, a atteint un record le 31 mai avec une valeur de 0,42, digne d’un mois d’août. Les anomalies d’humidité des sols les plus fortes ont été observées en Limagne, dans le département de l’Allier, de la région stéphanoise au Roannais, en région lyonnaise, en Bresse ainsi qu’en Drôme des collines.

Un ensoleillement inédit en Bourgogne-Franche-Comté

Si mai 2021 a été frais et humide en Bourgogne-Franche-Comté, mai 2022 a représenté son exact opposé avec des records de températures sur les cinquante dernières années, et des précipitations très faibles et hétérogènes proches du record de 1991. De quoi situer ce mois au deuxième rang des mois de mai les plus secs des cinquante dernières années, estime Météo France. Si la moyenne des températures minimales ne présente qu’un écart de + 1 °C, cet écart par rapport à la normale est monté à + 4 voire + 4,5 °C pour les maximales. Après un début de mois conforme à la normale accompagnant les dernières gelées de printemps, une large période de météo très douce voire chaude a régné en milieu de mois avec des pics l’après-midi au-delà des 30 °C, sans que le mercure ne descende sous les 15 °C la nuit. Un temps plus frais s’est ensuite imposé sur la dernière décade avec le passage de nombreux orages. Côté précipitations, contrairement à mai 2021 mais dans la continuité d’avril, ce mois de mai 2022 est apparu particulièrement sec avec un déficit pluviométrique compris entre 60 et 80 %. Il faut remonter à mai 1991 pour trouver trace d’un mois de mai plus sec. Seuls quelques rares petits secteurs ont dépassé le seuil des 50 % de normales pluviométriques, au nord de la Côte d'Or et de la Saône-et-Loire, à Molesmes et Arces dans l’Yonne et à Nevers dans la Nièvre. Les cumuls mensuels ont été compris entre 12 et 74 millimètres avec une moyenne régionale de 31 mm, des pluies d’origine instables tombées essentiellement sous forme d’orages. Les journées les plus arrosées ont été le 6 pour la moitié Ouest de la région et le 10 pour sa moitié Est. Avec des cumuls saisonniers compris entre 650 et 700 heures d’insolation, le printemps 2022 en Bourgogne-Franche-Comté se place au quatrième rang des printemps les plus ensoleillés avec par exemple plus de 780 heures d’ensoleillement à Besançon (Doubs).

Pierre Garcia